Dans un entretien pour le journal Le Monde, publié fin décembre, Paul Schrader (scénariste notamment de Taxi Driver) a tenu des propos au sujet de Killers of The Flower Moon qui ne devraient pas manquer de faire réagir. Le long métrage de Martin Scorsese, très apprécié du public et de la critique, et notamment de la rédaction d'AlloCiné, se fait railler par Schrader !
"Marty [Scorsese] me compare à un miniaturiste flamand. Lui, il serait plutôt du genre à peindre des fresques de la Renaissance. Donnez-lui 200 millions de dollars (180 millions d’euros), il en sortira forcément un bon film. Cela dit, j’aurais préféré que Leonardo DiCaprio joue le rôle du flic, dans Killers of the Flower Moon, plutôt que celui de l’imbécile.
Passer trois heures et demie en compagnie d’un idiot, c’est long. Vous voyez cette vilaine blessure sur mon doigt ? C’est la dernière contribution de Marty à mon existence. J’ai dîné chez lui, il y a trois jours. L’un de ses chiens m’a mordu. Quel enfoiré ! [Il se marre.]"
L'occasion pour lui aussi de commenter les derniers films en date de ses autres camarades du Nouvel Hollywood : "Francis Ford Coppola a toujours aimé les gros joujoux, c’est son truc. Il a vendu ses vignobles pour tourner Megalopolis, j’ai hâte de voir ça. Il faut que la débauche de moyens serve un dessein bien précis. Pour La Horde sauvage (1969), Sam Peckinpah a eu besoin de quatre ou cinq mois de tournage. Ça se justifiait : il ne filmait rien de moins que la mort du western !"
Paul Schrader revient également sur quelques uns des succès de l'année et sur le santé du cinéma plus généralement : "Barbie et Oppenheimer sont d’excellents films. Barbie atteint, avec simplicité et ironie, sa cible. Oppenheimer, malgré sa durée, m’a impressionné. Maestro, le film de Bradley Cooper pour Netflix, aussi. Les plates-formes aujourd’hui mènent la danse. La sortie en salle est devenue une niche, comme l’opéra. Ce n’est plus le cœur de l’industrie, même si la fréquentation s’est stabilisée. On se dirige, je pense, vers un modèle hybride. Netflix a acheté une salle de cinéma à New York, ils y ont organisé une rétrospective de mes films pendant un mois. C’était complet ! Les cadres de Netflix ont accueilli la grève comme du pain bénit. Ils dépensaient trop, c’était l’excuse parfaite pour réduire leurs coûts et dégraisser."
Paul Schrader vient de réaliser un nouveau film Oh, Canada, d'après le livre de Russell Banks.
