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    La Ruse
    La Ruse
    2,5
    Publiée le 12 mai 2022
    Avez-vous déjà entendu parler de l’Opération Mincemeat ? La petite poignée de spectateur citera « L'Homme qui n'a jamais existé » de Ronald Neame, pour les autres, c’est ici que la leçon va commencer. Le réalisateur de « Shakespeare in Love », « Indian Palace » et de « Miss Sloane » revient sur un stratagème qui tient de la fiction, malgré sa portée authentique, au sommet de la Seconde Guerre mondiale. John Madden s’appuie sur les écrits de Ben Macintyre, qui retracent l’idée farfelue et audacieuse d’un certain Ian Fleming. L’auteur de la future saga James Bond a donc tous les atouts de l’espionnage dans sa poche et nous permet ainsi de changer l’angle d’approche de ses aventures rocambolesques. La guerre secrète de l’arrière est en marche, uniquement pour le trophée qu’il représente.

    Hélas, ce n’est pas assez pour surprendre. Nous sommes loin de ce que pourrait offrir Hitchcock en termes de tension dramatique. Nous déambulons ainsi dans un sous-sol qui planifie une feinte à petite échelle, afin de servir un plus grand dessein. Le débarquement sur la Sicile semble compromis et pourtant, l’espoir repose sur le travail d’Ewen Montagu (Colin Firth) et de Charles Cholmondeley (Matthew Macfadyen), collègues dans le conflit et rivaux pour les beaux yeux de Jean Leslie (Kelly Macdonald). Leur salut se trouve pourtant dans les bras d’un mort, anonyme, qui devra préserver la vie de nombreux soldats, bien vivants mais toujours aussi anonymes. Le récit s’amuse ainsi à revenir sur les origines du plan, en donnant une vie, un passé et donc une histoire à une carcasse organique, qui se décompose à vue de nez.

    Entre espoirs et déboires, Madden se contente toujours d’assurer l’efficacité de sa narration, au lieu de la sublimer par la mise en scène. Rien de vraiment nerveux n’est à signaler, car le tout penche plutôt vers la noyade, en s’éternisant sur un triangle amoureux. Les protagonistes ont pourtant de la matière à faire vivre leur soldat anonyme et remplissent son CV de leurs plus belles frustrations que de leurs plus belles inspirations. Il n’y avait donc nul besoin de renforcer une sous-intrigue qui pense essentiellement à glorifier le fait, au détriment d’une urgence palpable, comme nous avons pu le vivre dans « The Imitation Game » par exemple. Nous sommes donc loin d’être bouleversés par la teneur du scénario qui ne manque pas l’occasion d’alourdir son propos dans un temps mort assez ennuyeux.

    « La Ruse » (Operation Mincemeat) finit par étirer toutes ses munitions jusqu’à les rendre obsolètes ou sans conséquence. Il nous donne plutôt envie d’aller découvrir l’adaptation de 1956, quitte à laisser derrière soi ces coulisses, remplies de comédiens rigoureux. Il sera sans doute possible de se laisser distraire par un sujet qui semble échapper à l’industrie cinématographique d’aujourd’hui, qui souhaite honorer les défunts et la fiction, mais jamais avec cette étincelle qui transcenderait l’incroyable petite histoire dans la plus grande.
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