Nucléaire et cinéma : l’atome crochu ?
mardi 26 avril 2011 - 15h00

On "célèbre" ce 26 avril les 25 ans de la catastrophe de Tchernobyl, tandis que celle de Fukushima continue de hanter l’actualité. Comment le cinéma représente-t-il le fait nucléaire ? Réponse(s) d'une spécialiste, Hélène Puiseux... [Dossier réalisé par Alexis Geng]

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Quelle perception du nucléaire émerge des films des années 1950, 1960, bref de ce qui a pu être considéré par certains comme l' "âge d'or" de l'atome au cinéma, après Hiroshima et bien avant les accidents du nucléaire civil ?

Dans les années 1950 on trouve des films essentiellement japonais et américains, soit les deux pays qui ont "tâté" de l’atome, si je puis dire, celui qui a fabriqué la bombe et celui qui l’a reçue sur la figure. Ces deux pays se sont mis à faire des films sur le sujet dès 1948-1950. Dans l’ensemble ce sont des œuvres qui posent le problème sous l’angle suivant : "que faut-il penser de cette puissance ?". Il existe plusieurs manières de répondre à cette question. Et d’abord, faut-il n’avoir que peur ? La peur est présente c’est certain, c’est la base des films, aussi bien en Amérique qu’au Japon, parce que cette puissance est capable de transformer des fourmis en monstres [cf Des monstres attaquent la ville (Them !), 1954], de réveiller Godzilla, etc. Mais faut-il donc n’avoir que peur ? Dès la fin des années 1950 une petite gamme de films, parmi lesquels le très beau Le Monde, la chair et le diable (1959), disent plutôt que certes, l'atome est très dangereux, mais qu’après tout, comme toutes les catastrophes, il permet de rebattre les cartes et offre presque une nouvelle chance à l’humanité. Ces films-là sont intéressants parce qu’ils ouvrent un nouveau rapport à l’atome : ça fait très peur, ça tue tout le monde, mais ceux que l’atome ne tue pas, il leur ouvre le monde. C’est terrible, mais si vous êtes le survivant, le monde est à vous. Cela "clôt" le bon et le mauvais d’avant, et ré-ouvre les possibles. C’est un phénomène très curieux. Dans Le monde, la chair et le diable, les trois survivants (tous trois américains) sont une femme blanche, un homme blanc et un homme noir. Se pose ainsi en 1959 le problème du racisme, parce que les deux hommes sont naturellement amoureux de la seule femme, qui les aime aussi beaucoup… Au début il y a quelques bagarres, et l'on se dit que les choses vont mal tourner, qu’ils vont s’entretuer. Mais à la fin, ils partent main dans la main, en couple à trois, vers le fond de l’écran sur lequel s'inscrit, au lieu du traditionnel "The End", "The Beginning". C’est une solution au racisme, d’une certaine façon, qui ouvre aussi sur les années 1960. Et pourtant en cette même année 1959 sort Le Dernier rivage, qui se passe en Australie et dans lequel, au contraire, il n’y a plus de survivants, le monde entier est ratissé - c’est déjà presque une vieille représentation : les années 1950 sont plutôt pessimistes, mais à partir de la fin de la décennie l’optimisme apparaît dans presque tous les films.

 



Que représente Godzilla ? Avant tout un mode d'expression du traumatisme japonais ?
Godzilla* est un peu plus complexe, je crois. Il évolue, puisque les Japonais ont fait des films sur lui pendant plus de quinze ans. Dans les premiers, Godzilla est un monstre préhistorique marin réveillé par les radiations atomiques, qui vient, massacre tout Tokyo, bref la nature incarnée qui se venge. Mais au fil des quinze ou seize films [qui lui sont consacrés], Godzilla change. Vers 1965-1966 (je crois que le premier film est de 1954), Godzilla est devenu l’ami des Japonais : c’est un monstre qui sert à se battre contre d’autres monstres, quand il en vient. On s'habitue : oui, Godzilla existe, mais finalement il est "assez sympa", on peut faire avec. Je pense vraiment que c’est le rôle qu’ont joué les films, qui nous ont raconté des choses charmantes (pas tout à fait fausses d’ailleurs, on est très content d’avoir de l’électricité). Mais quand ça craque, ça craque, et là, avec Fukushima, c’est quand même très inquiétant. Aujourd’hui on retrouve ce qui définit fondamentalement la relation entre l’homme et la puissance atomique : le secret. Tepco [l'opérateur de la centrale japonaise] raconte ses salades, mais c’est la même chose depuis 1945, on nous raconte les choses en minimisant (quand on les raconte), et les Japonais sont au top dans ce domaine : ils auraient pu hurler, les victimes des bombardements auraient sans doute bien voulu le faire, mais on les a mis sous le boisseau. Leurs maladies issues des radiations n’ont pas été reconnues. Il règne donc un secret, un blackout qui est la constante de l’histoire de l’atome.


