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Cas typique des classiques que je respecte sans pour autant les aimer, le premier Fritz Lang à utiliser le parlant est un film exemplaire dans sa construction et dans l'ambition de son esthétique. Pourtant, il reste un film trop politique et trop social pour m'intéresser durablement à son message et à ses objets d'étude. Je retiendrais la lente froideur de son ensemble comme quelque chose qui me sera restée étrangère. Seuls Peter Lorre ...
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Ce chanbara plutôt méconnu a de quoi surprendre, tant il se distancie froidement d'un sujet généralement regardé avec une vénération fascinée plus qu'avec une réelle interrogation. Ce film de Kobayashi, réalisateur dont j'ignore tout mais dont il est à déplorer que la carrière fut si courte, au vu de son talent pour découper l'espace et contenir la puissance du temps, regarde avec recul et méfiance le code d'honneur des samouraï. ...
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Sans doute parce que ses producteurs l'ont charcuté d'une heure (d'où, d'ailleurs, la rupture entre Orson Welles et les studios), mais on sent bien mal dans la Dame de Shangaï la force habituelle des films du réalisateur de Citizen Kane. Jusqu'à la scène du procès, qui enclenche un net gain d'intensité vers le final célèbre du parc d'attraction et de sa salle des miroirs, ce film de commande n'est que rarement sublimé par la mise en ...
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S'il pourrait souffrir d'un thème rebattu maintes fois en neuf ou dix décennies de cinéma, à savoir la fascination du Septième Art pour lui-même, et la puissance d'un medium qui s'abîme en lui-même jusqu'à s'y aliéner, Boulevard du Crépuscule demeure aujourd'hui un pinacle du genre, parce que tout ce qu'il le dit, il le dit mieux que les autres après lui. Déjà, le film de Wilder marque par sa précocité ; à peine sorti de l'âge ...
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Ce grand film de Welles met je trouve bien du temps à se lancer, après un plan-séquence d'ouverture qui se veut marquant et imposant. Derrière, tout le film est un peu saboté par la réalisation écrasante d'un Welles réalisateur en constante démonstration de force. Toujours parcourue d'un mouvement jamais anodin, écrasant sous ses angles l'espace-temps du film comme en retravaillant constamment un matériau brut, peaufinée jusque dans ...
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Les critiques le répètent souvent ; ce film testamentaire de Bergman possède une sérénité souveraine, celle d'un metteur en scène qui cultive une dernière fois ses noirceurs et son attention à l'humain jusqu'au point de rupture ; celui où l'on décide que la compréhension profonde de nos âmes se trouve au-delà de notre jugement et de nos capacités. Bergman, ainsi, lâche la main de ses personnages et les laisse s'envoler, las ...
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Il y a des films qui me laissent indifférent parce que je les perce trop facilement à jour ; d'autres parce que je n'y arrive pas et reste en dehors de leur portée (en dehors, et non pas au-delà). La nuit du chasseur aura couplé ces deux faces-là ; parce que ses dissertations sur l'Amérique en crise me laissent plutôt de marbre, et parce que j'ai (de façon assez étonnante tant elle est claire) loupé la symbolique sexuelle dans laquelle ...
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Assez séduit par ce Jarmusch, qui trouve avec cet histoire de samouraï anachronique un parfait sujet pour la mise en place de sa nostalgie mais aussi de son obsession pour les figures marquées et les récurrences symboliques. Le bushido, code d'honneur du samouraï, impose en effet une ritualisation constante du quotidien, que le cinéma de l'américain suit sans peine, tant il est par essence fasciné par l'iconique, par la vie saisie dans ...
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Toujours aussi pénétrant dans ce qu'il dit de nos rapports humains, Bergman reste avec ce Sonate d'Automne plus austère que jamais un peu en marge de l'émotion. J'ai été étouffé par le film, marqué par la violence de son affrontement qui oppose une mère narcissique à sa fille fragile et en recherche d'attention, bien sûr. Le rapport de force qui lentement s'y invertit tend impitoyablement à mettre à jour la dureté implacable qui ...
