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    George Lucas : 12 infos méconnues sur le papa de Star Wars
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    George Lucas célèbre cette semaine son 70e anniversaire. Si les (ultra) fans connaissent tout ou presque de lui, certaines anecdotes pourraient peut-être vous surprendre.

    Il a réalisé une séquence du "Parrain" de Francis Ford Coppola

    Pour remercier son ami Francis Ford Coppola qui avait accepté de produire American Graffiti et grâce auquel il obtint une nomination à l'Oscar du meilleur réalisateur (sur les 5 nominations du film), George Lucas se charga de réaliser et monter une séquence dans le film Le Parrain. Située environ à la moitié du film, peu après la fameuse scène du meurtre de Sollozzo et du capitaine McCluskey par Michael Corleone au restaurant. il s'agit d'un montage parallèle dans lequel on voit une succession de journaux commenter la guerre qui ravage les rangs de la Mafia, tandis que l'on voit en même temps certains mafieux justement s'affairer dans leur vie quotidienne. La séquence est visible ici.

    Il a failli réaliser "Apocalypse Now" !

    Difficile d'imaginer le chef-d'oeuvre Apocalypse Now sans Francis Ford Coppola et son hallucinant tournage entré depuis longtemps dans la légende. Pourtant, George Lucas a bien failli réaliser le film. C'est même lui qui travailla en premier dessus, sur un scénario écrit par John Milius. L'idée de Lucas, c'était de faire un faux documentaire tourné au Viêtnam du Sud, alors même que la guerre continuait. On est à la fin des années 1960- début 70. Francis Ford Coppola était alors le producteur exécutif du film, et essayait de mettre sur pied un montage financier avec la Warner Bros. Mais le Deal échoue, et Coppola part finalement réaliser Le Parrain en 1972. Les années passent et entre-temps, Coppola et Lucas deviennent deux figures incontournables d'Hollywood : le triomphe du Parrain d'un côté; et l'ahurissant succès de Star Wars de l'autre. John Milius n'étant pas intéressé pour réaliser le film, Lucas donna sa bénédiction à Coppola pour le réaliser. La suite appartient à l'Histoire...

    Il peut remercier Alain Resnais de l'avoir privé de "Flash Gordon"

    Flash Gordon, c'est un des personnages fétiches de George Lucas, largement biberonné à la Pulp Culture. Fan de comics et de science-fiction, il souhaite adapter les aventures de Gordon sur grand écran. Ca permettrait aussi de le remettre à flot après l'échec de son premier film, THX 1138. L'ennuie pour lui, c'est que les droits d'adaptation sont déjà possédés par quelqu'un...qui se trouve être Alain Resnais ! De toute façon, il n'a pas les moyens d'acheter les droits. Il préfère finalement commencer à développer une histoire originale, avant même d'entamer la production d'American Graffiti. Une histoire qui sera la matrice de Star Wars. Et Flash Gordon alors ? Resnais tenta sans succès de réaliser un film, avant de revendre les droits au producteur Dino de Laurentis. De façon tout à fait ironique, c'est en voyant le colossal succès de Star Wars que Laurentis accéléra les choses pour mettre sur pied un film sur Flash Gordon, qui sortira en 1980.

    Un incroyable coup de poker

    Après le succès colossal d'American Graffiti (plus de 200 millions de $ de recettes), George Lucas est en position de force pour négocier avec la Twentieth Century Fox, qui a accepté de produire son prochain film. Un certain Star wars, auquel Alan Ladd Jr, un Executive du studio, ne comprend pas grand chose du concept; mais il a beaucoup aimé son précédent film. Qu'à cela ne tienne, il lui propose un salaire de 500.000 $, là où Lucas avait touché 150.000 $ pour American Graffiti. Au lieu d'accepter cette augmentation de 300%, Lucas demande à maintenir son salaire à 150.000 $. En échange, il demande deux choses : détenir les droits de tout merchandising à venir sur Star wars; et qu'il détienne les droits sur d'éventuelles suites. Pour la Fox, c'est un deal en or : les revenus du merchandising sont alors jugés négligeables, d'autant que le studio avait perdu une fortune avec une expérience passée sur Doctor Dolittle. Et pour les éventuelles suites ? Personne ou presque au sein du studio pense que Star Wars va marcher. Résultat des courses pour George Lucas : entre 1977 et 1978, Star Wars a généré plus de 100 millions de $ rien que pour les jouets. Plus de 35 ans après, les produits dérivés du premier film ont générés 12 milliards de $ de bénéfices, et aujourd'hui, ils rapportent chaque année 3 milliards de $. Là, on ne parle que du premier film. Comme Lucas détenait 100% des droits sur le reste de la franchise, on vous laisse faire le calcul...Pour vous situer un peu les choses : en 2012 (et avant le rachat de Lucasfilm par Disney) Lucas a empoché 3,3 milliards de $. Certains chez 20th Century Fox doivent encore en faire des cauchemars...

