Avis sur Mafioso

Un qualificatif vient aux lèvres, c'est le mot authentique. Rarement un film dégage autant de personnalité et de réalisme. Il est impossible à faire par des non-italiens, Lattuada er Sordi ont agit en symbiose, le résultat est éblouissant. Seul minuscule reproche, Norma Bengell ne peut en aucune façon passer pour une italienne même du Nord et les plans érotiques sur elle n'apportent rien. Evidemment ce n'est pas la mise en scène de Visconti, celle de Lattuada manque de beauté et chaleur, le scénario est pauvre et les acteurs semblent être des vrais siciliens se fondant dans la communauté. Il ne faut attendre nulle surprise de leur part. Mais, comme le sujet est ailleurs tout est en ordre, l'efficacité de la réalisation emporte tout, nous passons d'un seul coup de la comédie à un drame intérieur qui laissera des traces sur nos consciences. Au moins ici, on ne fait pas semblant; la liberté n'existe pas et chacun doit s'accommoder du rôle que les chefs leur ont attribué. Curieux qu'un tel film soit si méconnu.

Alberto Lattuada est un réalisateur/scénariste relativement méconnu en France alors que sa production très variée, quelques fois inspirée des grands auteurs russes (Gogol, Pouchkine, Tchekhov) se révèle très intéressante au fur et à mesure des sorties DVD proposées par des éditeurs férus de cinéma italien (« Le manteau » ,1952). « Mafioso » sorti en 1962 en pleine période créative de la comédie italienne propose une réflexion sur les rapports économiques et culturels entre le Nord et le Sud au travers d’une description assez précise et froide des méthodes de la « pieuvre » (la mafia sicilienne). On n’échappe pas à son passé ni à ses origines, Nino Baladamenti petit contremaître d’usine à Milan va l’apprendre à ses dépens quand il aura la mauvaise idée d’emmener sa femme pour un retour aux sources dans son village natal, brûlé par le soleil mais aussi par la main-mise de la mafia. Le petit chef anonyme dans la grande ville lombarde est quelqu’un chez lui et il se fait tout un plaisir de montrer à sa famille restée au pays que l’un des leurs a réussi à braver le déterminisme social né de la fracture géographique que connait l’Italie de l’ère industrielle. Alberto Sordi alors à son sommet de popularité donne toute la vanité naïve, la truculence mais aussi la gravité à ce personnage qui va devoir payer sa dette de la pire des façons. Comme toujours dans le cinéma italien on retrouve ce mélange si particulier où cohabitent le ridicule et le tragique. Tout l’art de Lattuada et de ses scénaristes (Marco Ferreri, Age et Scarpelli) est de montrer avec toute la nuance nécessaire la toile qui se tisse autour de Nino pour l’amener à se transformer en un de ses nombreux tueurs anonymes qui servent à certifier le dicton qui dit « que partout dans le monde la mafia saura vous retrouver pour exiger son dû ». Une tragi-comédie à faire froid dans le dos servie al dente par maître Lattuada. A déguster sans modération.

La grande époque du cinéma italien. Ce mafioso n'a quasiment pas vieilli et nombre de productions contemporaines pâlissent à côté de ce bijou. Tout est superbe, de l'interprétation du grand Alberto Sordi à la photo en passant par la bande son. Sans doute le scénario compte un certain nombre de (grosses) invraisemblances, comme le voyage dans une caisse placée dans une soute d'avion, mais c'est tellement efficace, sur le plan cinématographique, qu'on lui pardonne volontiers ces écarts. Les Siciliens ne sont guère gâtés, mais ils nous sont tout de même montrés avec une certaine tendresse et la misère qui règne dans cette région n'est pas oubliée au profit du pittoresque. A ne pas rater ou à redécouvrir.

L'idée du film est intéressante avec en fond une sicile gangrénée par la mafia. Dommage que le réalisateur n'ait pas travaillé un peu plus le scénario, il laisse plutôt à Sordi le soin de boucher les trous quitte à en faire des tonnes là ou on pouvait obtenir un peu plus de finesse et d'efficacité dans l'humour et dans le drame.

Sordi l'employé consciencieux. S'acquittant de ses tâches professionnelles avec un zèle précis, il fait partie d'une industrie qu'il est heureux de servir, même si elle efface son identité propre. Il vient de toute manière de décrocher deux semaines de vacances, et il a hâte de retrouver sa Sicile d'origine.

