Mais ce fond traditionnel cache en fait une certaine forme de modernité. Car en établissant l’imaginaire de Rosas dans la réelle mer Méditerranée, en faisant de ce royaume un havre ouvert à tous les émigrants, et en montrant comment un dirigeant bienveillant sombre dans la dictature, Wish est l’un des Disney parlant le plus ouvertement de politique.
Avant la lumière, dans Le Temps d’aimer, long-métrage plein de la bienveillance et humanité de Katell Quillévéré, tout commence par des images d’archives de l’épuration : la violence punitive contre les « poules à boche ». L’amour peut-il réparer les survivants de ces ténèbres ?
Hirayama a de l’élégance. Il a de l’humilité. Il a de la splendeur. À ce personnage silencieusement expressif, tout en harmonie et grâce, Koji Yakusho confère une sensible grandeur, une substance poétique. Il n’en résout jamais le fascinant mystère, qu’on se plaît à regarder, avec un étonnement renouvelé.
Édouard Louis marche dans ses souvenirs, retrouvant le trajet qui fut le sien d’une classe sociale à une autre. Il avance, sur les lieux de sa renaissance, avec une lucidité aussi précise que désarmante, se souvenant de sa honte comme de sa honte d’avoir honte, de son dégoût de lui-même, de ses origines, de ses parents, avant d‘être libre.
Il y a de l’audace dans cette version de comédie romantique, qui ose même l’érotisme sur la couche conjugale, avec scènes de sexe gaillardes, pleines d’une étonnante et même amusante verdeur. Car oui, c’est drôle, ironique, cette comédie du couple dans laquelle Napoléon apparaît comme un amoureux faible, vulnérable et capricieux, sapant presque la légende du héros guerrier tout-puissant.
Pour incarner cette famille qui ne rentre pas dans les cases traditionnelles de la société sans pour autant être marginale, il fallait une sacrée actrice pour incarner la mère. Virginie Efira fait preuve de tout son talent pour rendre son personnage bouleversant et attachant.
Par un langage visuel fort - la musique, la lumière, la réalisation -, des composantes narratives habilement structurées - les glissements subtils d’un monde à l’autre -, la réalisatrice Héléna Klotz s’extrait des chausse-trappes de son sujet, en donnant à ce film d’apprentissage et d’émancipation sociale un genre, celui d’un film noir contemporain, élégant et convaincant, tout en tension paranoïaque et atmosphère sophistiquée.
Il suffit de voir l’arrivée de Marion Cotillard dans le film, revêtant une par une les affaires de Carole Achache, pour entrer dans un moment purement cinématographique, dévoilant l’un des aspects du métier d’actrice, d’habitude utilisé pour de la fiction, mais que Mona Achache plie pour coller à une forme de vérité, l’image de sa mère.
Le cœur conscient, c’est l’ardeur avec laquelle Robert Guédiguian éclaire l’émouvante solidarité des classes populaires, la force originelle du monde prolétarien et l’amour juste dans Et la fête continue !, appel à continuer le combat malgré la chute de toute illusion, le sentiment que l’histoire d’une certaine utopie communiste est finie.
Autour de Camélia Jordana, Mehdi Fikri a recomposé pour le cinéma une famille attachante, débordant d’amour : Sofiane Zermani et la débutante Sonia Faidi sont formidables et à chaque instant bouleversants.
Mélanger l’horreur et l’humour, on connaît. Mêler l’horreur et l’amour, c’est moins commun. Alors, au bout de cette Apocalypse harassante, burlesque, zinzin, la comédie de fin du monde s’échappe du récit anxieux pour respirer l’air tranquille des sentiments partagés.
Basé sur le roman de Suzanne Collins, scénarisé par Michael Lesslie et Michael Arndt, habilement maîtrisé par le réalisateur Francis Lawrence, La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur mêle action, romance et numéros musicaux, sur un air classique de Roméo et de Juliette.
Benjamin Lavernhe donne une qualité supérieure à ce biopic saturé d’effets cinématographiques et de musique emphatique, à mille lieues du dénuement et de l’humilité de l’abbé.
Dans l’intimité d’une cuisine de la Belle Époque, avec de rares incursions dans la salle à manger, la chambre à coucher ou le potager, La Passion de Dodin Bouffant nourrit le corps et l’esprit des amours ancillaires, pures et sincères, entre le maître d’un château et sa cuisinière. Au milieu des fourneaux, la grandeur des sentiments s’exprime à travers un art culinaire d’excellence.
Car finalement, le seul « vrai » reproche qu’on puisse faire au film, c’est d’appliquer la recette Marvel Studios un peu trop au pied de la lettre. Du coup, pour les personnes les plus blasées de cette formule, The Marvels n’apporte rien de nouveau. Mais ce classicisme n’empêche pas de passer un bon moment.
La réalisatrice québécoise démonte de manière cinglante les clichés et les préjugés, et personne n’est épargné par ce petit jeu de massacre social impitoyable, à la vacherie jubilatoire.
Dans cette odyssée magique, entre rêves fantastiques et réalité transfigurée, frappent le génie des dessins, la créativité extraordinaire des décors détaillés mis en mouvement, la composition minutieuse des paysages rehaussés dans un jaillissement de couleurs.
Si les images de son chef opérateur, Francesco Di Giacomo, sont magnifiques, Marco Bellocchio ne se met pas à distance par sa reconstitution historique, d’une grande beauté et maîtrise formelle.
Étonnant, piquant, terriblement séduisant, Le Syndrome des amours passées renouvelle le genre terriblement usé de la comédie du couple, avec un sens de l’humour parfois étrange, aux confins du fantastique et du fantasmatique.