On n’avait pas attendu la découverte de la radioactivité ou des radiations pour inventer des monstres géants. Le nucléaire, la bombe atomique ne sont-ils alors qu’une corde de plus à la lyre de la SF, notamment au cinéma ?
Il y a deux choses, je crois. D’une part l’atome sert aux films catastrophe de tous types : c’est un excellent outil, parce que dans le genre catastrophe vous avez de tout, des mutations, des incendies, des radiations… Tout ce que vous voulez. Donc de ce point de vue, il ne change rien aux grandes terreurs de l’humanité, il représente seulement un moyen supplémentaire. Mais je pense qu’en même temps ces films ont influé sur nos manières de penser, à nous qui sommes arrivés après le nucléaire, et finalement nous ont habitués à cohabiter avec lui. Au lieu de le refuser (il y aurait pu y avoir un niet général comme il semble s’en redessiner un en ce moment), le cinéma a au contraire joué cette carte, inconsciemment - il n’y a pas eu de table ronde de cinéastes. Il nous a raconté des histoires avec des héros qui, après tout, survivent pour la plupart (il y a très peu de films où personne ne survit). L’atome devient, non pas un espoir radieux, mais quelque chose avec quoi on cohabite, quelque chose à quoi il faut faire place, et je pense que c’est cela le rôle le plus important qu’a joué le cinéma, c’est de nous avoir habitués à vivre dans un monde post-atomique. Le cinéma est un moyen de se rendre sympathique tout ce qui ne l’est pas, ou plutôt de le rendre acceptable : le nucléaire est là, on fait avec.

Est-ce que le cinéma a pu, du coup, faire sciemment ou inconsciemment la promotion du nucléaire ?
Inconsciemment, sûrement. Consciemment, sûrement pas. Moi-même, au total, après m’être gavée de ces films-là, même si je ne peux pas dire que je suis devenue follement pro-nucléaire, je ne suis pas anti-nucléaire. Je me dis qu’on en réchappe toujours… Ce qui est sans doute stupide, mais il n’empêche que ça marche sur moi, alors je suppose que ça marche sur d’autres.

Il ne semble pas y avoir tant de films qui évoquent, même indirectement (comme La Colline a des yeux), les essais atomiques, dont les retombées sont pourtant parmi les plus conséquentes pour l’être humain, bombardements mis à part…
Parmi les premiers films sur le nucléaire dans les années 1950, Des Monstres attaquent la ville [évoqué plus haut] se passe dans le désert - ce qui rappelle les sites du Nevada. Des fourmis y sont devenues géantes à cause des radiations. Il n’est pas dit noir sur blanc que c'est à cause des essais, mais tout le monde pouvait comprendre à l’époque que c’est ce qui fait muter les fourmis, lesquelles envahissent et détruisent les caravanes d’une gentille petite famille, avant de s’en aller jusqu’à Los Angeles...

Existe-t-il un tabou concernant (au moins) les essais atomiques français, malgré quelques films comme le récent Gerboise Bleue (ou Noir océan, à venir) ?
Il y a un blanc absolu, oui. Sur les essais nucléaires français au Sahara, un certain nombre de films sont sortis, en 1996 je pense. Quelques documentaires. Je ne connais pas vraiment de films de fiction, mais ça ne veut pas dire qu’il n’y en ait pas. On a vu quelques documentaires très inquiétants, mais là aussi je pense qu’il règne une sorte de consensus en France pour ne pas se faire peur - j’en ai peur, pour le coup.

 

 

*on parle bien entendu de la version japonaise originelle, et non de la version US plus récente.

 

<< La suite en page 3 >>

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Commentaires

  • TCovert

    Intéressant !

  • Redzing

    Je ne suis pas tout à fait d'accord avec elle sur Three Mile Island. C'est exagéré de dire qu'en Europe on ne s'en est pas soucié. L'accident de TMI a eu d'énormes répercussions sur les exploitants en Europe et a fait changé pas mal de choses au niveau systèmes et comportement.

  • isopote2

    Et aussi la crise des missiles de Cuba, où les américains se sont dits que finalement ils n'étaient pas hors de tout, comme durant la seconde guerre mondiale, et étaient vulnérables... Tout à changé avec le 11 septembre, première attaque massive sur leur territoire... et d'ailleurs, on voit plus de films, de documentaires et de reportages sur le terrorisme qui constitue la nouvelle peur: d'autant plus intéressant à mon avis que le nuage de Fukushima est passé au-dessus des states avant de nous atteindre et on a plus entendu parler de la crainte de ce nuage en Europe que là-bas.

