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    EL (Tourments)
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    Estonius
    Estonius

    2 480 abonnés 5 227 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 7 janvier 2020
    Evidemment le sujet n'est pas très attractif, pensez donc, un drame de la jalousie ! Oui mais Buñuel réussit à transformer tout ça en thriller conjugal et on se prend à se passionner pour cette histoire, c'est très bien interprété par Delia Garcès et Arturo de Cordova, la photo est magnifique et certaines scènes sont hallucinantes (le clocher, la scène de folie dans l'église) Et en prime et en filigrane, Buñuel nous fait partager son fétichisme du pied et son anticléricalisme . Un très bon film.     
    Plume231
    Plume231

    3 477 abonnés 4 639 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 22 août 2011
    Un coup inattendu pour moi de la part de Buñuel car je m'attendais pas à une telle oeuvre, à un tel chef d'oeuvre malgré l'immense renommée méritée de son cinéaste. Déjà il n'est pas possible qu'Hitchcock n'ait pas vu ce film par une suite de détails qui rappelle l'univers du Maître du suspense (notamment le train pour suggérer vous savez quoi !!!), le goût qu'on en commun les deux réalisateurs pour exposer les perversités (de manière plus explicite qu'en même chez Buñuel !!!), la présence d'une femme très belle et élégante comme victime, qui blondeur exceptée a tout pour faire une très bonne héroïne hitchcockienne, et enfin THE scène qui a fortement et incontestablement inspiré le cinéaste anglais : celle du clocher qui fait tout de suite penser à celle finale de "Sueurs froides". Mais Buñuel est Buñuel, et contrairement à Hitchcock qui sacrifiait un peu de crédibilité au profit de la mise en scène, ici c'est le réalisme clinique qui règne se permettant juste une séquence spectaculaire où le mari jaloux croit voir dans sa folie les paroissiens dans une église se moquer de lui ce qui la rend que plus percutante. Cette plongée dans un amour fou qui vire très vite à la jalousie maladive bien aidée par une interprétation impressionnante est franchement angoissante et ce n'est pas le final peu rassurant qui va arranger l'affaire. Ah oui, une dernière chose si Buñuel met de côté son surréalisme il n'en oublie pas autant de flinguer comme à son habitude la bourgeoisie (par l'intermédiaire du personnage de la mère !!!) et l'Eglise (par l'intermédiaire de celui du prêtre !!!). Cauchemardesque, un Buñuel au sommet du sommet de son art et pour moi le plus grand film de son immense metteur en scène.
    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    1 008 abonnés 4 091 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 17 janvier 2017
    Les années mexicaines de Luis Buñuel sont les plus prolifiques puisqu'en neuf ans, de 1947 à 1956, il réalise 16 films soit presque la moitié de sa filmographie. "El" tourné en 1953 est une des réussites majeures de cette période avec "Los Olvidados" (1950), "Susana la perverse" (1951) et "La vie criminelle d'Archibald de la Cruz" (1955), où Buñuel affirme clairement ses obsessions derrière une mise en scène de facture classique. "El" tout particulièrement, montre que le séjour de Buñuel à Hollywood n'a pas été sans influence sur l'ampleur que le réalisateur parvient à donner à sa mise en scène que l'on peut sur ce film assimiler à celle de grands réalisateurs de films noirs mélodramatiques comme Alfred Hitchcock ("Rebecca" en 1941), Michael Curtiz ("Le