Eva Joly, Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy, Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou, Nathalie Arthaud, Jacques Cheminade, François Bayrou, Nicolas Dupont-Aignan, François Hollande* : pour AlloCiné, ils dévoilent leur politique culturelle, leur position sur la Hadopi et le piratage... et leur Top 5 Cinéma. *Les candidats sont affichés selon l'ordre déterminé par le tirage au sort officiel
NB : Les candidats sont affichés selon l'ordre déterminé par le tirage au sort officiel
Sites officiels
blog.nicolasdupontaignan.fr
www.debout-la-republique.fr
Top 5 Cinéma
"Que la fête commence est un film qui retrace avec brio l'histoire de la conspiration de Pontcallec au XVIIème siècle sous la régence de Philippe D'Orléans, porté par un trio d'acteurs mythiques Philippe Noiret bien sûr, mais aussi Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle. Je me rappelle également la performance d'acteur époustouflante de Philippe Noiret dans La vie et rien d'autre de ce même Bertrand Tavernier, une performance pour laquelle Noiret avait obtenu un César recompensant sa justesse d'interprétation d'un gradé désabusé après les massacres de la Première Guerre mondiale. Plus récemment Bertrand Tavernier a encore prouvé son talent avec La princesse de Montpensier dans lequel excellent Mélanie Thierry et Lambert Wilson.
Si, pour moi, Bertrand Tavernier demeure une référence cinématographique incontournable en France, je n'en apprécie pas moins ce qui est fait hors de nos frontières. Par exemple, je trouve admirables les oeuvres cinématographiques des réalisateurs italiens Federico Fellini et Ettore Scola. Ces deux réalisateurs m'ont fait aimé le cinéma italien dans toute sa spécificité, grâce notamment à La Dolce Vita de Fellini, ou dans la mise en image des liens historiques qui unissent Français et Italiens, je pense particulièrement aux pérégrinations du vieux Casanova et de Restif de la Bretonne sur les routes de France dans La Nuit de Varennes de Scola.
De même, j'aime énormément l'oeuvre de Woody Allen, en particulier Annie Hall, ou dans un tout autre style Match Point. L'ironie mordante qui se dégage de ses films ne fait que renforcer la férocité du constat sur notre mode de vie contemporain et ses travers. Woody Allen parvient à faire rire en abordant le sujet délicat de la médiocrité et parfois de la perversité de l'homme moderne. Je salue cette prouesse dans un cinéma qui a parfois tendance à tomber dans un certain conformisme suivant la logique du box-office, à mon avis néfaste à la création."
A propos de la Hadopi...
"Je considère que le chemin pris par les promoteurs d’HADOPI ne nous conduit pas à une solution viable pour répondre à l’enjeu de la rémunération des artistes à une époque où il n’a jamais été aussi facile d’échanger des œuvres.
Pourquoi ? D’abord parce que je pense que la révolution numérique et l’émergence d’Internet sont une chance pour l’humanité. Le bouleversement que nous vivons est au moins aussi important que celui induit par la maîtrise de l’imprimerie voici plus de 5 siècles. En ce sens, la liberté d’expression sur internet et la neutralité des réseaux doivent être préservées à tout prix. Internet doit être protégé de ceux qui veulent y imposer leurs règles : les Etats comme les intérêts particuliers.
La loi HADOPI s’inscrit dans une démarche à l’efficacité limitée qui poussera les pouvoirs publics à aller toujours plus loin dans la surveillance des connexions avec un arsenal technologique très lourd et dangereux pour nos libertés fondamentales. Je ne l’accepte pas. Je n’ignore pas non plus les pratiques douteuses des prestataires de HADOPI qui ont recours à des fichiers piégés dont les seules victimes sont les internautes qui téléchargent occasionnellement.