Sordi le chef de famille. S'acquittant de ses tâches avec un zèle précis, il fait partie d'un mariage qu'il est heureux de servir, même s'il efface son identité propre. Au moins, il a sa terre natale, ses "traditions antiques" dont il aime à rappeler l'existence, et son entourage d'enfance. De plus, il y a la chasse, une passion de toujours avec laquelle il va pouvoir renouer avant de retomber dans la routine.

Mais la chasse n'est pas ce qu'il en attendait. La mafia, sur laquelle Lattuada jetait jusqu'ici un œil de parodiste et de touriste, va surgir du décor, révéler sa vraie nature, et avaler Sordi le chef de famille. Il devient Sordi le picciotto - la recrue inexpérimentée à qui incombe la basse œuvre. Que va-t-il faire ? S'acquitter de ses tâches avec un zèle précis, bien sûr. Mais il fait aussi enfin partie d'une organisation qu'il sert à contrecœur.

L'expérience, d'un stress incomparable même derrière l'écran, va le sortir de l'étouffement de la répétition. Forcé pour une fois à être tout à fait le contraire de lui-même dans l'horreur impitoyable d'un acte sordide, il va enfin apprendre à faire les choses pour ce qu'elles signifient, et non pour servir à quelque chose. Il n'y a plus le Sordi chef de famille ni le Sordi employé consciencieux : il y a juste Nino, un homme qui a vu les rouages du monde et pour qui la vie commence seulement, car il en est revenu transformé. Et nous aussi.

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Le film souffre d'une première partie vraiment longue et même il faut bien l'admettre plutôt ennuyeuse: la préparation du voyage. C'est fastidieux et l'arrivée est aussi calamiteuse avec le portrait de la famille aux personnages laids et assez repoussants. La fin explique le propos mais elle semble venir comme un cheveu sur la soupe. Au final assez moyen.

Alberto Sordi et Age et Scarpelli au scénario pouvait laisser penser que cette comédie serait le théâtre de situations loufoques et originales. Malheureusement Alberto Lattuada ne fait pas grand chose de ce qu'il a entre les mains et signe un film moyen,parfois plaisant mais tout de même très long à démarrer.
Même si le sujet bascule vers la fin du film, son début est si lymphatique qu'il vampirise le reste, la conclusion du film est réussit et reste son meilleur passage.J'avoue avoir été déçu que Lattuada n'exploite pas pleinement vu les capacités de Sordi dans Un borghese piccolo piccolo film qui lui aussi a un final dramatique mais qui n'en n'est pas moins d'une redoutable drôlerie,je me dis que le talent de Sordi n'a pas été exploité à son maximum.Même chose pour Age et Scarpelli qui peuvent être dans la situation et les dialogues d'une rare truculence. Les deux passages drôles du films sont le chant de Sordi impromptu sur la terrasse et les deux papy qui négocient férocement un bout de terre. Des passages malheureusement noyé dans un scénario bien trop vide.

Une tragi-comédie de mœurs italienne très caustique mais se trainant un peu qui décrit cyniquement l’emprise de la mafia sur la Sicile à travers le retour au pays d’un père de famille en vacances, sournoisement rattrapé par ses racines, interprété par l’excellent Alberto Sordi. 2,75

Cela démarre comme une comédie avant de finir en tragédie : Nino Badalamenti (Alberto Sordi), contremaitre assidu et consciencieux dans une usine automobile à Milan, rend visite, pendant ses congés, à sa famille restée en Sicile, en compagnie de sa femme milanaise et de ses deux fillettes. Son patron lui confie même un cadeau (un bijou) pour Dom Vincenzo. Un film d’une grande sobriété mais aussi efficacité, démontrant l’emprise de la Mafia sur toute une population. Il est de la même veine que « La traite des blanches » (1952) de Luigi Comencini et « La main noire » (1950) de Richard Thorpe.

Alberto Sordià un successeur et il est français. jean Dujardin, entre comédie et tragédie. Mais plutôt comédie au final , ce qui pour un sujet comme celui là, est une performance et qui a le mérite de ne pas en faire un film à thèse tout en étant amené, comme le personnage, à découvrir progressivement l'envers du décors. Costaud.