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    Normal People sur France 5 : rencontre avec Daisy Edgar-Jones et Paul Mescal, les stars de la série
    Thomas Desroches
    Thomas Desroches
    -Journaliste
    Les yeux rivés sur l’écran et la tête dans les magazines, Thomas Desroches se nourrit de films en tout genre dès son plus jeune âge. Il aime le cinéma engagé, extrême, horrifique, les documentaires et partage sa passion sur le podcast d'AlloCiné.

    Lundi 14 février dernier, France 5 a lancé la diffusion de "Normal People", une série bouleversante sur les relations amoureuses avec Daisy Edgar-Jones et Paul Mescal. AlloCiné les a rencontrés afin de leur poser quelques questions.

    Véritable phénomène lors de sa diffusion sur la BBC en mai 2020, Normal People est proposée pour la première fois en clair depuis le lundi 14 février sur France 5 et est accessible depuis la même date sur la plateforme numérique france•tv Slash.

    Adaptée du roman éponyme de Sally Rooney, la série suit la relation compliquée entre Marianne et Connell, campés respectivement par Daisy Edgar-Jones et Paul Mescal, depuis leurs années lycée dans une petite ville de l'ouest de l'Irlande jusqu'à leurs études universitaires au Trinity College, à Dublin.

    A l’occasion de l’arrivée du programme sur Starzplay en juillet 2020, AlloCiné avait rencontré, sur Zoom et en table ronde avec sept autres journalistes, les deux talents qui agitent la Toile.

    Normal People
    Normal People
    Sortie : 2020-04-26 | 30 min
    Série : Normal People
    Avec Daisy Edgar-Jones, Paul Mescal, Desmond Eastwood
    Presse
    4,7
    Spectateurs
    4,5

    Comment avez-vous découvert le roman de Sally Rooney et qu'est-ce qui vous a séduit dans vos personnages respectifs ?

    Daisy Edgar-Jones : Je l'ai lu pendant que je passais mes auditions et dès les premières lignes, je n'ai eu aucun mal à m'identifier à mon personnage, Marianne. Aujourd'hui, c'est mon livre préféré (rires). J'adore comment Sally Rooney parle de nos difficultés lorsque l'on grandit, de notre manque de confiance. Je suis moi-même en train de grandir, je suis d'ailleurs plus jeune que Marianne à la fin du livre. C'était intéressant de voir comment elle change et surtout comment, moi, je vais changer au cours des années. Ce qui m'a plu chez cette héroïne, c'est sa complexité. Le simple fait qu'elle ne soit pas écrite par un homme change également beaucoup de choses : elle n'est pas vue à travers le male gaze.

    Paul Mescal : J'ai aussi découvert le livre durant la phase du casting. Connell est passionnant car il déconstruit totalement l'image cliché du sportif. Sally Rooney est parvenue à détourner cette idée reçue. Il est réservé, populaire mais pas trop, et il manque aussi de confiance en lui. Il y a une vraie dualité chez ce garçon, il est à la fois fort et vulnérable. C'est effrayant de devoir s'attaquer à un livre aussi bon et de jouer des personnages aussi brillants. J'étais heureux et en même temps assez anxieux de le jouer à l'écran.

    Element Pictures Production

    Normal People se focalise principalement sur le développement de ces deux héros au cours de plusieurs années. Était-ce difficile de vous situer dans cette évolution alors que la série est tournée dans le désordre ?

    P. M. : C'est vrai que c'était le plus difficile. Heureusement, on a pu sérieusement se préparer pour savoir où nos personnages en étaient dans leur propre histoire avant chaque prise. Avec Daisy, nous avons créé une relation professionnelle très fusionnelle. On se parlait beaucoup de nos rôles respectifs, on échangeait des idées et cela nous aidait à nous y retrouver pendant le tournage.

    D. E-J. : On pouvait se fier à l'un et à l'autre, mais surtout, en plus du scénario, nous avions une base très solide : le livre. Il est tellement détaillé, tellement précis sur nos personnages, qu'il suffisait de s'y replonger pour s'y retrouver. Plusieurs fois, j'ai rouvert le livre pour bien me remémorer comment était Marianne psychologiquement à tel moment dans l'histoire. Et puis, à nos côtés, nous avions d'excellents scénaristes et réalisateurs.