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Il est des films austères dont la froideur est engourdissante, au sens où ils paralysent l'émotion et paraissent se guinder dans une distance trop belle pour être perçue par un spectateur avide d'une nourriture spirituelle prosaïque. Des grands films de ce genre, qui visent à l'élévation et à une sorte de révélation supra-humaine, il en existe beaucoup, par exemple chez Kubrick. Cependant, quand le talent de l'auteur est écrasé par ...
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Voilà enfin un Bergman qui me plaira durablement, sans condition ou presque. Je ne détaillerai pas son scénario, toute analyse ne servant qu'à paraphraser ce que dit le film, certes subtilement, mais sans se cacher, loin de là. Ainsi, rien de ce que j'ai pu lire sur Les fraises sauvages ne m'a paru toucher à son mystère, ce mystère de l'émotion, du souvenir et du temps sur lequel Bergman se juche, reconstituant par son art les remous ...
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Il manque deux choses à ce Bergman pour me conquérir comme peuvent le faire les meilleurs films de Tarkovski ; une bonne dose de mystère, déjà, quand le cinéaste suédois surligne sans cesse les limites de la compréhension humaine sans réussir à trouver l'au-delà qui motive l'élan in(tro)spectif de l'homme. Celui-ci ne perce que par les visions de l'acteur, ou par la présence de la Mort qui visite le chevalier ; concrètes, déjà ...
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Bon, évidemment, ce parcours psychologique et émotionnel de 2h40 en immersion aux côtés d'un couple qui se déchire et se retrouve dans un confort loin de tout absolu bénéficie de toute l'intelligence d'Ingmar Bergman, metteur en scène attentif à l'humain jusque dans les moindres détails, et déjà fort à l'époque d'un parcours personnel qui lui permet une vraie crédibilité sur un sujet aussi complexe. D'ailleurs, à bien des ...
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Le fait qu'il soit assez proche de Cet obscur objet du désir, le film testamentaire de son metteur en scène Luis Buñuel, suffit à indiquer l'importance que Belle de Jour revêtait sans doute aux yeux de son auteur. Certes, Buñuel décrit ici en adaptant Joseph Kessel une confusion différente de celle qui tenaille Fernando Rey dans son chef-d'oeuvre de 1977. La caméra n'épluche plus un homme incapable de savoir ce qu'il aime chez la femme, ...
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Je suis bien trop attaché au roman noir, dont The Long Good-Bye du maître Raymond Chandler est l'un des piliers littéraires, pour entrer totalement dans cette relecture désabusée du genre, marotte habituelle de Robert Altman. La fin (seul moment qui m'ait véritablement percuté, à part une ouverture très réussie, débonnaire et vénéneuse) confirme à elle seule la volonté totale de se démarquer du roman. Dans celui-ci, si Marlowe ...
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Je sors bien moins marqué de mon deuxième film de Luchino Visconti qu'après avoir visionné Le Guépard, chef-d'oeuvre qui aura installé son réalisateur en plein milieu de mes centres d'intérêt. Si Rocco et ses frères n'a en rien démenti la maîtrise que je trouve au cinéma du maestro, dont le mouvement et le rejet des plans fixes embrasse à merveille le déroulement du temps et l'avancée nécessaire du Monde, je trouve ici un petit ...
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C'est curieux mais sans doute véridique ; à tant porter un regard contrit et désespéré sur l'effondrement de ses mythes, à se lamenter de ce qu'elle n'est pas et n'a jamais été sans contrepartie aliénante (c'est-à-dire une terre libre d'opportunités et de méritocratie), l'Amérique et son cinéma donne la douloureuse impression de cultiver positivement un regret par lequel elle essaie de ranimer la flamme de ses idéaux. Comme si ...
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Indéniablement, La vie de Jésus prend plus d'ampleur quand on le sait inspiré par des faits réels qui ont marqué Bruno Dumont, qui tourne ici son premier film dans sa ville natale, donnant une béquille de plus à La vie de Jésus pour se redresser comme un monolithe témoin d'une vérité triste, sociale et temporelle, mais que le réalisateur arrivait pourtant à figer comme si elle venait de la nuit des temps et annonçait leur fin à ...
