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    Inspiré d'un fait divers tragique, ce film a marqué la naissance d'une grande réalisatrice !
    Thomas Desroches
    Thomas Desroches
    -Journaliste
    Les yeux rivés sur l’écran et la tête dans les magazines, Thomas Desroches se nourrit de films en tout genre dès son plus jeune âge. Il aime le cinéma engagé, extrême, horrifique, les documentaires et partage sa passion sur le podcast d'AlloCiné.
    Co-écrit avec :
    Laëtitia Forhan

    "Virgin Suicides", le premier long métrage de Sofia Coppola, ressort en salles ce mercredi 12 juillet. L'occasion de découvrir les secrets de ce film qui a marqué une génération.

    Il y a des films qui laissent des souvenirs impérissables et ce, malgré les années qui passent. C'est le cas de Virgin Suicides, sorti en France en septembre 2000 et qui ressort ce mercredi 12 juillet dans nos salles dans une version restaurée en 4K.

    Du premier film de Sofia Coppola - qui avait vingt-huit ans à cette époque -, personne n'a oublié les cheveux dorés des sœurs Lisbon interprétées par Kirsten Dunst, A.J. Cook, Hanna Hall, Leslie Hayman et Chelse Swain, l'allure du tombeur Trip Fontaine, joué par Josh Hartnett, ou encore la bande-originale composée par le groupe français Air.

    Virgin suicides
    Virgin suicides
    Sortie : 27 septembre 2000 | 1h 37min
    De Sofia Coppola
    Avec Kirsten Dunst, James Woods, Kathleen Turner
    Presse
    4,4
    Spectateurs
    3,9
    Streaming

    États-Unis, années 1970. Cecilia Lisbon, dernière-née d’une fratrie de cinq filles, vient de faire une tentative de suicide. Pour changer les idées de leur benjamine, les parents acceptent d’organiser une fête à laquelle sont conviés des garçons du quartier, depuis toujours fascinés par ces cinq sœurs à la beauté renversante.

    Au cours de cette soirée, Cecilia se jette par la fenêtre. Dès lors, les filles Lisbon, au nombre de quatre, vont être de plus en plus étouffées par leurs parents surprotecteurs, jusqu’à la tragédie ultime...

    Pour fêter la reprise en salles de ce film culte, retour sur l'histoire de la conception du long métrage.

    Un livre inspiré d'une tragique histoire vraie

    Le long métrage est adapté du roman de Jeffrey Eugenides publié en 1993, Virgin Suicides, qui s'inspire d'une histoire vraie. Au milieu des années 1970, cinq jeunes filles issues d'une famille ultra conservatrice se sont suicidées. Leur décision reste un mystère.

    Carlotta
    La famille Lisbon

    Au départ, l'adaptation de ce roman devait être mise en scène par un autre cinéaste, dont le nom reste inconnu. Les mois passent et finalement le projet circule entre plusieurs mains. Très attachée au livre, Sofia Coppola prend connaissance des difficultés rencontrées par les producteurs pour trouver le bon metteur en scène et le bon scénario, et décide de s'en charger elle-même.

    "J'étais vraiment motivée pour faire ce film, alors je les ai rencontrés [les producteurs] pour qu'ils jettent un œil à ma version", explique-t-elle à Entertainment Weekly.

    "J'avais entendu que l'autre réalisateur faisait quelque chose de très sombre, et je voulais apporter de la lumière, c'est ce que j'imaginais en lisant le livre... Et puis, ils m'ont donné ma chance !"

    "C'est ce livre-là que j'aurais voulu écrire"

    En 2000, le dossier de presse du film présentait un entretien de la jeune cinéaste avec Susanna Howe. Sofia Coppola y expliquait plus précisément ce qui l'avait attirée dans l'ouvrage de Jeffrey Eugenides.

    Carlotta
    Virgin Suicides

    "Si j’avais pu être écrivain, c’est ce livre-là que j’aurais voulu écrire. J’ai beaucoup aimé la façon dont Jeffrey parle de l’opposition entre l’âge adulte et l’enfance. Il sait être drôle dans les moments les plus tragiques, et ne recule jamais devant des choses qui pourraient paraître inappropriées, comme quand le garçon remercie les parents Lisbon pour la soirée où Cecilia est morte.

    Le livre est remarquablement écrit, et les histoires d’obsessions amoureuses sont toujours amusantes à lire. Et puis il y a aussi cette façon unique d’évoquer quelque chose qui n’est plus, que ce soit une époque, une personne ou l’innocence. J’ai eu l’impression qu’il partageait un sentiment que j’ai, et que, je suppose, tout le monde a..."

