EFFICACE et SOBRE. Pour ceux qui aiment les bonnes vieilles histoires à la John LeCarré. Robert Littell est moins connu mais tout aussi efficace puisqu'il était journaliste à l'époque des faits. Berlin, années 50, ambiance glauque avec en toile de fond les tristes vestiges de la guerre, rues grises et humides, appartements délabrés, passages dérobés, Check Point Charlie et voitures noires, filatures, MI-6, CIA et Mossad planqués dans des endroits improbables, espions de tout poil, sinistres polices politiques et individus soudainement disparus. Le contexte historique et les décors sont rendus avec un réalisme dérangeant, ces débuts de la guerre froide sont presque nostalgiques : hommes mystérieux en trench-coat et chapeau mou, femmes énigmatiques ou vipérines, tous acteurs ou victimes d'un jeu impitoyable qui commence aux USA, en Russie, en Israël, en Grande-Bretagne ou en France. Chris O'Donnell incarne avec conviction celui qui va devoir s'opposer à ses copains de fac, disséminés dans d'autres camps par les hasards de divergentes raisons d'Etat. Michael Keaton (qui ressemble de plus en plus à Julien Lepers) campe un maître-espion inquiétant et calculateur. C'est très prenant, on se met à la place de ces jeunes qui ont dû choisir et on se demande ce que l'on aurait fait à leur place.