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    Canal+ : après 25 ans d’absence, la série la plus malaisante et drôle jamais créée revient !
    Emilie Semiramoth
    Emilie Semiramoth
    Cheffe du pôle streaming, elle a été biberonnée aux séries et au cinéma d'auteur. Elle ne cache pas son penchant pour la pop culture dans toutes ses excentricités. De la bromance entre Spock et Kirk dans Star Trek aux désillusions de Mulholland Drive de Lynch, elle ignore les frontières des genres.

    Il s’agit d’un objet sériel non identifié. "L’Hôpital et ses fantômes", création folle sortie du cerveau de Lars Von Trier, revient avec un ultime chapitre intitulé Exodus. Spoiler : c’est complètement dingue !

    De quoi ça parle ?

    Vingt-cinq ans après la fin de la saison 2, Lars von Trier livre la suite très attendue de sa série iconique, L’Hôpital et ses fantômes. De nouveaux épisodes d’autant plus espérés qu’après le décès des deux acteurs principaux, Ernst-Hugo Jaregard et Kirsten Rolffes, on pensait une troisième saison compromise.

    Le réalisateur danois signe cinq épisodes hallucinés qui replongent dans les dédales du Rigshospitalet de Copenhague, surnommé au Danemark : le "Royaume". Le surnaturel, la terreur, l’absurde aussi s’invitent dans le quotidien surréaliste des patients et de l’équipe médicale. Et imprègnent chaque recoin de ce curieux Royaume, depuis ses sous-sols obscurs jusqu’au service de neuropsychiatrie, épicentre du mystère.

    Au casting notamment, Mikael Persbrandt, dans la peau d’un médecin suédois aux intentions mystérieuses, Bodil Jorgensen qui incarne Karen, une somnambule venue débarrasser l’hôpital de ses démons, Willem Dafoe, parfaitement inquiétant en aigle démoniaque, mais aussi Udo Kier, acteur fétiche de Lars von Trier, présent dès le premier opus.

    L’Hôpital et ses fantômes : Exodus, une série créée par Lars Von Trier avec Bodil Jorgensen, Ghita Norby, Mikael Persbrandt… Les 5 épisodes vendredi 7 avril dès 21h sur Canal+ Séries et disponibles sur MyCanal.

    Attention chef d’œuvre !

    Quiconque s’est approché de son cinéma s’est rendu compte que Lars Von Trier est un personnage complexe. Une telle assertion est même un euphémisme. Ses fans les plus ardents comme ses détracteurs les plus fervents en conviendront tous.

    Après 25 ans d’attente, le voilà qui déterre son hôpital favori avec L’Hôpital et ses fantômes : Exodus, soit la troisième et dernière saison en cinq épisodes de sa célèbre série surnaturelle.

    L’univers au ton sépia est toujours le même avec une caméra HD en plus. Après avoir traversé plusieurs scandales, affronté des problèmes de santé et des défis personnels au cours des deux dernières décennies, sa vision reste inchangée.

    Ce retour après 25 ans – et une saison 2 qui n’offrait à dessein aucune conclusion – n’est pas dû au hasard. Le réalisateur danois livre ici une réponse directe à un autre retour tonitruant : celui de David Lynch avec Twin Peaks : The Return.

    Comme dans la série de son homologue américain, L’Hôpital et ses fantômes n’a rien perdu de son humour dans un mélange de comédie, d’horreur et d’absurde qui en fait une œuvre incontournable.

    Il s'agit peut-être de la comédie la plus drôle de l'année, avec sa suite de médecins ineptes, son avocat dont le bureau est planqué dans les toilettes, ses réunions suédoises secrètes et une quantité titanesque de vaisselle à laver.

    Von Trier joue avec le malaise du spectateur avec une délectation non dissimulée. Il nous sort de notre zone de confort comme Les Wachowski débranchent Néo de la matrice pour le ramener à la réalité.

    © 2022 VIAPLAY GROUP, DR & ZENTROPA ENTERTAINMENTS2 APS

    La série exige une grande ouverture d'esprit. Elle n'a souvent pas beaucoup de sens. Elle est filmée de façon bancale. Elle se moque de tout, à commencer par ses médecins sur qui Lars Von Trier tire à boulets rouges avec joie.

    C’est une œuvre qui vous emporte dans un monde de bizarreries et d'absurdités. Von Trier rappelle au public la saveur de toute la superficialité et la vacuité de ce monde à coup de jets d’acide.

    Quelques visages familiers comme Willem Dafoe ou Alexander Skarsgard, qui suit les traces de son père, apparaissent dans des rôles secondaires, le premier comme Satan et le second dans le rôle de l'avocat des toilettes mentionné plus haut. Dans le même temps, Mikael Persbrandt devient à lui tout seul l’attraction principale de la série.

    Il tient un rôle central, en jouant le médecin principal Helmer Jr., fils du Helmer d’il y a 25 ans (joué par Ernst-Hugo Jaregard). Ses répliques drôlissimes et le jeu absolument parfait de Persbrandt ne font que monter en puissance au fil des épisodes. Véritable sommet d’incompétence, il devient le Docteur Mamour de Grey's Anatomy (Patrick Dempsey) dans une version vontrierienne des plus jubilatoires.

    L'intrigue d’Exodus peut donner l'impression d'être l'aspect le plus insignifiant de la série, surtout si l'on s'éloigne des personnages et des intrigues originelles. Lars Von Trier établit en réalité un dialogue encore plus marqué avec Twin Peaks et s’amuse à jouer à un jeu de miroir pour créer une entité à part entière.

    Il s’amuse même à faire une introduction totalement méta avec Karen (Bodil Jorgensen) qui regarde L’Hôpital et ses fantômes à la télévision et prend la série pour argent comptant. Elle se rend ainsi directement au Royaume pour y prendre la succession de feu Mme Druss.

    Comme pour les deux premières saisons, le réalisateur apparaît à la fin de chaque épisode, mais cette fois-ci, seules ses chaussures sont visibles. Affecté par la maladie, il préfère ne pas se présenter à l’écran.

    Comme pour les deux précédents opus, il faut prendre Exodus comme un objet sériel non identifié, une bizarrerie difforme comme le personnage de Little Brother, joué par Udo Kier dans les premières saisons, mû ici en un Big Brother dont on taira le secret.

    Préparez-vous au voyage car ça va secouer !

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