    George Lucas / Steven Spielberg : un pari qui vaut des millions de dollars

    Une anecdote à peine croyable, et pourtant, racontée par le site celebrity networth. Le tournage de Star Wars fut particulièrement éprouvant, physiquement et moralement, pour George Lucas. Brouilles avec son équipe technique, budget largement dépassé, retard sur le planning de tournage, post-production interminable...A un ponte de la 20th Century Fox qui lui dit que le film va être un énorme carton, Lucas lui répond : "oh non, ca ne fera jamais plus de 15 millions de dollars". Au bord de la dépression, Lucas part se changer les idée à Mobile, dans l'Alabama, là où son ami Spielberg tourne Rencontre du 3e type. La suite, c'est Spielberg Himself qui la raconte. "il pensait qu'il avait fait un film pour les gosses. Il est resté quelques jours sur le tournage de mon film, et m'a dit : "oh mon dieu...Ton film sera un succès infiniement supérieur à Star Wars. Ca sera le plus gros succès de tous les temps...Et si on faisait un pari ? Je te donne 2,5% de ce que je dois toucher sur mon contrat pour Star Wars, et toi tu me donnes 2,5% de Rencontre du 3e type ! J'ai répondu : ok ! Pas de problème, ca me va, je prends le pari là-dessus !" Rencontre du 3e type fut effectivement un colossal succès pour la Columbia, sauvée de la banqueroute, et rapporta plus de 300 millions de $. Mais les résultats de Star Wars dépassaient l'entendement. Fin 1978, les recettes mondiales s'élevaient à plus de 500 millions de $. Spielberg toucha 12,5 millions de $, soit avec ajustement de l'inflation près de 47 millions de $ aujourd'hui. "J'ai été l'heureux bénéficiaire d'une petite part de Star Wars, dont je continue encore aujourd'hui à voir l'argent" raconte Spielberg. Toucher des millions pour un film pour lequel on y est pour rien sur la base d'un pari, c'est quand même sympa. Bien joué Steve !

    La Directors Guild of America lui a infligé une amende de 250.000 $

    En 1980, George Lucas se voit infliger une amende plutôt salée de 250.000 $ par la toute puissante  Directors Guild of America, pour ne pas avoir crédité sur L'Empire contre-attaque le nom du réalisateur au début du générique, Irvin Kirshner. En fait, le syndicat estima que la mention "Lucasfilm" (sa société créée en 1971, composée de son nom donc) induisait que c'était le producteur qui avait réalisé le film, et non pas le réalisateur. Lucas paya l'amende, mais se retira de la Directors Guild of America. L'adhésion à l'organisme n'est pas obligatoire. En revanche, il est interdit pour un de ses membres de réaliser un film en marge des conventions nouées avec les Majors. L'anecdote d'ailleurs est que Lucas aurait souhaité que son ami Spielberg réalise Le Retour du Jedi. Mais, étant membre de la DGA, Spielberg n'aurait de toute façon pas pu.

    Il vénère Akira Kurosawa

    Parmi les cinéastes qui ont nourri l'imaginaire de Lucas figure en bonne place l'immense Akira Kurosawa. Pour deux films en particulier : les Sept samouraïs, et surtout la Forteresse cachée, dont les péripéties des personnages du film seront notamment la matrice des tribulations du tandem C3PO et R2D2. En 1980, Kurosawa et les studios Toho avaient du mal à trouver les financements nécessaires pour réaliser Kagemusha, future Palme d'or à Cannes. Coppola et Lucas proposèrent à Kurosawa de l'aider à faire le film. Ils réussirent à convaincre la 20th Century Fox de contribuer au financement du film en échange de la cession des droits de distribution de l'oeuvre au niveau mondial, hors Japon. C'est la première fois que les droits de distribution d'un film japonais furent pré-vendus à un studio hollywoodien. Il faut dire qu'il était difficile de refuser quelque chose à George Lucas, après le triomphe de Star Wars...Coppola et Lucas sont crédités en tant que producteurs exécutifs.

    Il est le co-créateur du célébrissime label THX

    Dans l'esprit de Lucas, l'expérience de la bande-son de sa saga Star Wars était aussi importante que les images, et constituait même 50% du spectacle. Pourtant à l'époque, les systèmes acoustiques des salles de cinéma étaient souvent de piètres qualités au niveau du rendu sonore. C'est un brillant ingénieur du son qui va rédiger le cahier des charges sous la supervision de Lucas, Tomlinson Holman. Lucas fonde alors en 1983 THX ltd, une filiale de sa société Lucasfilm. Le nom "THX" en hommage bien entendu à son premier film, THX 1138, mais qui sont aussi les initiales de l'ingénieur son. Le "X" signifiant aussi "eXperience". Les salles et les équipements sonores respectant ce cahier des charges drastique reçoivent la certification THX. En 1983, pour le Retour du Jedi, les premières salles THX s'ouvrirent au public. Depuis, ce label qualité s'est considérablement diversifié en fonction des supports et ne concerne pas seulement le son mais aussi l'image : du matériel de Home-Cinema en passant par les jeux vidéo, les Laserdiscs, DVD, des écrans TV...

