Fils de militaire, Bernard Giraudeau s'engage à 15 ans dans la Marine nationale. Bientôt titulaire d'un brevet de mécanicien, il enchaîne les petits boulots aux Halles ou dans une agence de publicité avant d'intégrer en 1970 le Conservatoire de Paris, où il obtient un premier prix de comédie classique et moderne en 1974. Sa première apparition au cinéma remonte à 1973, il joue alors le fils de
Jean Gabin dans le poignant
Deux hommes dans la ville de
José Giovanni. On le retrouve également au casting de plusieurs comédies à succès, souvent dans des rôles de "jolis coeurs" (
Et la tendresse ? Bordel !, 1978 ;
La Boum, 1980 ;
Viens chez moi, j'habite chez une copine, 1981). Mais notre bourlingueur aux yeux bleus s'emploie très vite à brouiller son image de séducteur en interprétant des personnages violents (
Rue barbare, 1983) et machiavéliques (
Le Grand pardon, 1981 ;
L'Année des méduses, 1984).
Acteur vedette d'un cinéma populaire musclé (
Le Ruffian, 1983 ;
Les Spécialistes, 1985 ;
Les Longs manteaux, 1986), Bernard Giraudeau est également remarqué pour ses compositions dans des films moins évidents comme le polar crépusculaire
Poussière d'ange (1987) - où il campe un flic alcoolique - et
L'Homme voilé tourné au Liban en 1987 par
Maroun Bagdadi. Encouragé par le réalisateur italien
Ettore Scola, qui le dirigea en capitaine séducteur dans
Passion d'amour (1980), Bernard Giraudeau passe derrière la caméra à la fin des années 80. Après
La Face de l'ogre, un téléfilm dans lequel il met en scène celle qui est alors sa compagne,
Anny Duperey, il tourne deux longs métrages qui témoignent de son goût pour le voyage et l'aventure :
L'Autre (1990), d'après le roman d'
Andrée Chédid - un projet qu'il portait depuis 18 ans - et
Les Caprices d'un fleuve (1996), un ambitieux film d'époque tourné au Sénégal.
Loin d'avoir abandonné sa carrière d'acteur - à l'écran comme sur les planches -, Bernard Giraudeau trouve même, à l'approche de la cinquantaine, quelques-uns de ses rôles les plus marquants : prof homo dans
Le Fils préféré (1994), prélat poudré dans
Ridicule (1995) de son vieux complice
Patrice Leconte, il incarne avec une évidente délectation les personnages ambigus et manipulateurs, comme le patron pervers d'
Une affaire de goût (1999), thriller signé
Bernard Rapp, ou le beauf homosexuel du décapant
Gouttes d'eau sur pierres brûlantes (2000) de
François Ozon. La critique et le public semblent alors redécouvrir le comédien, qui poursuit sur ce registre, entre ironie et cruauté, dans trois films présentés en 2003 au Festival de Cannes :
La Petite Lili de
Claude Miller,
Je suis un assassin de
Thomas Vincent, et
Ce jour-là du Chilien
Raoul Ruiz. Dans ce film, il joue le rôle d'un psychopathe diabétique. Au cinéma, cette éternelle "gueule d'amour" brillera une dernière fois en entraîneur de boxe thaï aux côtés de
Dida Diafat dans
Chok dee (2004) de
Xavier Durringer.
Atteint d'un cancer du rein en 2000 puis du poumon cinq ans plus tard, Bernard Giraudeau menait depuis ces dernières années une carrière de romancier à succès avec
Le Marin à l'ancre (2001),
Les Hommes à terre (2004) et
Les Femmes de nage (2007), tout en témoignant avec courage de sa lutte contre la maladie.