Prix et récompenses :
- 1967 : Prix Louis Delluc pour
Benjamin ou les Memoires d'un puceau
- 1979 : César du meilleur scénario, dialogues & adaptation avec Gilles Perrault pour
Le Dossier 51
- 1986 : César du meilleur réalisateur pour
Péril en la demeure
- 1988 : Prix Louis Delluc pour
La Lectrice
Ancien assistant d'
Henri Decoin, Michel Deville commence à réaliser des films en pleine Nouvelle Vague (à laquelle il n'appartiendra pas). Après
Une Balle dans le canon, premier film policier cosigné par
Charles Gérard, il signe
Ce soir ou jamais (1961) avec la scénariste
Nina Companeez. C'est le coup d'envoi d'une collaboration privilégiée qui s'étalera sur 11 films et durera jusqu'en 1971, donnant une véritable unité de ton à la première partie de l'oeuvre de Deville.
Tous deux façonnent des comédies brillantes et pleines de fantaisie, qui sont autant de variations sur les émois sentimentaux et érotiques de jeunes gens ;
Adorable Menteuse en 1962,
A cause, à cause d'une femme l'année d'après, ou encore
Benjamin ou les Memoires d'un puceau en 1968. L'équilibre y est tenu entre le versant ludique de Deville et le marivaudage moraliste propre à Campanéez. Lorsque l'univers de Deville prend le dessus dans la collaboration, cela donne
Bye bye, Barbara (1969), film aux ruptures de ton insolites et aux digressions déroutantes. Lorsque c'est l'inverse, cela donne
Raphaël ou le débauché (1971).
Sans sa scénariste fétiche, Deville adopte un ton plus âpre. Le
Dossier 51 (1978), où il s'interroge de manière implacable sur la manipulation et joue sur l'ambiguïté des êtres, marque une charnière dans son cinéma qui va se diversifier en chevauchant les genres. Avec
Eaux profondes (1981) il analyse avec une grande finesse les jeux pervers et meurtriers du couple
Trintignant-
Huppert . Il poursuit sa peinture de la perversion dans
Péril en la demeure (1985), film labyrinthique où se côtoient femmes fatales, bourgeois calculateurs et fausses ingénues. Mais il tempère son pessimisme par le plaisir de filmer et de jouer avec les mots, comme le démontre un an après l'éblouissant
Paltoquet.
Dans
La Lectrice, il manie encore cette étrangeté de ton par laquelle il se livre à une peinture acide de son temps (qu'on retrouvera dans
Toutes peines confondues en 1992, ou
La Divine poursuite en 1997). En 2002, il traite de la France de Vichy dans
Un monde presque paisible. En 2005,
Michel Deville revient dans un registre plus léger avec
Un fil à la patte, pièce comique et vaudevillesque de
Georges Feydeau, adapté par sa femme et collaboratrice
Rosalinde Deville, qui traite entre autres du désir, du plaisir et de l'argent.