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Je poursuis ma plongée jusque-là plutôt appréciable dans le Nouvel Hollywood avec ce drame de Lumet, inspiré d'une histoire vraie qui avait il faut dire tout pour s'insérer dans ce mouvement majeur de l'histoire du cinéma américain. Son personnage principal spoiler: à la fois père de famille, homosexuel, vétéran de guerre, ancien taulard et fils mal aimé,
est en quelque sorte déchiré de toutes parts, être informe né ...
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Je pourrais presque tout louer, à commencer par l'impeccable réalisation d'Arthur Penn, dont les effets toujours aussi tranchants aujourd'hui restituent une violence impossible à cadrer, dont il demeure autant le pouvoir de fascination qu'une perplexité brute, une incompréhension sur l'idée même de son existence. C'est là, dans son rapport à la violence et à la mort, que ce classique m'a le plus questionné, m'a le plus rapproché d'une ...
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Un drôle de road-movie libertaire, pléonasme aujourd'hui cliché que ce film a en grande partie aidé à mettre en place. Témoin de toute la liberté narrative et visuelle du Nouvel Hollywood, Easy Rider en reprenait en tout cas les grandes lignes ; il brisait le mythe d'une Amérique unie et épanouissante pour proposer une vision à contre-courant, comme le chemin parcouru par Dennis Hopper et Peter Fonda, à rebours du mouvement de la ...
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L'un des films qui, avec Bonnie and Clyde et Rosemary's Baby, ouvrait le Nouvel Hollywood, portait déjà en lui ce mouvement de contestation (ou du moins de décalage critique, puisque le mouvement sombrera rapidement dans une désillusion qui le poussera à préférer les grands films mélancoliques à une recherche positiviste) envers l'American way of life des années 50 et le cinéma classique qui lui servait de vitrine. Le personnage de ...
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Ce que je reprochais à Alabama Monroe, c'était d'appuyer sans arrêt son pathos. D'une part, l'écriture soumettait les personnages à un destin impitoyable, de l'autre, l'esthétisation soignée du long-métrage était tout entière au chevet de son duo central, guidant presque de force le spectateur vers une attitude compatissante que ne pas adopter aurait l'air d'être criminel. La beauté qu'essaie de dégager Alabama Monroe, en fait, ...
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Certes, sympathique, Gattaca bénéficie quand même d'une réputation excessivement flatteuse à mon goût. Si son rendu visuel plutôt pauvre m'a assez peu gêné, puisqu'il se plie bien à l'alibi d'un monde froid et cliniquement structuré, il est plus regrettable que son propos s'arrête assez vite à un credo un peu facile sur le pouvoir de la volonté et les possibilités nées de l'incertitude de nos existences. Après une exposition bien ...
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Sans doute beaucoup moins intriguant que Blue Ruin, ce nouveau Jérémy Saulnier n'en reste pas moins un survival très sympa, peut-être limité par quelques maladresses mais quand même plutôt éprouvant. Déjà, j'adore l'ouverture, la présentation au goutte-à-goutte de personnages dont on sait peu de choses. Le montage acéré et les zones d'ombres du récit ménagent tout de suite un cachet underground, qui ouvre parfaitement la voie au ...
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Vision complètement hallucinée qui mêle mysticisme et sang dans un noir et blanc qui à lui-seul immortalise chaque plan, Dead Man est une expérience unique. Il faut, pour se l'approprier, accepter d'y perdre tous ses repères et aller chercher de soi-même le cachet poétique d'un film qui peut être vu comme une agonie de deux heures, comme une renaissance par la mort. Le casting, impressionnant, est jalonné de gueules qui portent la ...
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Avec La merditude des choses, Felix Van Groeningen réussissait à éviter le piège dans lequel il se sera perdu avec Alabama Monroe : celui du mélo à tout prix, du carcan émotionnel trop serré pour être naturel, trop entrecoupé de symboles et de motifs poétiques millimétrés pour restituer la confondante opacité de l'existence. Ici, le jeune réalisateur flamand adoptait au contraire un ton jamais tranché, voguant avec incertitude ...
