La créativité visuelle n'enchante pas la misère : elle outrepasse les limites du naturalisme. Énergie existentielle plus forte que tous les jeux, l'imagination se fait refuge et ressource [...].
Le désir de rendre utile cette histoire induit le relatif classicisme de la réalisation, et peut-être Hara était-il plus ouvertement audacieux avec "Un été avec Coco" et "Colorful" qui s'enquéraient déjà des désarrois adolescents.
Quiconque aime le cinéma de Nuri Bilge Ceylan, et découvre aujourd’hui "Kasaba", son premier long métrage de 1997, ne peut manquer de noter que tout son cinéma s’y trouve déjà.
La construction use adroitement de retours de scènes types d’un épisode à l’autre, d’ellipses parfois très audacieuses, de temps morts qui contrastent avec des moments de crise.
Le réalisateur sait recueillir l’image de gens qu’on ne remarque guère, autant d’existences discrètes persévérant dans leur quête de sens et d’enracinement.
On retrouve cette familiarité dans l’interprétation hors pair qui nous est donnée de la pièce. La musique du saxo Joshua Redman (Malle a toujours aimé le jazz), l’image cristalline de Declan Quinn, la vivacité de la réalisation et une fabuleuse distribution (c’est là que Robert Altman découvrit Julianne Moore pour Short Cuts) ont fait de Vanya on 42nd Street un des grands moments de la Mostra.
"Sur la branche" ravit de bout en bout. Sans doute parce qu’il magnifie les perdants et les inadaptés... Mais aussi parce qu’il a la bonne idée de réunir Daphné Patakia, Benoît Poelvoorde et Agnès Jaoui, trois interprètes atypiques eux aussi, et virtuoses.
On assiste ainsi à un récit qui place ce réel comme décor énoncé sans pour autant tomber dans l’imitation ou le naturalisme. La réussite tient au point de vue qu’a choisi Jolivet pour raconter l’enquête.
Neuvième long métrage de Nuri Bilge Ceylan, "Les Herbes sèches" achève en apothéose un cycle de trois films consacrés à trois âges de la vie d'intellectuels condamnés à attendre un sursaut du destin dans des régions reculées de Turquie.