En thérapie est une série majeure de notre temps. Elle ne tombe pas dans le piège simpliste de vouloir à tout pris faire coïncider la grande histoire (celle des actes terroristes de novembre 2015) avec la petite histoire, celles d'être humains touchants, très humains en perdition. La série montre plutôt un monde, celui des patients et du psychiatre, qui s'effondre en même temps que celui de la guerre, comme si les deux histoires étaient parallèles, se faisant face. Du coup, aucune lourdeur scénaristique, pas de facilité même si nous trouvons les éléments clefs de la pratique thérapeutique. La série a aussi une vocation pédagogique. Le docteur Dayan appliquant au mieux la neutralité bienveillante, clef de voûte de la cure. Les dialogues sont remarquablement élaborés, bien écrits, denses, au point qu'on se demande comment tant de choses énoncées avec telle force peuvent tenir dans la vingtaine de minutes accordées par patient. La mise en scène se réduit à un décor limité mais la position de la caméra (face et profil) donne, par son intelligence (et donc celle des cadres) la sensation de partager les émois des patients et du psychiatre. L'émotion qu'on ressent devant une telle intelligence est très grande. Pourtant aucun pathos, aucun simplisme. La musique, assez discrète, est parfaitement dosée et l'éclairage très professionnel. Le tournage, très rapide, donne une fébrilité plus forte à l'ensemble. Tous les interprètes sont exceptionnels et passent par tout un éventail de sentiments. Frédéric Pierrot, qui semble avoir réussi à copier les mimiques et gestuelles de mon psychiatre, est exceptionnel. L'acteur devrait vivre une nouvelle carrière et la gamine donne une performance extraordinaire à son rôle. Quant aux autres, ils sont à leur meilleur, Reda Kateb en tourments violents, Mélanie Thierry, peu crédible en chirurgienne, est troublante, le couple donne une certaine violence à leur jeu. Enfin, Carole Bouquet dont l'apparition a quelque chose de fantomatique et d'abstrait, est rayonnante. Vivement la saison 2.