Oui, il y a maintenant autant de créativité, de liberté, de provoc même..... dans les séries télévisées qu'au cinéma. Voire plus....
Il ne faut pas manquer d'audace pour proposer The Young Pope aux téléspectateurs.
Argument: la Curie romaine élit un jeune pape américain. A la suite de manoeuvres d'appareil plus ou moins ragoûtantes..... Lenny est jeune, donc, beau garçon (c'est Jude Law, jamais sans doute aussi bien mis en valeur. Le blanc lui va à ravir....) et naturellement, on s'imagine qu'il va révolutionner le petit monde vaticanesque avec des propositions novatrices, mariage des prêtres, théologie de la révolution..... Que nenni! Evidemment, on n'attend pas du grand Paolo Sorrentino autant de facilité. Au contraire, Lenny est réac au dernier point. Arrogant, prétentieux, glaçant, toujours protégé par la fumée de sa cigarette (il est frugal et ne boit que du coca, mais qu'est ce qu'il fume!), refusant d'apparaitre en public, de s'adresser aux cardinaux décontenancés, et surtout réac, réac, réac. Entre autres mesures, il interdit que l'on donne l'absolution à une jeune femme s'accusant d'avoir avorté; les candidats à la prêtrise font l'objet d'enquêtes inquisitoires destinées à détecter de présumées tendances homosexuelles, ce qui conduira l'un d'entre eux au suicide.
Lenny a été abandonné à l'orphelinat, et son obsession est de retrouver ses parents. Mais il a eu toute l'affection de soeur Mary, qu'il fait venir pour lui servir de secrétaire particulière (épatante Diane Keaton), qui veille sur lui mais, malheureusement, le prend pour un saint..... (comme c'est valorisant d'avoir élevé un futur saint!!). Et sur le plan de l'interprétation, qui dire de celle de Silvio Orlando, le cardinal Voiello, secrétaire d'état, politicien rusé et assez fin, d'ailleurs, pour ne pas se heurter frontalement au jeune Pape. Il est grandiose!
Lenny adore se faire voir en prière, à genoux, indifférent à son entourage. Mais quelle est sa foi? Croit il vraiment? En fait, jusqu'au bout, où le jeune Pape semble se départir un peu de sa rigidité, il restera un mystère et, sans doute on finit par être un peu agacé par la façon dont le réalisateur nous manipule....
Images baroques, images surréalistes, Sorrentino déploie tout son immense talent. Et, naturellement, on se doute bien que l'image qu'il nous donne du Vatican et de la Curie romaine est supportée par des conseillers avisés; enfin, il fallait être italien pour réaliser ce petit bijoux de série, excitante, et qui a eu beaucoup de succès, preuve que, quoi qu'on en dise, la qualité paye!!