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    Searching - Portée disparue
    Searching - Portée disparue
    3,5
    Publiée le 28 juillet 2022
    Pari audacieux de la part de l’ex-employer de Google, Aneesh Chaganty qui s’élance avec fierté dans un premier film où l’illusion du numérique pourra surprendre les spectateurs. Au plus proche des technologies grandissantes que chacun utilise pour des besoins personnels ou des besoins professionnels, on nous immerge dans le réseau, où le pixel revient titiller nos rétines, trop habitué à la luminosité des appareils vidéo. Le format sur ordinateur et téléphone portable peut séduire, car l’approche est futile et ne dépayse pas l’utilisateur occidental, qui a tendance à se perdre dans l’algorithme complexe qui existe entre le monde virtuel et la vie privée.

    L’intrigue débute avec toute la tendresse possible, où l’ère du numérique et des écrans enjolive les souvenirs des familles et de tous les utilisateurs confondus. Entre la publicité prolongée et le sentiment de partager la méfiance de l’univers connecté, le réalisateur explore des pistes qui cherchent avant tout à sensibiliser les utilisateurs récents et ceux qui ne prennent pas encore conscience de toute cette dimension transparente, dans la vie d’une personne. À la suite de la soudaine disparition de Margot (Michelle La), son père David Kim (John Cho) explore les pistes les plus simples jusqu’à remonter sur les activités quotidiennes de sa fille, via les réseaux sociaux. Et la facilité déconcertante dont on aurait à user pour s’introduire dans une vidée privée en ligne est très perturbante. De nombreuses séquences insistent sur les démarches simplistes afin de détourner la surveillance parentale et celle de la sécurité morale de soi. Les exemples se multiplient sur les petits écrans de webcam où les conversations résonnent dans les haut-parleurs. L’artifice prend vite forme et nous tient en haleine dans cette course, qui perd parfois le fil de l’intrigue afin de montrer les diverses subtilités des outils qu’on utilise quotidiennement.

    Ce n’est pas pour autant qu’on nous prive d’émotion, mais cette émotion ne sort pas du film en lui-même. Non, elle nous parle via l’expérience, le bouche-à-oreille, les débats qu’on a pu avoir avec des proches, des amis et les rapports de faits divers qui ont tant terni l’image des manipulateurs et influenceurs du web. La folle aventure est épaulée par l’inspectrice Vick (Debra Messing), lien direct avec la réalité et qui nous ramène à réfléchir sur les actes que l’on commet et qui sont irréversibles. On joue bien évidemment avec la tension du qui serait responsable de cette disparition. Serait-ce Margot elle-même qui serait l’orchestre ou bien l’œuvre d’un pur hasard ? On se permet de mentionner cette dernière possibilité sans réellement l’approuver. On se concerte sur le mal-être d’une fille qui cherche à se découvrir, mais essentiellement à redécouvrir sa personnalité perdue, savoir d’où elle vient et sur quoi son présent est forgé. Et la distance entre parents et enfants est discutable dans la mesure où on place le monde dématérialisé entre les deux, comme un no man’s land de la conscience.

    « Searching » encourage ainsi les parents et leurs enfants à se réconcilier hors réseau, là où les émotions sont palpables et là où il est possible de trouver le bonheur. John Cho reste toujours dans un cadre serré, répondant avec force et nostalgie dans le rôle d’un père responsable. Mais au-delà de ces valeurs, il existe la transparence par le numérique. Certains parleront de technophobie surjouée, cependant le long-métrage laisse une marge entre le divertissement ludique et la sensibilisation sèche. La justesse répond alors présent et nous ne devrions pas manquer ce rendez-vous habile qui renforce notre connexion avec le monde qui nous entoure.
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