    Et la version cinématographique du roman a été adoubée par l'auteur lui-même, qui dira après avoir vu le film : "De toutes les adaptations, celle de Sofia était la mieux construite. Je pense qu'elle est plus intriguée par l'histoire des filles proprement dite que par le point de vue des garçons, ce qui donne ainsi des nuances différentes à l'histoire. En écrivant le roman, j'étais davantage concerné par les filles et Sofia l'a très bien compris."

    Carlotta

    Budget limité, tournage express

    Ce film sur l'adolescence s'est tourné en moins d'un mois - vingt-sept jours plus exactement. Pourtant, rien n'était gagné.

    Une semaine avant le premier clap, le financement du film tombe à l'eau. Loin de se laisser abattre, Sofia Coppola et son équipe ont pu trouver de nouvelles ressources mais ont un budget restreint de six millions de dollars.

    La réalisatrice raconte, dans une entrevue avec The Guardian, que l'un des plus grands challenges était de créer un film d'époque avec si peu d'argent. "Heureusement, j'avais le soutien d'acteurs expérimentés et respectés comme James Woods et Kathleen Turner", relativise-t-elle.

    Carlotta
    James Woods et Kathleen Turner

    Les conseils d'un père

    Fille du grand Francis Ford Coppola, la cinéaste a pu compter sur la bienveillance et les conseils de son père pour l'épauler.

    Virgin Suicides a d'ailleurs été produit par la compagnie familiale American Zoetrope, créée en 1969 pour le film Les Gens de la pluie.

    Lorsque le metteur en scène de renom est venu rendre visite à sa fille sur le tournage de sa première réalisation, il lui conseilla de dire "Action !" plus fort pour que tout le monde sache qu'elle était aux commandes. Ce à quoi Sofia Coppola lui rétorqua : "Papa, laisse-moi le faire à ma façon."

    Si Francis Ford Coppola produit le film, Sofia a fait participer d'autres membres de sa famille a son premier long métrage. Ainsi, son frère Roman Coppola est réalisateur de la seconde équipe et son cousin Robert Schwartzman incarne un des garçons du voisinage, le jeune Paul Baldino.

    Carlotta

    Naissance d'une belle amitié

    Outre sa première expérience en tant que réalisatrice et scénariste, Sofia Coppola signe, avec le film, le début d'une belle et grande amitié avec l'actrice Kirsten Dunst, qui interprète l'héroïne principale, Lux Lisbon.

    La cinéaste en fait sa comédienne fétiche et collabore avec elle à de nombreuses reprises par la suite : Marie Antoinette, dans lequel la star joue le rôle-titre, Les Proies, ou encore The Bling Ring, le temps d'un petit caméo.

    Lors de la promotion des Proies en 2017, la réalisatrice confie d'ailleurs au magazine Elle : "Au-delà de son talent d’actrice, Kirsten est une artiste en laquelle j’ai une confiance absolue. Avec les années, nous sommes devenues amies. Elle est un peu ma petite soeur, je l’ai vue grandir dans mes films ! Elle connaît ma sensibilité, mon humour. Avec elle, pas besoin d’expliquer ce que je veux. Elle capte tout sur le champ."

    Carlotta
    Kirsten Dunst

    Sortie confidentielle pour film culte

    Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 1999, Virgin Suicides séduit de nombreux spectateurs et reçoit les louanges de la critique. Dans les cinémas français, il cumule pas moins de 480 536 entrées en fin d'exploitation. D'excellents chiffres pour un premier film, qui plus est indépendant.

    Seulement, aux États-Unis, c'est une autre histoire. "Malgré cet accueil, presque personne ne l'a vu en Amérique. Il a eu une sortie lamentable, et puis il a disparu des salles" regrette la cinéaste. Sur le sol américain, Virgin Suicides récolte moins de cinq millions de dollars et engrange 10,4 millions de $ au box-office international.

    Pourtant, peu de temps après sa sortie en vidéo, le film s'offre une seconde vie et 23 ans plus tard, il bénéficie d'un statut - mérité - de film culte.

    Avec ce premier long métrage, Sofia Coppola pose les bases de son cinéma : l'adolescence et le passage difficile à l'âge adulte, une bande-son en parfaite symbiose avec l'image et une mélancolie qui transparaît à chaque plan.

    Virgin Suicides est à redécouvrir au cinéma dès ce mercredi en version restaurée 4K.

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