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    L'Homme de Londres
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    momo M.
    momo M.

    34 abonnés 276 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 17 décembre 2014
    Mais que c'est lent !!!! Les acteurs ont du tous prendre du lexomil, c'est pas possible. Je n'ai rien habituellement contre les plans fixes dans les films, mais là, il n'y a que ça et cela n'apporte rien. Les acteurs hongrois s'expriment en français, langue que de toute évidence ils ne comprennent pas, ce qui donnent aux rares dialogues un côté maniéré et ridicule. Relisez le roman de ce pauvre Simenon qui ne méritait pas ce traitement.
    stebbins
    stebbins

    458 abonnés 1 747 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 septembre 2008
    Bela Tarr quitte les plaines hongroises de Satantango et des Harmonies Werckmeister pour l'île de beauté. L'Homme de Londres risque de décevoir un bon nombre d'adeptes du maître du plan-séquence. Tournée en hongrois puis doublée en anglais et français ( Bela Tarr a voulu rester fidèle à la langue d'origine de Georges Simenon ), cette oeuvre d'une splendeur visuelle peu commune ne fonctionne pas toujours : les doublages sont déplorables et décrédibilisent le propos. Pourtant, on ne peut remettre en question le souci d'authenticité du cinéaste, qui concilie son style hypnotique, envoûtant et l'atmosphère pesante d'une ville portuaire francophone. La séquence d'ouverture est assez extraordinaire sur le plan visuel : on suit la scène du débarquement à travers les yeux de Maloin, auquel nous nous identifions sans difficulté. Chose rare chez Bela Tarr, l'empathie pour le protagoniste est quasiment immédiate. D'autres problèmes rentrent malheureusement en ligne de compte : le jeu monolithique de la jeune Erika Bok ( la petite fille de Satantango ), la trame scénaristique particulièrement creuse et surtout la musique envahissante de Mihaly Vig qui déçoit plus qu'elle ne séduit. Cependant, L'Homme de Londres reste un très beau film sur la perception du monde : c'est certainement son oeuvre la plus sensible avec Damnation. Hypnotique, maladroit, virtuose et agaçant, c'est un film sur lequel il faudrait revenir. Si seulement les doublages et le casting avaient été plus travaillés... On tenait un chef d'oeuvre. Perplexe mais admiratif.
    stillpop
    stillpop

