Grand classique de la série d'animation japonaise, "Neon Genesis Evangelion" a seulement attiré mon attention quand j'ai su que Guillermo Del Toro s'en était inspiré pour "Pacific Rim". Effectivement, les premiers épisodes de la série sont clairs : face à une invasion progressive des Anges (créatures inquiétantes aux looks différents) sur la Terre, la NERV, dernier rempart de l'humanité, a créé les Eva, immenses robots pilotés par des enfants afin de vaincre la menace qui pèse sur eux. Robots, monstres géants, destruction de bâtiments et même du sang giclant de manière impromptue, "Evangelion" a effectivement inspiré "Pacific Rim" mais développe un univers bien à elle, à la fois passionnant et complexe (et il faudra honnêtement s'accrocher pour en saisir toutes les subtilités). Les premiers épisodes sont donc spectaculaires, centrés sur Shinji qui apprend à piloter un EVA alors que la NERV est commandée par son père qui ne s'est jamais occupé de lui et qu'il déteste. C'est donc un récit d'apprentissage sur fond d'apocalypse avec des personnages féminins apportant leur lot d'érotisme inévitable à tout anime japonais et suffisamment de scènes spectaculaires pour conquérir le public. Mais la force de la série, c'est bien évidemment le virage qu'elle effectue à mi-parcours. Hideaki Anno se moque bien de ses monstres, de ses références bibliques et de toutes ces féroces batailles, il s'intéresse avant tout à un récit intériorisé, allant toucher à l'existentiel jusque dans les derniers épisodes, déroutants au possible mais assez audacieux et touchants. Chaque personnage, que ce soit Shinji mais aussi ses comparses, est soigné, avec son lot de failles. Ce sont des personnages abandonnés par une figure parentale, cherchant leur place dans ce monde et tâchant de se faire accepter tels qu'ils sont. Quand "Evangelion" vire à l'existentiel, la série a déjà conquis son public, étiré sa mythologie et ne peut que fasciner par son immense prise de risque. C'est pourtant dans cette partie qu'elle s'en sort le mieux, avec des épisodes franchement réussis, mettant à mal ses héros avec parfois une violence inattendue. Il faudra cependant se cogner quelques épisodes rébarbatifs et des tournures scénaristiques difficiles à suivre pour mériter d'apprécier ce classique de l'animation qui pose devant nous de nombreuses cartes sans avoir la réponse à toutes les questions. Saluons tout de même la beauté graphique de l'ensemble, l'audace du scénario, la qualité de la réalisation et le soin apporté aux personnages, trouvant tous une vraie profondeur dans ce qui aurait pu n'être qu'un anime mecha de plus et qui se retrouve au final bien plus introspectif et intelligent qu'au premier abord...