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Comme toujours chez Von Trier, le sublime tutoie le grossier dans Breaking The Waves, premier film de la trilogie dite "des Coeurs d'Or", dont Dancer In The Dark m'avait déjà refroidi par son emphase incontrôlée. Ici, le reproche principal que je ferais à Von Trier vient que son style austère, si à même de préserver un lien direct et profond avec les personnages, ménage pourtant trop de réalisme pour que les excès du scénario ...
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Il est des films testamentaires, comme je le disais récemment avec Adieu au langage, qui cherchent à pousser plus loin que jamais le travail de leur créateur, comme poussés par un élan absolutiste jusqu'au bout du chemin défriché. Comme une tentative de mourir par l'art, de se faire précéder par sa propre création dans le vertige et la brume au-delà de notre vision. D'autres, au contraire, se ramassent avec sobriété en une version ...
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À côté de la misanthropie de Dogville, Melancholia ferait presque l'effet d'un conte pour enfant - non que je veuille diminuer l'impact de ce dernier. Cela, je crois, pose assez bien l'incroyable panorama anthropologique que propose ce Lars Von Trier, toujours aussi extrême dans le regard qu'il dévoile. Dans la possibilité du pardon ou celle de la violence perçue comme punitive ou éducative, ce Dogville est carrément un appel implacable ...
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Film trop roublard dans son misérabilisme, Dancer in the Dark ne m'aura pas emporté comme tant d'autres. Certes, l'improbable du scénario et de beaucoup des personnages signe ce Lars Von Trier comme une fable surréaliste sur la lutte d'une âme pleine de vitalité contre les coups qui lui sont portés. Écrivant dans le même mouvement la force parfois triomphale de son personnage et le déluge de coups du sort qui s'abattent sur lui, LVT ...
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Plutôt déçu du regard anthropocentriste qui plane encore un peu trop sur ce documentaire dont j'aurais souhaité un recul total. Malgré les modulations apportées par le technique du film et son mouvement perpétuel, le regard, ici, est encore trop humain pour s'assurer à mes yeux un potentiel de fascination intact. Les soucis viennent surtout du montage parfois suggestif, qui oriente quand même pas mal le ton du film vers la fable écolo. ...
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Je suis d'autant plus gêné par le désamour qui environne ce village de la peur que cette pépite de Manoj Night Shyamalan est précisément l'un des films que j'aie vu véhiculer le plus d'amour, une tendresse universelle envers une humanité dont il met à nu les faiblesses. La peur de la mort, de la corruption d'un idéal, de la perte dans un sens plus vaste. Quelque part, voir ce film taillé en pièces, c'est comme voir son public ...
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Un petit garçon tombe dans le vide, trop vite pour la neige et un ours en peluche incapable de mourir avec lui. Dernière image de la beauté pure, le prologue est l'une des plus belles scènes du sur lesquelles j'ai fixé mon regard. La plus grande des beautés rend triste, dit-on parfois. Avec cruauté, ce traitement onirique du déclencheur du drame qui va suivre se pare d'une splendeur visuelle qui annonce et surplombe le déchirement qui ...
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J'ai du mal à comprendre pourquoi Adieu au langage déroute tant. Je comprend, bien sûr, son hermétisme et la difficulté qu'il peut y avoir à se l'approprier. Ceci dit, ce qui m'étonne chez ce dernier Godard en date est la rareté de ses défenseurs, quand d'autres films aussi délicats à appréhender en trouvent pléthore et quand le public aime parfois tant céder à la sur-interprétation quand l'auteur lui a déjà laissé entrevoir du ...
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La partition de Georges Delerue, si souvent répétée qu'elle en devient oppressante, tresse la fibre maladive de ce long-métrage où Godard s'enfonçait plus que jamais en lui-même pour y questionner son art. Réflexif tout du long, du générique parlé où la caméra filme un travelling en cours (comme si l'image s'ingurgitait en même temps que les désirs qui la tissent) jusqu'à sa conclusion où le regard de Godard finit par ...
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