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    Coupez!
    Coupez!
    3,0
    Publiée le 31 mai 2022
    Imbuvable et impertinent, c’est ce qui fait toute la sève de Michel Hazanavicius, qu’on ne présente plus pour ses « OSS 117 », « La Classe Américaine », « The Artist » ou encore « Le Redoutable ». Il n’est donc pas étonnant de voir ce bon artisan se rapprocher du remake de Shin’ichirô Ueda, qui n’a pas forcément eu toute la visibilité nécessaire pour satisfaire un véritable tremplin à l’international. Normal, car l’approche du projet consistait déjà à manœuvrer dans l’ombre et dans un minimalisme à la fois inquiétant et jouissive. Étant conscient de cela, le cinéaste choisit alors de franciser l’œuvre d’origine, à défaut de se la réapproprier, avec tous les pastiches qu’il maîtrise.

    Nous sommes à la frontière de la parodie pure et le sentiment qui s’en dégage n’est qu’un arrière-goût de réchauffer, du moins pour ceux qui ont déjà pu en faire l’expérience en territoire nippon. Hazanavicius en vient même à prolonger la durée du spectacle, au risque de perdre en efficacité, aussi bien dans le tempo comique que dans les allers-retours entre la fiction et la réalité. Pour les nouveaux venus, ce sera une ouverture inattendue, qui tente de communiquer avec un miroir cynique sur les déboires de tournages et la créativité artistique au point mort. Le concept n’est pas à vendre aussi vite que dans la bande-annonce, si l’on souhaite capitaliser sur la surprise et les rires sincères. La première demi-heure est à encaisser avec patience, avant que l’on dénoue tout le suspense sur un pseudo making-of, qui déborde d’énergie.

    Il faudra passer par la question du remake, qui ne dure qu’un temps avant de se rendre compte que l’on ne fait que singer le même programme que le précédent, en trois mouvements. La gestion des rôles secondaires n’est pourtant pas si outrancière et l’ajout du personnage campé par Jean-Pascal Zadi mérite le détour. Mais alors à quel moment viendra-t-on interroger l’existence du remake occidental ou de son opposition à la culture japonaise ? Ce n’est malheureusement pas en quelques lignes de gags qu’on repartira convaincu par cette démarche, qui ne transcende pas le concept et qui ne l’élève pas non plus à une relecture provocatrice, comme le cinéaste a déjà pu le faire avec son agent pas très secret. L’amour qu’il voue au cinéma passe déjà par l’idée même de réinterprétation. D’ailleurs, cette magie semblait déjà lui échapper avec « Le Prince Oublié ». Et si l’on ne sent aucunement l’envie de réclamer la plus haute place du podium sur l’échelle de l’originalité, il faudra plus que quelques vomis et des geysers de faux sang pour qu’il trône de nouveau dans cet art du contrechamp.

    Presque autobiographique, « Coupez ! » permet toutefois à Hazanavicius de faire la paix avec son style délirant de sale gosse. Sans rien inventé, il réussit cependant à promettre une narration cohérente et fluide dans son ensemble. Les quelques scènes qu’il rajoute ou étirent ne sont pas toujours des paris gagnants, mais il mise sur la compréhension du spectateur pour pardonner quelques maladresses. Le plan-séquence d’ouverture est à double tranchant, qui ferait fuir la première moitié qui ne saurait éveiller leur imagination, face à une réalisation lourde et laborieuse. L’autre sera récompensé et ne boudera pas son plaisir de gémir au rythme de répliques absurdes et de mauvais jeux maîtrisés.
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