    74 abonnés 1 444 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 13 décembre 2011
    L'histoire d'un aiguilleur qui assiste à un meurtre nocturne crapuleux, mais quelque chose l'empêche d'être franc du collier.
    J'ai lu pas mal de Simenon, Maigret et hors Maigret, et force est de dire que la dureté et le côté désagréable de l'écrivain est parfaitement rendu dans ce film hors norme.
    Le premier plan séquence a failli m'énerver avant que je comprenne d'où venait cette ombre noire que je croyais rajoutée, ensuite, rassuré, j'ai dégusté les innombrables moments de bravoure cinéphilique.
    Contrairement aux dires des critiques, on ne retrouve pas l'épique plan séquence des monte charge de « Damnation », tout est plus léché, plus spatial et moins contemplatif, presque plus rapide. Pour ne pas dire plus professionnel, donc moins extrémiste. Hélas.
    Il reste quelques beaux retournements caméra, la scène du commissaire dans le bar, et quelques surprises, la chaise et le billard dans ce même bar dans une autre scène. Egalement de beaux jeux de lumière, les volets dans l'appartement par exemple.
    Quelques problèmes de netteté, la scène de la cabane est « tremblée », mais j'ai ensuite compris que vu le vent à cet endroit, le réalisateur n'a sûrement pu faire autrement. Alors que la scène est hélas décisive. Bref, on sent que la genèse de ce film n'a pas été simple, il suffit de voir les dates de réalisation.
    La musique est totalement répétitive, ce qui permet de n'y prendre aucun plaisir et se concentrer sur l'image. La bande son est également très dépendante du but du réalisateur, donc déroutante.
    On sent que le réalisateur a voulu se faire plaisir, certains travelling sont presque drôles à force d'obstination, et le choix d'un scénario très peu moral n'est pas le moindre des manquements aux normes du cinéma traditionnel. De sa Hongrie alcoolisée et désabusée, le réalisateur a du sentir une corrélation avec l'univers de Simenon qui détruit toute beauté aux prolétaires Français. Mais heureusement, il le fait avec moins de haine. On s'attache un tout petit peu à ce peuple de débiles profonds qui vont tout faire de travers. La déconstruction de l'intrigue à force de lenteur est bien fichue, la moralité du plus fort et du plus riche est parfaitement dans la lignée du dégoût qu'avait Simenon pour les moins que rien, et le film englue dans ce sentiment, lorsque le précédent aiguisait l'existentialisme et la survie.
    Il est difficile de donner une meilleure note qu'à « Damnation », en effet, si les travellings sont au dessus de tous soupçons, le doublage hongrois>français>anglais est très pénible (bien que finalement épique et ubuesque donc intéressant) tout comme le casting tellement hétérogène qu'il enlève quelque chose qui pourrait s'apparenter à la sécurité ou au plaisir du spectateur. Par contre, vue le côté abscon des performances demandées, tous les acteurs sont bons. La netteté n'est pas toujours au top, hélas spécifiquement sur le dernier plan du film ! Ce qui fait un peu désordre face à l'ambition de perfectionnisme de l'auteur. Mais il reste sublime face à l'histoire. Finalement, ce film est sans doute encore plus triste que « Damnation », mais plus digeste.
    Bref, la hargne et le plaisir visuellement anarchique de son précédent film font place à la morgue et la moiteur d'une trop vieille histoire qui ne peut charmer et assumer la verve contemporaine de l'art visuel de Béla Tarr. Et désormais sa maîtrise, puisqu'il a très bien conquis les nouvelles technologies industrielles du cinématographe.
    PS : Attention, 4 personnes sont sorties de la salle à la première demi-heure, ça reste du cinéma expérimental, à l'ancienne mais aussi contemporain, donc tout pour faire fuir. Contrairement à la lenteur de « Damnation », ici, les lenteurs sont sources de plaisir « littéraire », comme identique à un écrivain prenant son temps pour décrire la scène. C'est peut-être le problème de ce film, une narration normale face à une réalisation extraordinaire.
    max6m
    max6m

    61 abonnés 180 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 1 décembre 2010
    Petites précisions: je mets 3 étoiles à ce film en comparaison aux autres oeuvres de Bela Tarr. Comparativement au reste de la production cinématographique actuelle, ce film flotte très haut au-dessus du lot. Mais pour être objectif et rester critique, je me place dans le "référentiel Bela Tarr" et pour être honnête, "L'homme de Londres" est un peu en-dessous des autres réalisations du génie hongrois. Cela n'est dû à mon sens qu'au sujet même du film, une adaptation du roman de Simenon, qui en fait un film de genre empêchant les grandes envolées poétiques et hypnotisantes auquel Tarr nous avait habitués. Rajouté à cela quelques petits défauts, comme le doublage français et l'omniprésence de la musique, "L'homme de Londres" n'est pas du niveau des Harmonies ou du sublimissime Satantango. Il reste ces plans séquences extraordinaires (le plan dans la chambre, avec la surexposition au blanc suivie du long écran noir rythmé par le bruit lancinant de l'horloge m'en a donné le vertige) et le travail toujours aussi riche sur le son. L'atmosphère si particulière des films de Bela Tarr, celle qui vous fait oublier que vous regardez un film et vous propulse dans de sombres contrées mentales jusqu'alors inconnues est bien au rendez-vous, dès la première seconde du film. Les images sont la plupart du temps noyées dans un noir saisissant: j'ai rarement vu un film aussi sombre, au premier sens du terme. Plus personnellement, pendant mes moments de rêverie entre deux séquences, ce film me rappelait curieusement 2 autres oeuvres improbables et à première vue sans rapport avec Bela Tarr: le Eraserhead de Lynch (pour les contrastes, le travail entêtant sur les sons, la scène hystérique du repas et des coudes sur la table) et les muets de Murnau, notamment l'Aurore (la scène où Brown cherche le corps sur sa barque). Oui, je sais c'est curieux et sans véritable intérêt mais cela illustre une des facettes du cinéma de Tarr: faire promener nos pensées.
    traversay1
    traversay1

