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    Conjuring 3 : sous l'emprise du diable
    Conjuring 3 : sous l'emprise du diable
    2,0
    Publiée le 9 juin 2021
    La plus grande souffrance de cette franchise, c’est bien évidemment qu’elle nous épuise avec son lot de spin-offs, qui n’ont ni l’ambition, ni la vision affutée de James Wan pour mener à terme des récits pertinents. Toujours est-il que la pépite Conjuring tient à chaque fois ses promesses… mais pas ici. Bien que le catalogue des affaires Warren soit une aubaine pour la production, ce qu’en fait Michael Chaves manque de liant et surtout d’efficacité. Sa « Malédiction de la Dame blanche » ne diffère pas tant que cela des autres films de maison hanté, du moins sur le papier. Mais tout le succès de la franchise repose sur l’exécution et le dosage méticuleux du frisson, afin qu’elle ne nous transperce pas entièrement. Cela doit se cultiver chez un spectateur flexible, mais pas aux dépens d’une nouvelle structure chimérique qui peine à convaincre.

    Nous ressentons une rupture évidente, passé un prologue haut en tension. On se détourne assez rapidement des codes qui assumait le produit industriel qu’il est. Mais aurait-il mieux valu expérimenter l’essai sur un terrain vierge avant de se fourrer dans les crocs d’une telle responsabilité ? Cela ne veut pas dire que ce qui suit ne manque pas d’imagination, cependant, on éparpille toutes ces bonnes intentions avec des épisodes anecdotiques, à commencer par le fameux procès d’Arne Cheyenne Johnson (Ruairi O'Connor), ou encore procès du démon. Ayant déjà eu droit à son téléfilm dans les années 80, la Warner revient à la charge pour un méli-mélo intéressant, où l’enquête paranormale et criminelle prend une place relativement généreuse dans l’intrigue. Bien entendu, il ne sera pas question de s’accommoder uniquement des faits réels et le film usent autant d’artifice qu’il peut afin de renouer le frisson avec son public. Hélas, c’est sans doute un des plus gros échecs de ce retour, qui ne maîtrise pas assez sa grammaire horrifique.

    Patrick Wilson et Vera Farmiga, toujours aussi précieux, n’héritent donc ni du meilleur script, ni du meilleur hommage possible. Ce que le couple Warren génère en capital sympathie s’effondre au fur et à mesure que Wan prend de la distance avec son univers, essentiellement technique. L’investigation laboure autant qu’elle peut, mais ne se démarque jamais de ce qui a déjà été vu ou fait auparavant. Si l’ennui nous gagne, c’est aussi un peu à cause de toute la confusion que diffuse l’affaire, avec un mouvement et un rythme qui desserre l’étau sur le principal concerné, cette âme possédée ou presque. De même, le juridique ne sera que sous-entendu, voire étouffé par un mystère, dont on aurait audacieusement pu exploiter les vertiges et les nuances. Relancer les enjeux aurait ainsi été formidable, si l’on avait assez de matière à rendre les péripéties plus sophistiquées et cohérentes avec les sciences occultes que l’on chasse. Les approfondir aurait également été une option acceptable, telles sont les limites d’un cauchemar qui régresse.

    Il y a un loupé des plus navrant, sachant les prouesses des premiers volets aussi truculents que terrifiants. Ce dernier essai ne partage donc pas les mêmes valeurs et ne fait que calquer le fantôme d’un cinéaste qui n’a plus grand-chose à raconter de ce côté. Ainsi, « Conjuring : Sous l'emprise du Diable » (The Devil Made Me Do It) ne parvient ironiquement pas à maintenir son emprise sur une audience, encore suspicieuse d’un virage soudain et aussi convenu dans le genre du médiocre polar. Si quelques sursauts transpirent une qualité notable, il ne faudra simplement pas s’attendre à les découvrir au-delà de l’ouverture.
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