roman de Mildred Pierce" en 1945), Otto Preminger ("Un si doux visage" en 1952) ou Tay Garnett ("Le facteur sonne toujours deux fois" en 1946), dans sa manière de distiller l'angoisse à travers les faits et gestes quotidiens d'un couple malade. La beauté très gracile et lumineuse de Delia Garcès n'est d'ailleurs pas sans rappeler celles de Jean Simmons ou de Gene Tierney. Certes capable de s'approprier les codes d'un genre, Buñuel n'en profite pas moins pour marquer de sa patte cette histoire de jalousie paranoïaque. Buñuel disait que sans doute Francisco Galvan de Montemayor interprété par Arturo de Cordova était celui de ses personnages dans lequel il se retrouvait le plus. On sait que le désir avait une telle importance pour Buñuel qu'il lui fallait presque à tous coups le maintenir dans l'état d'inaccomplissement pour qu'il ne s'épuise pas dans sa réalisation. Le fantasme projeté par Francisco sur la jeune Gloria (Delia Garcès) à partir de la vision de ses pieds lors d'une messe procède exactement de cette démarche irrémédiablement douloureuse car reposant sur le maintien du désir fétichiste initial par un jeu pervers où la frustration se transforme assez rapidement en torture. Tout d'abord selon un schéma classique tout est mis en œuvre pour s'approprier l'objet de son désir, que Buñuel dénommera "obscur" dans son film testament en 1977, comme l'aveu par un homme de près de 80 ans que ses efforts pour apprivoiser les ressorts de ce mécanisme aussi complexe que l'homme, ont été un échec. Dans un deuxième temps, la lutte s'engage pour maintenir intacte la sensation fondatrice du désir. Démarche bien sûr impossible car le sujet dans sa recherche égoïste du plaisir nie complètement la présence de l'autre qui ne constitue plus dès lors à ses yeux qu'un objet. C'est bien en l'espèce la spécificité de Buñuel que de sortir des lieux communs pour imposer sa vision des choses fût-elle incomprise et dérangeante. Pour ne pas rester dans l'équivoque, le réalisateur ibère qui s'assume pleinement, scande le récit d'indices qui attestent son propos. Ainsi Francisco à chaque fois qu'il est sur le point de s'unir charnellement avec sa jeune épouse trouve systématiquement un prétexte pour se dérober, accréditant l'hypothèse que peut-être l'acte sexuel n'a jamais été consommé entre les deux époux. Pour enfoncer le clou, lors d'une scène bravant adroitement la censure, l'aiguille qu'apporte Francisco avec lui quand il réveille Gloria dans un de ses délires paranoïaques indique qu'il aurait pour intention de coudre le sexe de celle-ci afin de résoudre définitivement le problème d'une pureté virginale à préserver. Ce penchant obsessionnel qu'il érigera presque en système dans sa période française où il collaborera exclusivement avec Jean-Claude Carrère pour l'écriture de ses scénarios, montre le caractère vraiment unique de Buñuel dans la grande histoire du cinéma. "El" traite tellement bien de la paranoïa que le psychanalyste Jacques Lacan se servira du film comme illustration de ses cours à Sainte-Anne. Enfin on pourra noter que la conclusion magistrale du film par Buñuel nous laissant face à l'hypothèse que revenu au calme, Francisco en résidence surveillée dans un monastère va peut-être s'enfuir pour continuer de harceler Gloria et sa nouvelle famille, préfigure avec trente ans d'avance le style visuel des slashers et autres films de serial-killer. Dérangeant, iconoclaste et en plus visionnaire, Buñuel s'en va vers hardiment vers les sommets.
    ronny1
    ronny1