    3 076 abonnés 4 620 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 25 septembre 2008
    Comment qualifier le cinéma de Bela Tarr ? Hermétique ? Ténébreux ? Opaque ? Enigmatique ? Magnétique ? Contemplatif ? Un peu tout cela à la fois, faute de trouver le terme idoine. L'homme de Londres, adaptation atmosphérique et abstraite de Simenon, par le réalisateur hongrois, est tout bonnement insaisissable. Ennuyeuse, aussi, sans doute, pour ceux qui y chercheront une narration, une dramaturgie, des dialogues, autant d'ingrédients qui font l'ordinaire d'un film. Mais celui-ci ne l'est pas, ordinaire, car Bela Tarr est un artiste qui se fiche pas mal d'être en marge des canons du cinéma d'aujourd'hui. Libre à chacun d'entrer, ou pas, dans cet univers singulier à la fruste poésie.
    Caine78
    Caine78

    5 986 abonnés 7 396 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 25 avril 2015
    Ah ça ! C'est beau, c'est élégant, Bela Tarr manie les mouvements de caméra comme peu de cinéastes, le pouvoir hypnotique du film faisant son effet pendant un petit moment. Cela dit, lorsque l'on adapte du Simenon, je m'attends à autre chose qu'un exercice de style certes parfaitement maîtrisé dans son genre, mais n'en restant pas moins assez ennuyeux, voire franchement irritant sur la durée. C'est simple, on a l'impression que le réalisateur aurait pu boucler le récit en moins d'une demi-heure tant il se complaît à se regarder filmer, non sans un certain talent donc, mais surtout avec une évidente prétention. Alors les esthètes pourront toujours m'avancer la qualité de la photographie (effectivement très belle), mais moi, quand je m'ennuie parce que l'on ne me raconte rien, et qu'en plus cela est totalement calculé, ça me gonfle rapidement, surtout lorsqu'il s'agit de l'auteur de « Maigret », dont l'œuvre a été parfois transposée avec une grande réussite. Dommage, car il y avait en plus un vrai potentiel dramatique à exploiter, une tragédie humaine que n'aurait pas renié Marcel Carné ou Jean Renoir... On devra donc se contenter de beaucoup de beauté mais surtout de beaucoup d'ennui, tout juste éclairé par l'intrigue policière lorsque Tarr daigne bien la traiter quelques instants. Irritant.
    Santu2b
    Santu2b

    213 abonnés 1 782 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 27 janvier 2019
    Avec "L'homme de Londres" sorti en 2007, Bela Tarr adapte Georges Simenon. Comme beaucoup de films du cinéaste hongrois, celui-ci met en scène un être asocial à l'existence vide, devenant le témoin d'un meurtre. En plus de graves difficultés de tournage, l'ensemble constitue un Bela Tarr mineur. La plupart de ses qualités demeureront dans le domaine formel. Le cinéaste orchestre de façon savante de nombreux plans séquence, filmés dans un beau noir et blanc. Les décors sont soigneusement choisis et font la part belle à la Corse et plus particulièrement la ville de Bastia. Enfin la musique s'avère envoûtante, presque obsédante, à l'image des films de David Lynch. Mais on peine à retrouver l'ambiance captivante des romans de Simenon. Là, il faut bien avouer qu'il ne se passe pas grand chose que et le rythme extrêmement lent de l'intrigue en découragera plus d'un. Un film de transition assez moyen.
    Pascal
    Pascal

    117 abonnés 1 381 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 29 novembre 2023
    Présenté en CO à Cannes (2007), cet avant dernier opus à ce jour du hongrois Béla Tarr est reparti la corbeille vide.

    Les amateurs du cinéaste adepte du slow cinéma ( long plan séquence ou les scènes sont statiques et bercées d'une musique envoûtante) et dont la philosophie tragique le rapproche de celle de Schopenhauer, ne manqueront pas cette adaptation d'un roman éponyme de Simenon.

    Ce qui est formidable avec BT, c'est qu'en quinze secondes on identifie sa signature et son style.

