Mon compte
    Intouchables, raciste ? Fight Club, fasciste ? les grandes batailles de la critique

    "Intouchables", un film "raciste" ? "Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain", "populiste" ? Les Critiques sont-ils des "assassins" ? Petit tour d'horizon des plus grandes querelles autour de la critique de cinéma, de la Nouvelle Vague à aujourd'hui.

    Les Films du Paradoxe
    "Je sens le moment de te dire, longuement, que selon moi tu te conduis comme une merde." (François Truffaut à Jean-Luc Godard)

    1973. Au départ, François Truffaut et Jean-Luc Godard étaient comme deux frères. Ils partageaient les mêmes avis sur les films, exerçaient le métier de critique ensemble aux Cahiers du Cinéma, et commencèrent leur carrière cinématographique en même temps; Truffaut avec Les Quatre cents coups, Godard avec A bout de souffle (tiré d’un argument de Truffaut).

    Mais voilà que le temps passe, et que leurs carrières prennent des tours différents. Godard essaie de "faire politiquement du cinéma politique", tandis que Truffaut se tourne vers des films plus "légers" et poétiques. Le conflit survient juste après la sortie de La Nuit américaine de Truffaut, en 1973. L'immense succès du film est couronné par un Oscar du meilleur film en langue étrangère. Truffaut reçoit alors une lettre de Godard :

    "Probablement personne ne te traitera de menteur, aussi je le fais. Ce n’est pas plus une injure que fasciste, c’est une critique, et c’est l’absence de critique où nous laissent de tels films, le tien et ceux de Chabrol, Ferreri, Verneuil, Delannoy, Renoir, etc. dont je me plains. […]. J'en viens à un point plus matériel. J'ai besoin, pour tourner "Un simple film", de cinq ou dix millions de francs. Vu La Nuit américaine, tu devrais m’aider, que les spectateurs ne croient pas qu’on ne fait des films que comme toi."

    Truffaut riposte :

    "Je te retourne ta lettre à Jean-Pierre. Je l’ai lue et je la trouve dégueulasse. C’est à cause d’elle que je sens le moment de te dire, longuement, que selon moi tu te conduis comme une merde. Je me contrefous de ce que tu penses de La Nuit américaine […]. A mon tour de te traiter de menteur. Au début de "Tout va bien", il y a cette phrase : “Pour faire un film, il faut des vedettes.” Mensonge. Tout le monde connaît ton insistance pour obtenir Jane Fonda qui se dérobait, alors que tes financiers te disaient de prendre n’importe qui. […] Tu l'as toujours eu, cet art de te faire passer pour une victime. […] Il te faut jouer un rôle et que ce rôle soit prestigieux. J’ai toujours eu l’impression que les vrais militants sont comme des femmes de ménage, travail ingrat, quotidien, nécessaire. Toi, c’est le côté Ursula Andress, quatre minutes d’apparition, le temps de laisser se déclencher les flashes, deux, trois phrases bien surprenantes et disparition, retour au mystère avantageux. Comportement de merde, de merde sur son socle..."

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Commentaires
    Back to Top