  • krystoff

    Rhaaaaa il me faut ce bouquin !!!!!!! Il faut absolument que j'en parle dans mon blog consacré au post-apocalyptique ! Petite page de réclame : http://krystoff.blogs.allocine...

  • krystoff

    Vraiment passionnant cet entretien, avec une experte du sujet et une vision à la fois artistique et sociologique du nucléaire. Quelle femme impressionnante !

  • derrick44

    Une précision, le nucléaire civil, une centrale atomique ne peut pas exploser comme une bombe atomique (A comme à Hiroshima ou H) . Techniquement ça n'a rien à voir. Dans Malevil c'est une explosion militaire, pas civile, avec boule de chaleur comme à Hiroshima et retombées radioactives. Il y a 2 groupes de survivants localement ceux du chateau qui reconstruisent et ceux protégés dans le train dans un tunnel pendant l'explosion qui sont les mauvaix avec les armes du train. Il pensent être les seuls survivants, sans contact extérieur. A la fin, la civilisation n'a pas disparue, il n'y a pas de dangereux qui ont pris le pouvoir, ils sont secourus par les hélicoptères. Pour Godzilla dans le film américain Godzilla naissait à cause des essais sous terrains français dans le Pacifique. J'espère que le prochain Godzilla reviendra au Japon après la fuite de leur centrale.

  • krystoff

    Pour la "re" précision, la cause du cataclysme nucléaire dans le film Malevil n'est absolument pas connue (origine civile ou militaire ?). Dans le bouquin par contre, il est dit qu'il s'agit d'une guerre atomique. Non pas dans le récit, même si des allusions sont présentes, mais dans le résumé au dos du bouquin.

  • derrick44

    Re re précision, pour Malevil, ce n'est pas précisé mais évident. Une fille devient aveugle en regardant l'explosion, la chaleur augmente brutalement dans la cave du chateau et les autres survivants sont protégé du souffle de l'explosion dans un tunnel donc en aucun cas une fuite/enceinte qui se brise d'une centrale (civile) mais bien une explosion d'une arme nucléaire. Aucun doute la dessus. Il y a beaucoup d'amalgames entre les dangers des armes nucléaires et les centrales électriques.

  • krystoff

    Oui tu as raison une centrale nucléaire ne produit pas d'explosion et encore moins de champignon. Ce que je voulais dire est que si l'explosion est d'origine militaire il n'est pas précisé dans le récit si c'est un accident technologique ou une guerre. Seul le résumé du bouquin dit "Une guerre atomique dévaste la planète". Mais après le résumé peut ne pas avoir été écrit par Robert Merle himself et finalement être différent de ce que l'auteur avait en tête. Mais je m'éloigne du sujet (le film)...

  • Vins95

    il manque "la colline à des yeux" on ne peut pas dire que ce film n'a pas essayé d'aborder le sujet ;)

  • Thedaft91

    Vins j'allais dire la même x)
    Il y a aussi la scène du Frigo dans Indiana Jones 4 ou encore les propos du Roman graphique/Film (de Zack Snyder) "The Watchmen"

  • SquareSpongeBob

    Vins : euh la colline a des yeux est mentionné dans la question en page 2... Et puis j ai pas l'impression que ce soit un best-of (perso Indy 4 je préfère oublier qu'il a existé)

  • vittoriodesica

    A ce sujet, le 18 mai sort INTO ETERNITY : "LA Cachette Nucléaire", le doc multiprimé où développement durable et réflexion à long terme se cotoient entre optimisme et crainte : http://www.allocine.fr/video/p...

  • Guillaume182

    En tout cas quand j'entend nucléaire, je pense d'abord à Hiroshima et Nagasaki. Comment imaginer que l'humaniter puisse être si cruelle.
    Moi ca me dégoute.

  • BIGJACKW

    sans vouloir refaire l'histoire, on peut facilement imaginer que l'humanité puisse être si "cruelle" quand elle fait face à une solution qui serait encore plus sanglantes que celle qu ia été prise, car en effet, Nagasaki et Hiroshima ont fait des dizaines voire des centaines de milliers de morts, mais cela aurait été des millions si les américains et anglais avaient décidé d'envoyer des millions de soldats pour finir cette guerre sur place....

  • tonybyke95

    je suis biens d’accord avec toi "BIGJACKW"

  • William E.

