Happy! : secrets de tournage

Happy! est adaptée d’une série de comics éponymes, composée de quatre numéros, créés par Grant Morrison, scénariste de comics et jeux vidéos écossais, et Darick Robertson, dessinateur américain. Les deux hommes sont également créateurs de la série.

Avant que le projet de série ne voie le jour, le rappeur et cinéaste américain RZA avait l’intention d’adapter les comics en un long-métrage.

Ayant l’habitude de travailler sur des super-héros toujours très positifs, Grant Morrison avait envie d’autre chose. "Happy! m’a permis d’évacuer pas mal de ressentiments, que je ne pouvais pas exprimer à travers des personnages aussi nobles que Batman.", a-t-il expliqué. Une version que confirme son collaborateur Darick Robertson : "Grant m’a décrit Happy! comme la métaphore de la créativité dans un monde où, au moment même où naît l’inspiration, la vie fait en sorte de la noyer dans l’avidité et la misère, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien."

Grant Morrison souhaitait situer son histoire à une période de l’année bien précise, dans une optique critique : "Si vous y réfléchissez, la place de Noël aux Etats-Unis - cette espèce d’illustration à la Norman Rockwell, avec le Père Noël Coca-Cola - c’est un symbole, à un certain degré, du commercialisme américain, de la ‘Mauvaise Amérique’ et de ‘l’Amérique Corportate’." Ainsi, le créateur fait de son anti-héros Nick Sax (dont le nom fait référence à Saint Nicolas, le protecteur des enfants dans les pays orthodoxes), la pire corruption possible de la figure du Père Noël.

L’idée du personnage de Happy est venue à Grant Morrison en écoutant la chanson "Pegasus" (en référence à Pégase, cheval ailé divin célèbre dans la mythologie grecque), du groupe pop des années 60 "The Hollies". Le scénariste a notamment été inspiré par le décalage entre les paroles psychédéliques et la sonorité mielleuse de la musique. Darick Robertson a ensuite cherché à donner vie à Happy, de manière graphique : "Notre approche a été de créer une version parodique de Mon Petit Poney. Grant adorait cette notion de douceur, d’un personnage toujours souriant et positif. Je suis venu avec un dessin qui correspondait à cette description et même si ce n’était pas mauvais, il manquait quelque chose. Nous avons réfléchi et en sommes arrivés à une créature vaguement plus proche de l’âne que du cheval. Là, nous savions que nous avions vu juste."

Si Grant Morrison avait la voix de Donald O’Connor dans Singing in the Rain en tête pour le personnage de Happy, celui-ci a été doublé par Bobby Moynihan dans le pilote, avant d’être remplacé par Patton Oswalt.

Tournée à New York en plein été, alors que l’histoire se déroule à Noël, la série bénéficie néanmoins d’un style visuel unique. Aux yeux du scénariste et producteur délégué Patrick Macmanus, il s’agissait d’ailleurs d’une condition sine qua non : "Je ne pouvais pas imaginer tourner ailleurs, et pas uniquement parce que les comics s’y déroulent, mais parce que cette ville est un personnage à part entière. Je pense que si nous avions déplacé l’histoire n’importe où ailleurs, il n’y aurait pas cette même impression brute et rêche. Aucune autre ville du pays ne ressemble à New York, ni ne possède cette ambivalence, entre vitalité et crudité."

Grant Morrison ne tarit pas d’éloges sur son interprète principal : "J’ai adoré travailler avec Christopher Meloni. C’était une source d’idées et de dialogues inépuisable… Ce qu’il apporte aux scènes n’a pas de prix. (…) Je ne peux imaginer de meilleur acteur pour ce rôle. Lorsque j’ai vu les photos de Christopher avec le manteau de Sax, et ses revolvers, il ressemblait exactement au dessin de Darick [Robertson] sur la couverture du premier numéro des comics."