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    Andor
    Andor
    2,5
    Publiée le 26 novembre 2022
    Il n’y a sans doute plus rien à attendre de la part des studios qui continuent d’étirer ses grandes oreilles pour essorer ses licences, non pas pour renouveler ses droits d’exploitation en permanence, mais toujours dans le but de déserter à terme les salles de cinéma, contre le confort du streaming. Cette troque est peut paraître vain quand il s’agit d’observer la quantité des œuvres « originales » qui apparaissent et disparaissent dans le même mouvement, noyées dans la masse, comme tout spectateur, qu’il soit abonné ou occasionnel. Avec Star Wars, la Force a disparu dans les mains de producteurs ou auteurs qui ne parviennent plus à trouver l’équilibre entre la nouveauté et l’héritage d’une saga, qui a marqué plusieurs générations. En piochant aléatoirement dans la littérature qu’ils ont eux-mêmes écarter du fil rouge des Skywalker, ils se sont permis de bifurquer dans le format sériel, qui a quelque peu réussi pour « The Mandalorian », dans une certaine mesure, mais qui s’est également heurté aux limites de ses ambitions.

    Préquel du préquel « Rogue One », le récit a la volonté de nous conter comment la rébellion est devenue est une réalité et une nécessité pour Andor (Diego Luna), anti-héros pour sa radicalité, mais patience, nous n’y sommes pas encore. Le point de chute n’est pas non plus donné aux héros de l’Empire, malgré une hésitation avec l’officier Syril Karn (Kyle Soller). Le titre évoque simplement le protagoniste central, vers qui le passé et la destinée vont se tourner. Tony Gilroy, scénariste du fabuleux détour de Gareth Edwards, est également à l’aise dans l’association du thriller et de l’espionnage, notamment avec la trilogie Jason Bourne ou l’inquiétant « Jeux de pouvoir ». Sa présence avait de quoi rassurer, mais même pour quelqu’un d’aussi expérimenter dans la narration, il se confronte aux exigences du format sériel, saccadant tout le rythme que son intrigue essaye d’insuffler. Le premier bouquet d’ouverture est symptomatique de tout ce que la firme tente d’apprivoiser, dans une fausse générosité, où les deux premières heures ne suffisent ni à lancer le héros dans l’aventure, ni à réunir des enjeux stimulants.

    On préférera pourtant la causette et un brin de maturité dans un contexte politiquement fort de la saga, avec une imposante répression du totalitarisme, sans pitié envers son troupeau. Mai une fois encore, on s’égare ou on étire à tort les préparatifs d’une action, que l’on entrecoupe maladroitement de sous-intrigues, qui ne seront pas résolu dans sa première saison. Fidéliser la foule devient le principal enjeu de la série, créant plus d’attente pour les saisons à venir que pour le prochain épisode à sortir. Pourtant, nous y sommes, proche d’un décor palpable et loin de la technologie « The Volume ». Les apparences peuvent toujours séduire, mais c’est en arrière-plan que ça coince toujours. En revenant à l’économie des moyens, avec une aventure plus terre-à-terre, sans un surplus de fantasy dans son enveloppe, les tambours de la révolte résonnent avec allégresse, là où les envolées épiques sont trop rares pour s’en émerveiller. Si on a enfin compris que tout ce bazar s’adresse aux « enfants » qui ont grandi avec la Force, pourquoi prendre autant de recul avec des flashbacks sans intérêt ou des simili-magouilles dans des soirées anecdotiques de la haute société de Coruscant ?

    « Andor » appelle au changement, mais il ne fait rien pour convaincre son audience de sa complexité et de son ambiguïté. Le mal se situe chez ceux qui ne savent pas se positionner et le récit joue avec des arguments intéressants. Il ne se prive pas de fragmenter le portrait d’une rébellion et d’en démontrer les aspects les plus extrêmes. À l’opposé, la compétitivité interne de l’Empire pourrait présenter les premiers signes d’une fracture. Ces points gagnent à constituer le moteur d’une fable de la liberté, qui est loin d’être acquise. Les valeurs sont bien au rendez-vous, mais pas sous leur forme la plus pertinente ou la plus ludique que l’on puisse espérer. Des balles perdues s’accumulent de nouveaux, pourvu que ces dernières ne soient pas non plus à blanc à l’occasion de la connexion à venir avec la grande histoire.
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