    29 abonnés 912 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 29 avril 2021
    Etude psychiatrique très précise d’un mégalomane débordé par une paranoïa qui s’offre à son paroxysme un grand écart schizophrénique. Construit avec une précision clinique et un déroulé d’horloge suisse, ce film inattendu dans l’œuvre de Luis Buñuel (même s’il a étudié l’entomologie), souffre de deux défauts majeurs. En premier, un acteur principal (Arturo de Cordova) dont le jeu outré a pris un sérieux coup de vieux. Fausse note surprenante chez un réalisateur réputé pour une direction d’acteur des plus correcte, et un flash back curieusement découpé. Sinon quelques grands moments, de la rencontre avec les pieds qui deviendront un symbolique fétiche de la passion, la chambre d’hôtel (la serrure, brrr), la danse, l’aiguille et la corde pour son épouse endormie, les scènes d’église avec un final incroyable et la sensation par instant d’être chez Hitchcock en général et Vertigo en particulier. C’est dire que sans les deux réserves citées plus haut, ce thriller sans hémoglobine ni meurtre, par sa constante densité et un suspens sans faille, frôlerait le chef d’œuvre
    stebbins
    stebbins

    458 abonnés 1 747 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 26 janvier 2012
    A lire les critiques - élogieuses pour la plupart - concernant El de Luis Bunuel, on pourrait s'attendre à quelque chose de transcendant... Pourtant, il s'agit pour ma part d'un petit film sans caractère : pas désagréable à regarder certes, mais définitivement commun. On a la méchante impression d'avoir vu ce film des dizaines de fois ( la prévisibilité du montage est indiscutable : les fondus enchaînés pour annoncer les changements de séquence, ça commence à bien faire ! ), et l'on peine à discerner la moindre inspiration stylistique. Cela dit, El part d'un sujet intéressant : celui de la possession conjugale inhérente à la gente masculine. Hélas, Luis Bunuel ne parvient pas à mettre en valeur la jalousie maladive de son personnage principal, et par conséquent rien ne décolle ( nous sommes loin de l'incroyable Jake la Motta de Scorsese, qui reste selon moi indétrônable en la matière...). Au final, El est un petit film divertissant, quelconque et fort peu inspiré. Luis Bunuel a connu des jours meilleurs...
    Teresa L.
    Teresa L.

    14 abonnés 148 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 30 mars 2013
    Film génial, qu'il faudrait détailler plan par plan- l'ouverture, la fermeture, les pieds sur lesquels nous marchons et qui nous portent... à moins que... attendez... Bref, le film est impossible à résumer (tant mieux pour ceux qui ne l'ont jamais vu), étude de la paranoïa, film de série (il en traîne combien d'aussi fabuleux dans les cartons de l'indifférence généralisée?) avec cet implant d'acidité qui n'appartenait qu'à Bunuel. Dans mon top 30 des films à voir, aucun doute là-dessus. Esta complatemente loco!
    Loïck G.
    Loïck G.

    282 abonnés 1 629 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 2 novembre 2022
    Il y a des scènes d’église fabuleuses ( avec un clocher aussi ), des simulations de meurtres, des sueurs froides, et un héros bien sous tous rapports, mais compliqués quand il en sort. Francisco qui désire Gloria a tout prix nourrit une jalousie morbide et destructrice. Cet homme fortuné et catholique sans l’ombre d’un doute est sujet à une maladie obsessionnelle, une paranoïa intense, un délire de persécution dévorant. L’église aura bien du mal à admettre cette vérité si peu raisonnable ( le curé du village est un ami d’enfance ) quand l’amicale bourgeoisie feint l’indifférence, voire l’ignorance. Buñuel chevauche à nouveau ses ânes favoris. Avec au passage un pied de nez désopilant sur les hallucinations du pauvre Francisco, en pleine célébration religieuse. C’est triste à voir, mais c’est drôle … Ce film ne l'est pas vraiment, il est grand !
    Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
    il_Ricordo
    il_Ricordo

    94 abonnés 407 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 19 décembre 2011
    El ! est à mes yeux le chef-d'oeuvre de Luis Buñuel. D'une forme pourtant tout à fait classique, le cinaste retrouve ses thèmes chers du désir, de la haute bourgeoisie, de la religion et de la folie, sur un fond de surréalisme propice à traiter cette folie. L'histoire est assez banale : un homme parvient à séduire la femme de ses rêves, après l'avoir tant convoitée, il l'enferme chez lui, la coupe du monde et va jusqu'à la battre. La paranaoïa rend cet homme ignoble alors qu'il était juste. Une série de scènes terribles rendent compte de la descente aux enfers de la femme, emprisonnée malgré elle : le portail de leur splendide demeure évoque une sinistre porte de prison. Le film s'ouvre sur une scène grandiose un Vendredi saint (le lavement des pieds fait plutôt penser au Jeudi saint) : le héros, fétichiste, tombe amoureux des pieds avant de la femme elle-même (cette fixation sur les pieds sera une des récurrences du film), et s'achève sur une scène non moins significative : le héros, apparement guéri par une cure de foi est néanmoins toujours aussi fou, il zigzague dans l'allée du cloître de la même façon qu'il zigzaguait dans l'escalier de son manoir, en prise à une crise de folie effrayante, qui forçait son épouse à verouiller la porte de sa chambre, de peur que le monstre s'en prenne une fois de plus à elle. La mise en scène quant à elle, évoque les plus grands films d'Ophüls en intérieur, et les scènes de rue rappellent un précédent film de Buñuel, Los Olvidados. Mais El ! est bel et bien sa plus grande réussite.
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 16 août 2010
    Tout Bunuel en un film. Essentiel. Génial.
    Flavien Poncet
    Flavien Poncet