    Il est aussi vigneron !

    Bon, ce n'est pas exactement George Lucas qui fait les vendanges. Mais les talents Hollywoodiens propriétaires d'une exploitation viticole aux Etats-Unis ne sont pas franchement légion. John Lasseter s'y est mis depuis une poignée d'années. L'exemple le plus emblématique est sans conteste Francis Ford Coppola. Le business du vin l'a littéralement sauvé financièrement et (re)fait sa fortune. Tellement d'ailleurs que c'est grâce à l'argent généré par ses vins que Coppola peut s'auto-produire pour ses films, comme il l'expliquait lui-même lors de la promotion de l'Homme sans âge. Si des vignes poussaient au Skywalker Ranch de Lucas dans les années 1990, c'est surtout dans les années 2000 que le décollage a lieu, grâce à...Coppola justement, qui envoie son maître de chai s'occuper des vignes de son vieux complice ! Ce dernier travaille toujours sur le domaine de Lucas. Expliquer à ses convives que la bouteille de vin "Skywalker" posée sur la table pour le dîner provient du domaine du papa de Star Wars, ca peut faire son effet.

    Il a financé des oeuvres difficiles

    On l'oublie un peu trop souvent, mais George Lucas a financé des oeuvres assez radicales. C'est le cas de l'extraordinaire Mishima de Paul Schrader, biopic en quatre chapitres de l'écrivain nationaliste japonais Yukio Mishima, qui se fit Hara-Kiri le 20 novembre 1970. Porté par un éblouissant Ken Ogata, le film est en outre célèbre pour son score signé Philip Glass, qui hante littéralement le film. Lucas a aussi aidé Godfrey Regio a réaliser Powaqqatsi, 2e volet d'une trilogie culte. Oeuvres expérimentales conçuent comme des collages, à la manière de gigantesques toiles, où s’entrechoquent des images hallucinantes, mélangeant Slow Motion, images générées par ordinateurs, Found Footage, films publicitaires, etc…dans lesquels l’Homme et son devenir est au cœur des préoccupations du réalisateur. Il met également la main au portefeuille pour produire le méconnu Latino en 1985, qui relate la lutte au Nicaragua entre le gouvernement Sandiniste et les rebelles. Lucas fonctionne à l'affect : le film est en effet réalisé par Haskell Wexler, un très grand directeur de la photographie à qui l'on doit celle de vol au-dessus d'un nid de coucou, Dans la chaleur de la nuit, l'Affaire Thomas Crown...et qu'il a eu comme professeur à l'Université de Californie du Sud.

    Il a été un des premiers à percevoir le potentiel des jeux vidéo

    Dès le début des années 1980, Lucas a été un des premiers à percevoir les jeux vidéo comme partie intégrante de l’industrie de l’Entertainment. En 1982, Lucas créa LucasFilms Game LLC, qui sera regroupé en 1990 aux côtés de Industrial Light & Magic et Skywalker Sound sous l’entité LucasArts Entertainment Company. Studio mythique de développement, il produisit quelques uns des meilleurs jeux d’aventures (baptisés "Point & Click") durant l’âge d’or du genre : la fin des années 1980-début des années 1990, qui laissent encore des souvenirs indélébiles aux joueurs : Maniac Mansion, la saga des Monkey Island, Day of The Tentacle, Loom…Si la société développa bien quelques projets autour de ses licences comme l’adaptation en jeu du Labyrinthe de Jim Henson ou encore Indiana Jones and The Fate of Atlantis, elle attendra quelques années avant d’exploiter la franchise Star Wars dans un jeu devenu mythique : la saga des X-Wing et Star Wars : Rebel Assault. Ce dernier, un des premiers à intégrer des séquences en Full Motion Video avec des acteurs, était alors considéré comme un must have absolu pour tous possesseurs de lecteurs de CD-ROM. En dépit de quelques succès, le studio a beaucoup souffert ces dix dernières années, et le rachat par Disney de l'empire de Lucas en 2012  lui aura été fatal. En avril 2013, Disney sabre LucasArts. La fin d'une époque.

    Il a créé Pixar

    A la fin des années 70, Pixar fut créé au sein de l'entité Lucasfilm, et devait assister Industrial Light & Magic en créant les effets spéciaux sur ordinateurs. Pixar tenait pleinement ses promesses, comme en attestent les effets spéciaux de Star Trek II, considérés comme révolutionnaires pour l'époque. Lucas fut pourtant obligé de vendre Pixar en 1986, partiellement en raison du colossal naufrage commercial de Howard le canard. C'est Steve Jobs qui se porta acquéreur, pour une bouchée de pain : 5 millions de dollars. A titre indicatif, Disney a dû débourser 7,4 milliards $ pour s'offrir Pixar en 2006.

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