Chanteuse prisée de la scène électro-balkanique, révélée par le cinéaste Tony Gatlif dans le magnifique Gadjo Dilo qui fut son premier rôle au cinéma et pour lequel elle remporta en 1997 un Léopard de Bronze de la meilleure actrice à Locarno ainsi qu'une nomination au César du meilleur espoir féminin, Rona Hartner est décédée à Toulon, où elle vivait depuis une dizaine d'années, des suites d'un cancer. Elle avait 50 ans.
"Avec une grande tristesse, nous apprenons que Rona Hartner, comédienne, chanteuse, productrice, très engagée dans le milieu artistique chrétien toulonnais, nous a quittés" a commenté le Diocèse de Fréjus-Toulon sur son compte Instagram.
Le cinéaste a également réagi à l'annonce du décès de sa comédienne, dans un communiqué transmis à l'AFP (via BFM) : "C'est un déchirement pour moi, c'était quelqu'un de formidable, d'une grande générosité, dans le jeu comme dans la vie. Quand elle a gagné un prix à Locarno, elle a pris tout ce qu'il y avait à manger pour le mettre dans un sac. Les gens de Locarno étaient offusqués mais, quand elle était sortie, elle avait tout donné aux pauvres. Elle était très généreuse".
Un premier rôle et une révélation
D'origine allemande, mais née à Bucarest en Roumanie le 9 mars 1973, Rona Hartner se passionne très tôt pour le cinéma et la musique. Après la révolution roumaine qui renversera la dictature de Ceausescu, elle s'inscrit à l'université pour suivre des cours d'art dramatique.
Mais c'est sa rencontre avec Tony Gatlif, venu faire un casting en Roumanie pour son film Gadjo Dilo, qui détermine sa carrière, en lui offrant son premier rôle au cinéma. Troisième et dernier film d'une trilogie consacrée à la communauté gitanes, entamée en 1983 avec Les Princes, Gadjo Dilo évoque la rencontre d'un personnage, incarné par Romain Duris, partant en Roumanie pour tenter de retrouver une fameuse chanteuse appartenant à la communauté Rom.
Ci-dessous, un extrait du film...
Une toute première composition pour Rona Hartner, véritable révélation du film, qui lui vaut en 1997 un Léopard de Bronze de la meilleure actrice à Locarno, ainsi qu'une nomination au César du meilleur espoir féminin. L'année suivante, elle retrouve le metteur en scène et Romain Duris pour Je suis né d'une cigogne.
A l'affiche de Mischka, de Jean-François Stévenin en 2001, elle apparaît en 2003 dans Le Divorce de James Ivory, ainsi que dans Le Temps du loup de Michael Haneke, aux côtés d'Isabelle Huppert.
Après plusieurs courts-métrages dans les années 2000 et quelques apparitions dans des films mineurs, elle sera en 2011 à l'affiche de Poulet aux prunes. Une oeuvre étonnante signée en tandem par Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, oscillant entre le burlesque et l’émotion, la fantaisie et la gravité, prônant le mélange des genres, qui sera nominé pour le Lion d'or à la Mostra de Venise.
Entre comédie (Des milliards de toi mon poussin, Le correspondant) et série (Les Grands), Rona Hartner a poursuivi tranquillement sa carrière sur petit et grand écran en parallèle de celle de chanteuse; jusqu'en 2023 avec Le Petit Blond de la Casbah d'Alexandre Arcady, sorti dans nos salles le 15 novembre dernier.