    Sans doute plus facile d'accès que d'autres de ses opus, " l'homme de..." n'est pourtant pas la meilleure réussite de son auteur.

    La faute me semble t il au casting international doublé en français ( l'action a été tournée dans le port de Bastia) qui n'est mais alors vraiment pas du meilleur effet.

    Gâché par cet artifice raté, ce titre de Tarr n'est en rien déshonorant et reste tout de même de bonne facture.

    Le réalisateur hongrois nous présente ici une galerie de portraits de gens pas moralement recommandables sur lesquels règne une société gangrenée par l'argent.

    Il règne la médiocrité, la folie, la saleté spirituelle et la sidération. Tous ces thèmes sont déjà traités dans d'autres opus du cinéaste avec encore plus d'alacrité et de dégoût qu'ici.
    anonyme
    Un visiteur
    2,5
    Publiée le 14 octobre 2008
    Certes, le réalisateur reste assez fidèle à l'adaptation du génial livre de Georges Simenon et en magnifie même l'atmosphère: un superbe noir et blanc, un brouillard et une humidité omniprésents, des personnages burinés et marqués par la vie. Mais à force de se concentrer uniquement sur l'esthétisme (d'interminables plans séquences), Bela Tarr laisse l'intrigue (et du même coup le spectateur) de côté.
    ygor parizel
    ygor parizel

    200 abonnés 2 503 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 3 septembre 2012
    Décevant car Bela Tarr est un cinéaste à la belle réputation. Des images somptueuses et des mouvements lent mais hypnotique. Le problème ce que sont histoire est inintéressante beaucoup de séquences sont inutiles et du coup l'ennui arrivent. Cela dit j'ai envie de voir les autres films de ce réalisateur.
    chrischambers86
    chrischambers86

    11 893 abonnés 12 151 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 5 juin 2011
    Troisième adaptation d'un roman de Georges Simenon où les premières images (un très long plan sèquence qui suit la proue d'un navire) donne le ton de ce dixième film de Béla Tarr à la fois exigeant et austère! L'atmosphère embrumèe du port est bien rendue mais le formalisme excessif risque d'en perdre plus d'un route! Le style de la mise en scène dans la version d'Henri Decoin n'ètait pas sans rappeler celle des films noirs amèricains influencès par l'expressionnisme, celle de Béla Tarr est particulière et particulièrement hypnotique! La B.O est obsèdante, les bruits le sont ègalement, ou chaque action donne une dimension qu'on aurait voulu plus saisissante! Une oeuvre en demi-teinte où le cinèaste hongrois nous avait habituès à mieux...
    Pierre E
    Pierre E

    196 abonnés 665 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 18 janvier 2010
    Cinéaste formel fascinant mais inaccessible pour la plupart, avec L’HOMME DE LONDRES, Bela Tarr déploie sa recherche formelle dans une vingtaine des plans-séquences aussi somptueux que rigoureux. Une recherche formelle qu’il met entièrement au service de son scénario, dans son alternance d’instants statiques et de travellings complexes : Tarr filme d’abord les personnages dans leurs plus simples actions - capte le réel, pour ensuite mieux saisir l’essence de ses personnages, en exprimant leur désespoir, leur perdition, dans ses mouvements complexes et langoureux, travellings comme on en voit rarement d’aussi beaux.
    L’esthétique remémore les films expressionnistes allemands, dans son noir et blanc désespéré, pessimiste, ses décors habités par le mauvais augure, sombres, brumeux. L’univers évoque celui du réalisme poétique français, avec ses personnages forts, ancrés dans leur existence misérable et solitaire, voués à la fatalité. L’histoire de Simenon suggère des tonalités de film noir en mettant en avant la complexité et les contradictions de l’âme humaine au travers de personnages en perte de repères, désarmés, corrompus.
    Le rythme lent, d’un angle visuel autant narratif, renforce la monotonie de l’existence, l’impression d’une nuit trop calme qui semble infinie, éclairée par quelques lumières trop faibles pour y changer quoi que ce soit. Le spectateur contemple cette lente décrépitude en compagnie solitaire de Maloin, antihéros que nous suivons au pas, isolé dans son phare comme dans une tour d’Ivoire, à observer les va-et-vient de trains et cargos sans jamais penser à s’échapper de cet emprisonnement. C’est là que le film effraie. Il n’est pas bien difficile d’être en empathie avec ce monsieur-tout-le-monde à la dérive. L’HOMME DE LONDRES revêt une dérangeante universalité… Au-delà de sa splendeur formelle, c’est ce qui lui confère sa puissance tragique, et en fait un exercice de style qui rime avec une réussite extraordinaire.
    norman06
    norman06