Ensuite, il me semble évident que l’échange libre des œuvres sur Internet est une opportunité sans précédent pour les artistes et que toute mesure visant à restreindre ces échanges repoussera les internautes toujours plus loin dans la marginalité, vers des modèles qui ne profiteront à personne. MegaUpload en est la meilleure illustration et l’existence de ce genre de service représente à mes yeux la pire des solutions : les internautes payent et les artistes ne perçoivent rien. Mais le problème que pose le comportement de certains profiteurs ne se règle pas par la surveillance généralisée des échanges numériques. Ce sont les flux financiers générés par ces activités qu’il faut tracer et stopper.
En fait, Internet n’est pas un problème, c’est une solution. Car la réalité est que la politique frileuse de restriction des échanges freine le développement d’une vraie économie numérique portée par une offre légale attractive pour les internautes. Des services comme Spotify, Grooveshark ou le français Deezer qui offrent un accès sans égal aux œuvres musicales doivent faire face à la réticence des majors et ne peuvent pas toujours offrir le niveau de service espéré par des internautes souhaitant souscrire à une offre payante.
Le vrai débat est : comment rendre attractives les offres payantes ? Pour le cinéma en particulier, il n’est pas normal qu’il soit aujourd’hui si difficile d’accéder aux œuvres cinématographiques. Plutôt que de continuer dans cette stérile et artificielle chasse aux "pirates", je veux mettre en place de nouvelles mesures permettant de créer un cadre économique favorable au développement de services permettant aux internautes et aux téléspectateurs d’accéder aux œuvres à moindre frais et dans le respect de la création. Suivant cette logique, je veux légaliser le téléchargement sur Internet dès que sera mis en place un système nouveau de rémunération des artistes, système de licence globale qui se caractérisera par une taxe sur les fournisseurs d'accès à Internet afin de pouvoir rémunérer les artistes à leur juste valeur.
Et les Français -vous le verrez- seront prêts à payer indirectement pour des services de qualité dont ils reconnaîtront la valeur ajoutée. Ce que certains sont en passe de réussir avec la musique, il est possible de le faire avec le cinéma, j’en suis convaincu."
Politique culturelle
"Je crois que la politique culturelle doit avoir une place particulière dans notre pays, de par l’histoire pluriséculaire qui lie la construction de notre Nation et de notre Etat au développement de la culture et à sa démocratisation.
Nous devons assumer cet héritage et bâtir une politique culturelle ambitieuse, qui permette le rayonnement de la France dans le monde et qui garantisse à chaque citoyen un accès égal à l’offre culturelle. En fait, je crois que nous devons poursuivre l’œuvre du général de Gaulle et d’André Malraux qui avaient su mettre la culture au cœur d’un projet politique global pour la France.
Pour ce faire, je crois que le financement du Ministère de la Culture doit être assuré, afin que ce dernier puisse impulser une politique à l’échelle nationale, pilotée par l’Etat. C’est cette politique qui devra mettre en place les aménagements nécessaires pour irriguer l’ensemble du territoire de la République, afin que la culture sorte enfin de Paris et que chaque région de France puisse en profiter.
Cette volonté de déconcentrer encore davantage la culture s’inscrit dans mon projet plus global de démocratisation culturelle. Si chaque citoyen doit pouvoir profiter de la culture en-dehors de Paris, il est également indispensable que la puissance publique accompagne le développement d’Internet, l’outil numérique qui demain permettra l’accès à la culture pour tous. C’est en ce sens que je lutte fermement contre la loi HADOPI qui symbolise les restrictions que l’on veut imposer à la liberté des internautes.
Au-delà de ses aspects généraux, je crois fermement au volontarisme politique qui permet, en matière culturelle, de réaliser de grandes choses avec des moyens limités. En tant que maire, je me suis battu pour ma ville de Yerres dans l’Essonne devienne un pôle culturel francilien reconnu. Mes efforts ont payé, aboutissant à la création de la biennale de la sculpture qui réunit tous les deux ans dans la propriété Caillebotte les œuvres de dizaines de maîtres."
Propos recueillis par Julie Pichot
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