    208 abonnés 1 024 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 1 mai 2010
    «El» (Mexique, 1952) fait parti de ces bons films mexicains dont Luis Bunuel avait le secret. Traitement typiquement bunuelien de la folie et de la jalousie, ce «El» perturbe de par la vraisemblance des situations et de l’étrange catharsis auquel on nous contraint. Tout comme Bunuel le fera pour «El rio y la muerte» (Mexique, 1954), la majorité de l’histoire est un flash back, nous narrant les tenants du drame. Tenants qui tirent leurs natures d’une irrationalité conjuguée avec une logique de jalousie, autant dire un désastre que Bunuel agence parallèlement à la tension. Ce qui fait d’«El» un film dramatique, c’est la progressivité inéluctable de la folie envahissant Francesco. Cette folie jalouse est accentuée par les interprétations perverses de Francesco à propos de tous les agissements de sa femme, martyr de l’histoire, objet de l’obsession possessionnelle. Un simple mot qu’elle échange avec un homme devient un affront pour son mari, une trahison même. Si Luis Bunuel met particulièrement l’accent sur Francesco, ceci car le cinéaste a avoué y avoir mis du sien, c’est davantage pour le personnage de sa femme qu’on prend pitié. Victime de l’improbabilité des humeurs de son mari, de son lunatisme, on craint à tous instants les accès de folie de l'homme d’ampleur de plus en plus importants. Et c’est cette crainte perpétuelle, comme dans un film de David Lynch, qui donne au film sa vigueur et son engouement. Enfin, il y est aussi question d’honneur, fruit d’une étrange maïeutique, celle de la jalousie masculine. Cruelle révélation officieuse qui dans le cynisme bunuelien nous apparaît comme en son essence : d’un pathétisme affligeant. En conclusion, «El» est un chef d’œuvre mexicain de Luis Bunuel, un film sur le couple, sur l’utilisation de l’un par l’autre, sur l’essence hypocrite de l’amour lorsque celui-ci est entaillé par la jalousie. A voir assurément en couple.
    Jrk N
    Jrk N

    33 abonnés 238 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 17 avril 2020
    Très surestimé en France, Bunuel, homme très antipathique, totalement sous la domination de ses obsessions paranoïaques dont son cinéma est l'image, est un des ces cinéastes manipulateur qui entraîne le spectateur dans des violences psychologiques cachées et qui n'en sont pas moins atroces. Ultra machiste, apparemment politiquement critique mais surtout totalement fasciné par la haute bourgeoisie suffisamment riche pour se délier des lois morales, Bunuel montre par exemple dans El (1953) avec une sorte d'admiration l'absence de scrupules d'un jaloux assassin. Ajoutez à ça une interprétation outrée, une prise de vue ampoulée et musak permanent, vous aurez un mauvais film, contrairement à ce que Lacan a voulu nous faire croire.
    Hotinhere
    Hotinhere

    419 abonnés 4 737 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 3 janvier 2023
    Chronique d’un mariage infernal qui nous plonge dans la dérive obsessionnelle et paranoïaque d’un mari jaloux, servie par une mise en scène brillante, mais ternie par un récit un peu trop démonstratif.
    TTNOUGAT
    TTNOUGAT

    517 abonnés 2 526 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 1 décembre 2013
    Ce n’est pas du cinéma, du moins pour moi, c’est un document magnifiquement réalisé sur un cas médical précis et analysé comme le ferait un entomologiste. nous n’avons rien à critiquer mais tout à apprendre. Bien entendu Francisco reste un personnage bunuelien même s’il est universel. D’ailleurs, aucun paranoïaque très grave n’est exactement le même, le contexte compte aussi, la preuve en sera donnée à la fin du film. Nous retrouvons juste totalement Bunuel dans les dix dernières minutes, lors d’une crise plus grave encore que les autres où une part de schizophrénie apparaît. C’est un film éducatif pour celles ou ceux qui veulent bien en tenir compte. Seule la médecine et des médicaments modernes bien choisis, bien dosés et bien administrés peuvent permettre à ces patients de vivre en société. Encore faut -ils qu’ils soient protégés aussi parfaitement que Dona Espéranza le fait. Nous pouvons tous remarquer que aucun des conseils de l’entourage n’est valable, seul l'admirable architecte parle de soins médicaux. Ce film ne me plait pas, d’où mes 3 étoiles, car Bunuel y est trop contraint et que les maladies mentales me font peur, je ne le crois utile que pour les élèves psychiatres. Un détail : quand vous aurez vu ce film vous ne regarderez jamais à travers le trou d’une serrure, j’en ai encore froid dans le dos.
    Guillaume836076
    Guillaume836076

