Un petit film de chambre(s), un recueil de nouvelles sautant de lieu en lieu, rappelant que certains des plus beaux gestes documentaires sont intrinsèquement itinérants et buissonniers, en préférant le voyage à la destination.
La mise en scène accentue la photographie des lieux et la beauté des corps fluides. Toutefois, le scénario aux multiples pistes manque d'un coeur dramatique fort, un véritable centre de gravité.
La singularité de l’œuvre repose sur le respect de l’hétérogénéité de ces matières, suggérée par l’indépendance de la musique et par le contraste entre le conte et l’histoire réaliste.
La cinéaste porte sur ce duo oublié de tous un regard d’une grande tendresse teintée d’une ironie discrète, s’attachant à rendre compte de leurs mots et de leurs gestes affectueux qui les raccordent au monde.
[Le film] investit le registre mordant de la comédie pour radiographier notre temps, [...]. Et [...] s’appuie sur une écriture très fine, jubilatoire, joliment maîtrisée sous ses airs ébouriffés.
C’est tout un art du récit dont fait montre la réalisatrice danoise, avec les trois éléments ainsi évoqués : la virtuosité du montage, une proximité empathique avec sa protagoniste, et un dispositif ultraléger: les maquettes.
Nicolas Philibert filme ces entretiens sur la longueur, avec le procédé le plus classique qui soit, le champ-contrechamp [...]. Plus ou moins frontaux, les angles des prises de vues ne sont jamais tout à fait les mêmes non plus. Tout cela, bien entendu, alterne sans cesse, et amène le spectateur à un degré de concentration rare face à ce qu’il voit et à ce qu’il entend.
Difficile de ne pas penser à Bela Tarr ou Lav Diaz devant le noir et blanc naturaliste-onirique qui grave les êtres humains et les chiens dans des paysages résonnant des histoires que l'on se transmet.
Autour du r – guttural, roulé ou à peine perceptible –, entre la règle et l'exception, entre nature et culture, entre le conscient et l'inconscient, s'érige une dialectique fertile. Née à Tel Aviv, Nurith Aviv sonde ses sources. Pour livrer un beau film qui confirme sa vraie identité, celle d'une poète, sous le signe de la couleur rouge.
Cette utilisation de différentes techniques enchaînées à la perfection permet au couple musicien-animateur de se dépasser et d'atteindre la célèbre note bleue dont rêvent tous les jazzmen.
D’où le mélange des formes narratives ou filmiques (western, réalisme, mythe), d’où le montage fluide, d’où enfin la présence d’un oiseau-âme, signe d’une liberté retrouvée et d’un univers réconcilié.
Dans le possible sillage d’un Big Fish and Begonia (Xuan Liang et Chun Zhang, 2016), l’équipe de Tian Xiaopeng élabore une cinématique virtuose procurant une forme matérielle aux affres existentielles.
Au-delà des motifs qui renvoient aux anciens films de Dumont, ce qu’on retient d’abord de ce portrait de l’humanité au bord du gouffre, c’est le plaisir. Plaisir d’un film qui ne ressemble à aucun autre, où l’on s’amuse beaucoup, et dont certaines visions apocalyptiques ne m’ont pas quitté trois semaines après la projection.
Cet art du télescopage déborde ainsi le cadre de l’hommage et des références cinématographiques pour résumer un bout de XXe siècle que Kröger tente d’embrasser de façon ludique, avant d’en sonder toute la profonde gravité.