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    Manhattan Lockdown
    Manhattan Lockdown
    2,0
    Publiée le 6 juillet 2020
    Le scénario qui tombe à pic est plus proche du scénario qui tombe à plat. Brian Kirk, issu des séries, arpente ce long-métrage avec une idée, celle de révéler qu’un uniforme n’est pas tout blanc ou tout noir. Autant dire qu’à première vue, ce n’est pas dans l’originalité qu’on va puiser de l’intérêt pour le film, mais bien dans le charisme de ses héros. Et une fois encore, le jeu n’est que suffisant, malgré une série B qui se dessine et qui aurait pu se distinguer de ses concurrents. Rien ne brille, la mécanique est presque automatique, si bien que les fils blancs se multiplient et ne laisse même pas une once de suspense nous atteindre.

    Andre Davis est un inspecteur qui n’a pas de quoi rendre jaloux un certain Harry Callahan, car se définit d’entrée par un traumatisme émotionnel. Chadwick Boseman le campe pourtant avec un certain engouement et s’applique à la tâche. Malheureusement, nous sommes loin de sa prestation dans « Get On Up » ou « Message from the King ». Après s’être enterré dans les coulisses de Marvel, il nous revient avec un costume plus complexe à étudier, mais pour ce qu’on en fait, il y aura peu à discuter. Ce que l’on souhaite mettre en relief, c’est pourtant une traque sur une île connectée par 21 ponts, mais jamais on ne joue sur ce moyen de pression ou cette tension. On peut donc résumer cela à une partie de cache-cache dans des quartiers de nouveaux riches, avec option métro afin de confirmer l’atmosphère New-yorkaise. Le film ne cherche ni à rentrer dans l’actionner movie et c’est sans doute ce qui le trahit, car on nous ampute d’un certain intérêt dans une course-poursuite qui ne prend pas réellement le temps de se poser.

    On accélère toujours plus vite, on évite les temps morts mais on ne retient que des raccourcis maladroits. En insistant sur l’efficacité, le film perd peu à peu en substances et tout se déconstruit à vue d’œil. Même après avoir saisi l’ampleur du sujet, à savoir dénoncer les agents de l’ordre qui ne justifient plus l’usage de leurs armes et de leur pouvoir, il reste toute une intrigue à développer et la traque vient à peine de démarrer. Ce portrait de l’Amérique avait pourtant de quoi plaire, même dans une démarche testostéronée, mais le réalisateur échoue à rendre le divertissement plus que convenable. Le visionnage en devient stérile et la plupart pourrait saturer de cette recette, maintes fois recyclée et maintes fois malmenée. Et malgré le faux-rythme soutenu, la narration assomme.

    En somme, « Manhattan Lockdown » (21 Bridges) peine à convaincre et se cache derrière son classicisme pour mieux jouer sur la sensibilité des spectateurs. Mais il n’y a rien d’aussi implicite, dans un film qui catalogue trop rapidement ses personnages secondaires, comme une Sienna Miller en retrait et une J.K. Simmons presque farceur. Le tout sonne comme stérile et les rebondissements n’ont plus besoin de compte à rebours pour s’annoncer. L’image que l’on peut avoir de la justice est donc fiévreuse, de même que le concept qui se limite à son titre et dont on ne tire pas avantage, pour raconter une mise en scène qui résume plus les situations de crise qu’elle ne les suggère.
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