    292 abonnés 1 595 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 24 septembre 2008
    Cette adaptation de Simenon, essentiellement composée de plans séquences interminables et de longs travellings, a certes une cohérence stylistique et reste fidèle à l’univers sombre et morbide de l’écrivain.
    Fallait-il pour autant présenter une telle vision glauque, et infliger ce hiératisme glacial ? On sauvera un beau plan de larmes féminines et le jeu sensible de Tilda Swinton, doublée en hongrois. Ce cinéma faussement moderne (n’est pas Angelopoulos qui veut) tient cependant davantage du pensum que de la création. Il a mis près de deux à sortir en salles. Vous voilà prévenus...
    Flavien Poncet
    Flavien Poncet

    208 abonnés 1 024 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 1 novembre 2008
    Dans les ténèbres du monde, en-deçà d’une vérité où croupissent l’homme et son triste sort, Béla Tarr trace des lignes érotiques sur des visages flétries. «A London ferfi» (Hongrie, 2003-2007) adapte Simenon pour témoigner d’un monde noir et désespérément contraint au silence, réduit au mutisme. Tarr lui-même se retient, efforce son cinéma à ne pas faire montre de narrativité pour combler le désir du spectateur en mal d’historiette. Tarr s’attarde sur des gens dont le quotidien pèse lourd, que la morosité ennuie. En démiurge que le cinéaste se plaît à être dans sa pratique du cinéma, il place dans le quotidien de ses «gens de peu» un objet de convoitise qui opère un basculement profond dans la vie de Malouin, modeste gardien de port. Au sein de ce drame, que l’accordéon adjoint d’une mélancolique tonalité, Tarr frôle les visages, caresse les situations et dévoile un monde comme on dénude une femme, avec la délicatesse des précieux. Pourtant Tarr n’est pas précieux, il est rude avec ses protagonistes autant qu’avec son auditoire. Le plan introductif où la caméra révèle la coque ombragée d’un navire en passant progressivement d’une contre-plongée à une plongée dans un mouvement lent contient tout le film. La bichromie du bateau (noir et blanc) signifie le dilemme, d’ordre éthique, qui se pose à Maloin. De même que la langueur du mouvement représente le trouble érotisme qui caractérise les gros-plans du film. Valeur purement assigné au cinéma muet, l’érotisme retrouve sa présence chez Tarr sans en passer par une photogénie esthétisante. La photographie de Fred Kelemen se contente d’accentuer de manière aigüe les noirs et blancs pour que Tarr y revienne dessus et relie, dans un geste d’effleurement que la caméra traduit, les pointes d’action qui se font au cœur de cette ville ténébreuse dont on ne perçoit que le port et les proches alentours. Cette proximité avec les expressions du visage, donc avec l’âme à en croire l’adage romantique, produit un cinéma éthique.
    ARGOL
    ARGOL

    25 abonnés 65 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 26 septembre 2008
    Sifflé à Cannes en mai dernier, le film a été produit dans des conditions rocambolesques et tragiques, apparaissant autant comme un miraculé que comme un ovni. En tout cas, les cinéphiles sont censés aimer. Car, oui, il y a ces plans séquences étirés à l’infini, parfaitement mis en scène, mais aux flous parfois fatigants… Car, oui, les acteurs imposent de belles présences si lourdes, si dures… Non, je ne me suis pas endormi une seconde, contrairement à ce que j’avais craint, honnêtement hypnotisé par un rythme dont la lenteur ne tue pas l’intensité. C’est vrai, j’ai aimé la beauté de cette œuvre, malgré les cafouillages de la postsynchronisation, malgré les problèmes de netteté.
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