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    Chernobyl
    Chernobyl
    4,5
    Publiée le 6 mars 2022
    L’Homme est une espèce qui évolue à travers ses technologies. Aujourd’hui, c’est ce qui fait sa fierté, son identité. Cependant, certains dérapages démontrent qu’une seule erreur humaine peut entraîner de lourdes conséquences. La série de Craig Mazin aborde un de ces épisodes tragiques qui a refaçonné la vision du monde à propos de la sécurité humaine et environnementale, vis-à-vis d’outils scientifiques qui dépassent l’entendement. Pourtant, son expérience peut prêter à confusion, car scénariser les derniers « Very Bad Trip », « Scary Movie » ou encore « Le Chasseur et la Reine des glaces » n’est pas représentatif du travail fourni pour sa mini-série, audacieuse et percutante. L’approche documentaire permet de préserver la tension des faits. Ajoutons à cela une bonne mise en scène et l’horreur s’invite face à notre totale attention.

    La catastrophe du printemps 1986 aura bien provoqué la panique générale en Europe de l’Est, à l’heure où l’Union Soviétique entretenait une certaine rigueur dans la course de l’équipement nucléaire. Cependant, rien n’est parfait et le drame qui en découle démontre que beaucoup de choses ont été remises en cause, notamment les compétences des hommes et d’un pays régnant dans l’effroi. Valery Legasov (Jared Harris) nous emmène donc, de force, dans le tourment des habitants de Pripiat et d’un gouvernement qui cherche à étouffer ses bavures. Mais la menace est présente, imperceptible et pourtant mortel. Les radiations sont une force toxique, autant pour les humains que pour leurs machines. Le débat se tourne donc sur la réaction du gouvernement soviétique sur l’événement, mettant à la lumière du jour tout ce qui pêchait dans la gestion de l’économie, mais également les faiblesses scientifiques et de sécurité du pays.

    Grâce au scientifique, nous pouvons réexplorer le drame avec une tension insoutenable. La reconstitution bluffe par la mise en scène. Connaissant plus ou moins l’impact et les conséquences des retombées radioactives, chaque protagoniste dans l’écran verra sa santé en pâtir. Vient alors Boris Chtcherbina (Stellan Skarsgård), vice-président du Conseil des ministres de l’URSS, qui viendra arbitrer les échanges entre la rationalité scientifique et le devoir d’un politicien sous l’ère Mikhaïl Gorbatchev. Sa vision est contrebalancée au fur et à mesure que des éléments d’enquêtes viennent alimenter les problématiques. Il y a d’une part contenir le cœur du réacteur qui fuit, puis gérer l’évacuation de la population. La force du collectif prend alors le dessus sur les écrans. Toutefois, le dernier mot sera donné aux scientifiques et avec la présence symbolique d’Ulana Khomyuk (Emily Watson), une liberté d’écriture intelligente. Aux côtés de Legasov, il existera un réel désir de corriger les erreurs passées, car chacun abandonnera sa rancune pour mieux avancer. Mais cela se fera au prix d’un lourd coût humain, chose qui touche aussi bien les innocents venus constater les dégâts, que les ouvriers venus apaiser une créature, réveillée pour de longues années encore.

    « Chernobyl » dénonce ainsi un abus de confiance chez des Soviétiques particulièrement manipulateurs, car la critique envers leur système se révèle sévère. Entre la pression du KGB et du mal qui frappe les alentours de la centrale, les cinq épisodes ne se développent pas un axe linéaire, loin de là. On prend en compte le sens du sacrifice, jusqu’au procès d’une nation. Dans un élan de lyrisme, la situation finit toujours par terrifier et Legasov nous l’apprend avec des discours visant à bousculer le spectateur. Il nous rappelle en quoi l’humain est une erreur de la nature, mais qu’il est possible de cohabiter selon des priorités à réviser. L’échec nous en apprend toujours plus sur les valeurs de l’humanité, tout en gardant une lisibilité incroyable sur les faits et sur la vulgarisation d’une catastrophe unique et magnifiquement contée.
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