    Votre duo est au cœur de la série. Comment avez-vous travaillé votre alchimie, qui est impressionnante, et notamment les scènes de sexe ?

    D. E-J. : L'énergie que partagent Marianne et Connell est l'élément principal du livre de Sally Rooney. Lorsqu'ils sont ensemble, ils ont une façon de se parler, de se comprendre, qui est unique. Cela se traduit bien sûr dans les scènes plus intimes. Il fallait que, durant les scènes de sexe, on retrouve cette sincérité. Ces moments sont aussi importants que les séquences avec du dialogue. Nous avions une coordinatrice d'intimité. Elle nous permettait de nous sentir en sécurité, de créer un espace d'échange pour nos idées. On disait ouvertement ce qui nous rendait mal à l'aise et où on souhaitait placer nos limites.

    En quoi consistait réellement son travail ?

    P. M. : Son nom est Ita O'Brien. Elle venait sur le tournage lorsque l'on devait tourner les scènes de sexe. En privé, on détaillait les séquences, ce qu'on devait montrer à la caméra et surtout s'il fallait être nu. Certains plans nécessitent qu'on le soit, d'autres non. Quand on arrive sur le plateau, on répète habillés avec les réalisateurs et durant la prise, une grande partie des équipes techniques quittent les lieux pour que l'on soit un petit groupe. C'est très important de se sentir en sécurité dans ces moments-là car cela nous permet d'aller plus loin et de proposer d'autres choses pour être encore plus crédible. Si toutes ces précautions ne sont pas prises, un malaise peut vite se faire sentir. Les scènes de sexe, c'est toujours un moment étrange où il est parfois difficile de distancier son personnage de sa propre personnalité.

    Comme vous le dites, ces séquences intimes requièrent un vrai climat de confiance entre deux comédiens. Aviez-vous eu assez de temps pour faire connaissance avant le tournage ?

    D. E-J. : Paul et moi, on s'est rencontré lors de notre audition. Lui avait déjà le rôle et je faisais partie des dernières finalistes. J'étais très nerveuse, mais on a commencé à parler tranquillement. On a surtout appris à se connaître durant le tournage. Avant le premier clap, on avait trois semaines de répétitions. On parlait surtout du travail au début, on était plutôt timide (rires). Dès la deuxième semaine, on a commencé à veiller l'un sur l'autre. On est finalement vite devenus amis. Enfin j'espère... (rires)

    P. M. : Évidemment ! (rires)

    Element Pictures Production 2020

    L'un des principaux thèmes de la série est la santé mentale. C'était important d'être le plus crédible possible pour que les téléspectateurs qui souffrent réellement de ces troubles puissent se reconnaître en vous ?

    P. M. : Dès le huitième épisode, Connell et Marianne commencent à souffrir d'anxiété, de dépression. Ils ont même parfois des tendances suicidaires. Ce sont, encore aujourd'hui, des thèmes très tabous et donc importants. Il fallait être juste, ne pas tomber dans la caricature, ne rien négliger et surtout éviter la stigmatisation. Daisy et moi, on avait la chance, après chaque tournage, de laisser nos personnages derrière nous et de reprendre nos vies tranquilles. Mais d'autres vivent avec ces troubles au quotidien. Il y avait une responsabilité derrière ce besoin de crédibilité. Le talent des scénaristes nous a beaucoup aidés pour trouver ce degré d'authenticité.

    Normal People est souvent décrit comme une "love story pour les millenials". Êtes-vous d'accord avec ça ?

    D. E-J. : Je pense surtout que c'est une histoire intergénérationnelle. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle parle à autant de monde. Ma mère et ma grand-mère ont adoré par exemple (rires). Je pense que c'est dû à la sincérité qui se dégage de la série. On s'identifie facilement aux personnages et cela nous renvoie à nos propres expériences. Le choix de la musique est également très important. Dans Normal People, il y a des chansons de notre époque, mais aussi des morceaux plus anciens. C'est un détail qui accentue cette idée d'intemporalité.

    P. M. : C'est plus qu'une histoire d'amour pour les millenials. Je trouve même cette formule assez réductrice. Nos personnages sont modernes, mais ils pourraient très bien venir d'une autre époque, cela ne ferait aucune différence.

    Propos recueillis par Thomas Desroches, en mai 2020.

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