N'étant pas un adepte de manga ni un gros gamer, je suis assez surpris d'avoir autant accroché avec cette adaptation live où trois amis se retrouvent dans une ville de Tokyo déserte, transformée en plateau de jeu à taille humaine où les rares survivants s'affrontent dans des missions suicides. Ceux qui ont frémi devant "Battle Royale" ou qui ont apprécié le suspense de la saga "Hunger Games" se délecteront sans faute devant cette première saison agitée et rudement bien menée.
"Alice in Borderland" exploite l'idée du jeu vidéo transposé dans la vraie vie. Jusqu'ici pas de grandes nouveautés vu que c'est un thème de plus en plus à la mode dont les gamers raffolent. "Nerve", "Ready Player One", "Guns Akimbo" ne sont que des exemples parmi d'autres et force est de constater que ce genre s'adresse essentiellement aux ados en quête de sensations et d'adrénaline. Mais "Alice in Borderland" entretient un très bon suspense dès le début, ce qui fait qu'on ne sait pas à quoi s'attendre ni ce qui se cache derrière ce jeu de survie pas comme les autres. Ce qui rend la série originale et attrayante pour tous, c'est qu'elle fait directement allusion à Lewis Carroll et son "Alice au Pays des Merveilles" et multiplie les références, avec la présence d'un Chapelier, d'une Reine, d'un personnage prénommé Cheshire (comme le chat !) et de multiples cartes à jouer qui font l'objet de récompense. Le cadre de la capitale japonaise vidée de ses habitants apporte d'entrée de jeu une atmosphère particulièrement impressionnante, digne d'un grand film apocalyptique. La bande originale, très techno, est vraiment entrainante et le rendu visuel est qualitatif. Seuls quelques effets visuels en images de synthèse apportent un côté cheap à cette production nippone.
Pour ce qui est de la réalisation de Shinsuke Sato, c'est réussi ! Alors que les quatre premiers épisodes se concentre sur la découverte du jeu et les mécanismes de survie et des arènes, les quatre derniers se focalisent sur une dimension plus humaine et psychologique, où un groupe de survivants s'entraide pour gagner le maximum de carte à jouer. Les combats sont nombreux et bien choregraphiés, tout comme les morts, et contribuent amplement au dynamisme du récit. Il en va de même pour les séquences de jeu, anxiogènes au possible, qui maitrisent la tension à la perfection. Au fil des épisodes, on apprend à connaitre le passé de certains protagonistes, ce qui apporte une touche d'émotion à ce survival qui joue beaucoup sur la cruauté. Je ne m'attendais pas à autant de nuances de jeu, moi qui suis plutôt accoutumé à voir des films asiatiques lents et plein de pudeur.
Enfin, j'ai beaucoup accroché avec le casting, très attachant et solide. Que ce soit le trio principal des amis d'enfance, la sportive solitaire, le manipulateur de l'ombre, le chef de gang cinglé ou encore ses bras droits qui rappellent fortement, par leur dégaine, l'origine du manga.
Cette première saison de "Alice in Borderland" est très prometteuse et rend impatient à l'idée d'une suite. Le suspense est à son comble à la fin de l'épisode final et capte vraiment notre attention ! Loin d'être un simple slasher, cette série mérite le coup d'oeil et se dévore très rapidement.