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    Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
    Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
    2,0
    Publiée le 3 septembre 2021
    Ce projet souffre indéniablement de “Suicide Squad” et son désastreux échec qui marque encore les esprits. Mais quand il s’agit de pousser les curseurs du féminisme au maximum, ça se dégoupille rapidement du côté du DC Extended Universe, si jamais on se décide enfin de lier toutes les temporalités… Mais passons ! Le projet est donc de se faire pardonner pour les origines de cette prolongation et rupture, au sein d’une production souvent chaotique. Pourtant, le film de Cathy Yan se dote d’une incroyable vivacité, malgré certaines maladresses qu’on lui pardonne, sur son premier banc d’essai à la hauteur d’un blockbuster délirant, si l’on venait à accepter la féerie de ce conte orné de symboles en tout genre, à défaut d’être crédible. Le thème abordé donc, sans trop de subtilité une certaine envie d’émancipation, autant avec le film de David Ayer qu’avec le cinéma d’action testostéroné. Mais à l’écran, il faut le voir comme une évolution, car à force de taquiner le sexe opposé, l’alchimie s'effrite et les facilités demeurent inévitables, ceci malgré le concept loufoque, mais adapté au divertissement qu'il aurait dû être l'escadron précédent.

    Les hommes n’ont pas une place de luxe dans ce récit qui les rabaisse à un état primitif. Et c’est justement grâce à cette distance qui les distingue des femmes, que ces dernières apparaissent fortes et indépendantes. Sur un ton revanchard, nous récupérons une Harley Quinn perdue dans un monde qui a du mal à l’accepter telle qu’elle est. Portée par une merveilleuse Margot Robbie, nous sentons un réel plaisir dans le jeu. Mais derrière ces grimaces qui se limitent à créer davantage de distance avec le personnage, qui se contredit et pas dans la plus belle des manières. C’est à coups de voix-off insistants et surexplicatifs qu’on découvre des motivations impertinentes chez cette rebelle du crime. N’oublions pas qu’il s’agit d’une vilaine et bien qu’on ne la traite pas comme une héroïne, elle siège malgré tout sur le fauteuil d’un véritable modèle, à suivre ou non selon le goût. Elle inspire de la réussite, mais son passé n’est sans doute pas assez intéressant et nous abandonnons rapidement à sa folie capricieuse et souvent inutile, à l’image d’une hyène sans volonté d’exister. Le film s’étire donc dans le but de réconcilier différentes figures féminines, annonçant la première et éternelle étape de guérison, à savoir la solidarité. Mais c’est dans une laborieuse exposition que l’on tente de nous amadouer et le bon ressenti s’effondre sur le trottoir. S’ajoutent alors de la violence à outrance, désarmant sans cesse le genre masculin de sa virilité, sous différents angles et jamais on prend le temps de nuancer les propos.

    Cela ne veut pas dire pour autant que l’engagement féministe est une faille dans la narration, car elle reste souvent en arrière-plan lorsqu’il s’agit du panel de personnages secondaires, réunies autour d’un prétexte ou MacGuffin grossier. Et c’est bien dommage, car nous pourrions trouver plus de potentiel caché parmi ces femmes de l’ombre, à commencer par Black Canary (Jurnee Smollett-Bell), qui hérite d’un fardeau assez lourd à porter afin de pouvoir survivre dans une cité ne jurant que par la terreur. Mais cette terreur, avant d’en rire, il faut nous la présenter, au lieu de partir en balade, sans qu’il n’y ait aucune récompense à l’arrivée. Mary Elizabeth Winstead est sans doute le fruit d’un teasing dont nous aurions pu nous en passer, malgré une profondeur ténébreuse qu’on aurait voulu explorer ici, mais son temps à l’écran est sévèrement limité. Pour Rosie Perez, l’enquêtrice en lutte avec tous les sens du mot justice nous apparaît avec une telle monotonie, qu’on en viendrait à préférer le rôle de la petite pickpocket maladroite, Ella Jay Basco, excuse marketing pour mêler deux générations et deux cultures, juste dans la forme. Enfin, pour conclure l’énumération sur le peu d’hommes présentables, Ewan McGregor, alias Black Mask, s’amuse au gré d’un scénario si mince qu’on ne peut lui reprocher quelques répétitions afin de temporiser jusqu'à un climax si inégal en termes de rythme.

    Entre violence banalisée et discours post-MeToo en action, il faudra plus qu’une poignée de paillette pour venir à bout d’une audience qui, de toute évidence, n'attend pas grand-chose de l’oeuvre. “Birds of Prey and the Fantabulous Emancipation of One Harley Quinn” pourrait toutefois séduire la plupart si l’on se limite à cette pseudo-excursion, bordée par des chorégraphies maîtrisées, mais qui passe souvent à côté de l’émotion. Pour la mise en scène, il y a pourtant est choses à sauver, mais cela ne dépasse jamais le cap de l’étincelle, alors qu’on nous promet éperdument un feu d’artifice. Les chansons sont mieux adaptées et servent une ambiance juvénile, cohérente avec le film. Malgré ces efforts, ce genre de projet doit être encouragé, mais pas en échange de notre passivité, face à ce que le film aurait pu devenir. Au lieu de marquer une réelle émancipation, comme annoncée dans le titre original, le film n’arrête pas de surfer sur des influences dignes d’un Deadpool fatigué ou encore d’un mauvais John Wick, car on n’assume pas à fond ces repères pour éviter le plagiat et les maladresses. Et l’œuvre ne se rend sans doute pas compte qu’il baigne déjà dedans et qu’il n’a pas su trouver justesse, équilibre et identité pour s’affirmer.
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