    65 abonnés 126 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 20 juin 2013
    Le meilleur film de Bunuel ? Peut-être pas, mais dans les trois ou quatres premiers, après "Los Olvidados", "La vie criminelle d'Archibald de la Cruz", voir "Tristana". La période mexicaine de Luis Bunuel est la plus intéressante, la plus accessible aussi, parce qu'elle s'installe dans la réalité pour mieux en détourner les codes par la grande intelligence de la mise en scène et la maîtrise de l'écriture.
    Pour avoir vu et revu ce film plus d'une vingtaine de fois, voir plus en comptant les multi visionnages des séquences : c'était un des films prévu et sur lequel je suis tombé à l'épreuve orale du Bac Cinéma.
    Film qui a toujours pour moi une grande résonance émotionnelle, dû au fait que je vivais au quotidien les affres destructrices de la jalousie pathologique de mon père et le drame vécu par ma mère...
    A moins que je ne manque d'objectivité, ce film est le film a voir pour comprendre le mécanisme de la jalousie obsessionnelle. Le meilleur sur le sujet. Bunuel en décrypte minutieusement, tel un psychanalyste qui serait cinéaste, les processus. Le surréalisme, ici plus subtil qu'à l'accoutumée, mais présent dans chacune des séquences, est utilisé pour expliquer au plus près ce qui se passe dans la tête de Francisco, mais aussi dénoncer l'hypocrisie de l'église et de la bourgeoisie.
    Un de seuls films où Bunuel maîtrise l'art de la montée progressive de l'angoisse, de la peur et de l’effroi comme lorsque l'on vie à côté d'un jaloux pathologique.
    On peut aussi se demander dans quelle mesure Hitchcock n'a pas été influencé par ce film dans la construction scénaristique de certaines de ses œuvres ultérieures, dont et surtout "Vertigo".
    Ajoutons à l'ensemble, une direction artistique flamboyante et des acteurs superbement dirigés.
    Un très grand film.
    Critique Facile
    Critique Facile

    83 abonnés 116 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 4 novembre 2022
    https://leschroniquesdecliffhanger.com/2022/11/02/el-critique/

    Selon Luis Buñuel lui-même, EL est le film qu’il préfère dans sa propre filmographie. Une autre référence est particulièrement éloquente lorsque l’on sait que Jacques Lacan utilise le film comme modèle pour présenter la paranoïa à ses étudiants. Au-delà de son intérêt cinématographique certain dans le cadre de sa restauration, soutenue par deux admirateurs en chef, Martin Scorsese et Guillermo Del Toro, il est à souligner l’évidente portée scientifique de EL.

    Tout commencera par un amour passionnel, c’est un peu l’histoire de la vie. Francisco (Arturo De Cordova) revient sur les lieux de la rencontre avec Gloria (Delia Garces), dans l’espoir de la recroiser, un peu comme un assassin sur les lieux de son crime.

    « L’amour survint brusquement lorsque deux personnes comprennent qu’elles sont inséparables » dira notre héros, mais à travers lui sans doute aussi Luis Buñuel. Autour d’un diner fastueux organisé par Francisco, interrogé à son tour sur le sentiment amoureux, un homme d’église glissera malicieusement : « Mon opinion sur l’amour… est que cette dinde est excellente !! ». Les dialogues sont fins et intelligents, la narration aussi haletante et forte que la passion incandescente initiale entre Francisco et Gloria. Sauf que cet amour un peu trop fou, cachait en fait une terrible tyrannie. Alors tout change et EL devient comme un film d’amour horrifique. La jalouse maladie, la pathologique possessivité deviennent sans issue. C’est une profonde aliénation du cœur, telle une pulsion de mort.

    Quand justement Francisco guide Gloria par le bras, on dirait davantage un geôlier et sa détenue qu’un couple d’amoureux tout étourdi par la longue nuit. Le déni est comme un facteur aggravant de sa folie du quotidien pour Francisco. C’est un code d’honneur, donc il ne veut ni ne peut changer.

    EL est un grand film de cinéma, avec un message intemporel et dont la double véracité autant du propos que de la mise en scène, en fait un objet rare et donc sacrément précieux.
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