    @ BIGJACKW, hum, à l'époque de l'envoi de la bombe A sur Hiroshima et Nagasaki, les États-Unis avaient déjà quasiment trouvé un accord de paix avec les nippons, ils n'auraient jamais envoyé de soldats supplémentaires, l'utilisation de la bombe à essentiellement eu pour but de montrer la puissance atomique des USA à l'URSS.

  • Cortoseaman

    Tout à fait d'accord avec William.E. Et faut arrêter avec cette démesure, "des millions d'anglais et d'américains" faut pas exagérer non plus. Les bombes atomiques ont fait des ravages qui auraient pu être évité, sans forcément changer l'issue de la guerre.

  • derrick44

    Encore et toujours le même refrain anti américain, les américains serait toujours les méchants dans l'histoire. Les jusqu'au boutistes, les kamikazes, les massacreurs de civils, c'était les japonais pas les américains. Les bombes atomiques ont été utiles à tout le monde : aux alliés qui n'ont pas sacrifiés de soldats inutilement, au japonais qui ont eut une excuse pour se rendre et ne pas se battre bêtement jusqu'à la mort et enfin aux européens qui n'ont pas été envahis par l'énorme armée de Staline par peur de la bombe atomique américaine.

  • AerisDies

    Derrick 44, je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi, une grande partie des victimes de ces bombes furent des civils. Je te conseille de regarder le Tombeau des Lucioles si tu ne l'as pas vu, magnifique fable macabre sur le devenir des deux gamins pendant la 2de GM. A l'inverse le refrain anti-américain devient lassant c'est sûr. Je citerais une phrase de V.Hugo : "Les guerres ont toutes sortes de prétextes, mais n'ont jamais qu'une cause : l'armée. Otez l'armée, vous ôtez la guerre".
    (Par contre un autre point, ça fait plaisir de lire quelqu'un qui écrit correctement :) )

  • Vins95

    ah oui pardon, j'avais zappé la colline à des yeux (je feuilletais)

  • VectanQB7

    Plus tard j'aimerais faire un film sur Tchernobyl pour vraiment montrer les horreurs qu'il y y a eu... Comment des centaines de milliers d'hommes civils ont été envoyés à la boucherie des ondes, comme dans une guerre... contre un ennemi invisible...

  • Yakarii

    @VectanQB7 "Plus tard j'aimerais faire un film sur Tchernobyl pour vraiment montrer les horreurs qu'il y y a eu... "
    Il y en a déjà de très bons.

    En ce qui concerne la bombe atomique, s'il n'y a qu'un seul film à voir, c'est "Atomic Café".

  • Jeanlouislebowski

    Super Dossier!! Très interressant!

  • LordGalean

    putain ya même pas une ligne et demie sur Indiana Jones 4 ??? Pourtant si ya un film qui parle du nucléaire et qui dévoile justement le côté positif de l'atome c'est bien celui-là, c'est dingue dans un dossier sur le nucléaire de mettre la colline a des yeux et pas Indy 4 !

  • Auditore

    Hé les gars d'allociné, mettez des bandeaux "ATTENTION SPOILER"... Je me suis pas encore programmé "Le Monde, la chair et le diable (1959)" que vous en dévoilez toute l'Histoire !! J'ai arrêté de lire à la page 2, j'y reviendrai plus tard !

  • BIGJACKW

    je ne suis pas en train de donner un simple avis, je ne fait que reprendre des faits historiques, dont l'origine même est ceux qui ont participé à ce grand pan de notre histoire....tout d'abord les russes étaient déjà au courant de l'existence de la bombe d'une part parce qu'un des scientifiques du projet Manhattan leur filait des infos, et d'autre part parce que les américains, et plus précisément leur président, en avait parlé à Staline lui même....alors je ne pense pas que l'utilisation de la bombe était faite pour montrer qu'ils avaient la plus grosse aux russes....ensuite, après la défaite de l'allemagne, il restait grosso modo une dizaine de millions de soldats japonnais, une trentaine de million de milicen armés sur tout l'archipel, et des milliers de pilotes kamikaze ainsi qu'un restant de flotte suffisante pour causer du soucis en cas de débarquement direct, c'est ce qui a poussé les dirigeants à utiliser la bobme, et oui, il aurait fallu des millions d'hommes pour prendre le japon, je vous rappelle qu'il y a eu, rien que pour le coté russes, plus de 20 millions de morts....parce que oui, c'était des armées qui se comptaient en million à l'époque, et pas en centaines de millier comme maintenant....

  • Johann D.

    http://www.canalplus.fr/c-cine...

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