Claude Chabrol vient de disparaître à l'âge de 80 ans : pilier de la Nouvelle vague, portraitiste de la bourgeoisie, amoureux du polar, grand directeur d'actrices, personnage médiatique truculent... AlloCiné revient sur les multiples facettes du réalisateur. Dossier réalisé par Julien Dokhan
Sorti six mois avant Les 400 coups de Truffaut et un an avant A bout de souffle de Godard, c'est le film qui donne le coup d'envoi de la Nouvelle Vague. Déferlent à l'écran le beau Gérard (Blain), la très chouette Bernadette (Lafont) et le dandy Brialy, dans le rôle d'un Parisien qui revient dans le village de son enfance. La subtilité et la cruauté sont déjà à l'oeuvre dans ce coup d'essai prometteur, même si c'est au milieu des années 60 que le cinéma de Claude Chabrol arrivera à maturité.
On aurait aussi pu choisir... Les Cousins (1959). Le film d'après, plus léger mais avec le même duo d'acteurs et la même thématique Paris/province. De là à parler de film cousin...
2) La Femme infidèle (1969)
Le mari, la femme, l'amant : trio infernal. Et brio diabolique de la mise en scène. C'est à cette époque que Chabrol s'impose comme le peintre sarcastique de la bourgeoisie de province. Muse du cinéaste, Stéphane Audran y forme avec le sensationnel Michel Bouquet un couple des plus mystérieux, entre hypocrisie et union sacrée. Mais il y a plus mystérieux : les motivations qui ont conduit Adrian Lyne à réaliser un remake , déjà oublié, de ce chef-d'oeuvre.
3) Que la bête meure (1969)
69, année chabrolienne... Rarement le cinéaste aura sondé les zones troubles de l'être humain avec autant de maestria. Un face-à-face entre Michel Duchaussoy, père épris de vengeance après la mort de son fils et Jean Yanne, garagiste ordurier, autoritaire, brutal, bref : un personnage indéfendable. Tellement indéfendable que Philippe Noiret avait refusé le rôle.
4) Le Boucher (1970)
Vous avez aimé le Jean Yanne odieux de Que la bête meure ? Vous adorerez le Jean Yanne amoureux transi et assassin de jeunes filles du Boucher... Ce jeu du chat et de la souris entre l'affreux jojo Popaul et une maîtresse d'école (Audran, évidemment) constitue un morceau de choix sur l'étal chabrolien. Ah ! cette goutte de sang qui tombe du ciel en plein pique-nique...
... Landru (1963). Voilà un autre sacré tueur de dames, qui, s'il n'a pas de couteau de boucher, possède un bon matériel de cuisson.
5) Violette Nozière (1978)
Après Les Noces rouges, le réalisateur se penche sur un autre fait divers : l'histoire d'une jeune fille qui empoisonna ses parents. Pour jouer le rôle complexe de cette vénéneuse (au sens propre) Violette, qui apparaît tantôt victime tantôt coupable, il choisit Isabelle Huppert. L'actrice est primée à Cannes, mais surtout, Chabrol semble avoir trouvé l'interprète idéale, celle qui nagera avec le plus d'aisance dans les eaux troubles qu'il affectionne.
6) Les Fantômes du chapelier (1982)
Injustement boudée à sa sortie, cette adaptation d'un roman de Simenon réunit pourtant toutes les qualités qu'on apprécie chez Chabrol : une intrigue habilement menée, une atmosphère qui devient de plus en plus trouble, un soupçon d'humour macabre, et bien sûr un infaillible sens du casting. Aux côtés de Charles Aznavour, remarquable, le regretté Michel Serrault livre une de ses plus éblouissantes - et inquiétantes - compositions, en assassin qui travaille du chapeau.
Rien ne va plus (1997). Quinze ans après, le retour de Michel Serrault dans un registre plus burlesque. Et en plus, il y a Isabelle Huppert, alors...
7) Une Affaire de femmes (1988)
Bon vivant, jovial, capable de signer des divertissements délicieusement futiles (Marie-Chantal contre le docteur Kha), Chabrol se coltine parfois des sujets plus graves. Il revient cette fois sur l'exécution d'une "faiseuse d'anges", autrement dit une avorteuse, dans la France de 1943. Un nouveau portrait de femme mémorable, et un nouveau Prix (à Venise) pour Isabelle Huppert. Signalons aussi la prestation de François Cluzet, qui n'a pas attendu d'avoir un César pour être épatant.
8) Betty (1992)
Encore une adaptation de Simenon, mais on est ici très loin d'une enquête à la Maigret. Un film qui, par sa noirceur absolue, occupe une place à part dans l'oeuvre de Chabrol, et qui marque les émouvantes retrouvailles avec Stéphane Audran. Mais Betty, ce n'est pas elle. C'est Marie Trintignant, impériale, dans son plus beau rôle, celui d'une femme désoeuvrée et alcoolique. On aura beau scruter son regard perdu, on ne percera jamais ses secrets.
L'Ivresse du pouvoir (2006). Car il n'y a pas que l'alcool qui monte à la tête.
9) La Cérémonie (1995)
Expérience chimique : d'un côté une postière insolente qui a une dent contre la société (Isabelle) ; de l'autre, une domestique analphabète (Bonnaire). Plongez ces deux éléments hautement inflammables dans une famille bourgeoise trop courtoise pour être honnête. Résultat : un carnage. Et un des plus éblouissants Chabrol.
Nada (1974). 20 ans plus tôt, la lutte des classes passionnait déjà Chacha...
10) Merci pour le chocolat (2000)
Comme souvent, Claude Chabrol a puisé dans la littérature anglo-saxonne pour nous concocter cet opus. Mais nous sommes en Suisse, dans la maison cossue d'une industrielle (Huppert, encore et toujours) et de son mari pianiste (Jacques Dutronc, plus aquoiboniste que jamais). Mais c'est à un Allemand qu'on pense en regardant cet opus vertigineux : Fritz Lang, l'un des maîtres du réalisateur.
Poulet au vinaigre (1985) Parce qu'avant le dessert, il faut un solide plat de résistance. Et parce que nul ne filme les repas comme Chabrol.
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