De quoi ça parle ?
Véritable anthologie télévisée, Nudes nous propose de découvrir trois histoires distinctes, celles de Victor, d’Ada et de Sofia, trois jeunes à des âges différents de l’adolescence, qui ne se connaissent pas et n’ont pas grand-chose en commun.
Tous trois sont, toutefois, familiers des nudes, c’est-à-dire des photos dénudées d’eux-mêmes envoyées à une personne de confiance, généralement un ou une partenaire amoureuse ou sexuelle. Malheureusement, ces nudes ne sont pas toujours pris ni partagés de manière consentie par la personne concernée.
C’est ainsi que Victor se retrouve, un jour, accusé d’avoir diffusé des images pornographiques d’une mineure, en l’occurrence une vidéo d’une relation sexuelle qu’une jeune femme a eu lors d’une soirée étudiante à laquelle tous deux ont participé.
A contrario, Sofia découvre, elle, le lendemain d’une soirée, qu’une vidéo d’elle circule sur les réseaux sociaux, une vidéo prise à son insu durant celle-ci et dans laquelle on la voit avoir un rapport sexuel avec une autre jeune femme.
Quant à Ada, c’est la descente aux enfers le jour où on lui apprend qu’après s’être inscrite sur une application de rencontres et avoir échangé avec un étudiant plus âgé de son école, les nudes qu’il lui avait demandé ont été postés sur des sites pornographiques.
C’est avec qui ?
L’une des particularités de Nudes réside dans le fait que les histoires de Victor, d’Ada et de Sofia sont contées par trois réalisatrices différentes. On retrouve ainsi, derrière la caméra, Andréa Bescond (Les chatouilles, Quand tu seras grand), Lucie Borleteau (Chanson douce, A mon seul désir) et Sylvie Verheyde (Stella, Madame Claude).
Devant la caméra, trois interprètes quasiment inconnu·e·s du grand public ont été choisi·e·s pour incarner les jeunes personnages principaux, à savoir Léonie Dahan-Lamort (Un si grand soleil, Stella est amoureuse), Nelligan (dont il s’agit du premier rôle à l’écran) et Baptiste Masseline (Mixte).
A noter, également, la présence, dans des rôles secondaires, du rappeur Gringe (Comment c’est loin, Bloqués), de l’humoriste Waly Dia (Commissariat central, Osmosis, Vise le cœur), ou encore de l’acteur Jérémy Gillet (Mytho, Des gens bien ordinaires).
Ça vaut le coup d’œil ?
Nudes figurait parmi nos attentes pour 2024. Désormais en ligne, elle vient confirmer notre intuition : il s’agit de LA série française de ce début d’année.
En effet, nous vous vantions, début janvier, sa volonté risquée de s’emparer d’un sujet tout à fait contemporain tel que les nudes, encore rarement traité en fiction, ou du moins de manière centrale comme ici. Finalement, il est très intéressant de constater que la série ne parle pas tant de nudes que de relations humaines, en évitant l’écueil de porter un regard mal-informé et moralisateur sur cette pratique et en montrant que les dérives (cyber-harcèlement, revenge porn...) viennent, avant tout, comme pour toute nouvelle technologie ou pratiques plébiscitées par les jeunes, de ce que chaque personne en fait.
Nudes fait, de plus, preuve d’une certaine subtilité dans sa pédagogie. Enfant d’agricultrice, issu·e de banlieue ou d’un milieu bourgeois, enfant de famille monoparentale ou non, garçons et filles accusé·e·s ou complices… Pour montrer qu’aucun·e jeune n’est à l’abri des dérives associées aux nudes et qu’il est, à ce titre, important d’avoir conscience de celles-ci, la série a l’intelligence d’introduire des personnages qui n’ont pas grand-chose en commun. La série est également aidée par le bon choix de format, celui de l’anthologie, qui permet de raconter plusieurs histoires sur quelques épisodes plutôt qu’une seule sur davantage d’épisodes.
Claude Pocobene
La qualité de Nudes vient, d’autre part, des histoires fortes qu’elle raconte, incarnées, qui plus est, par un casting solide, et en particulier par trois jeunes interprètes talentueuses et talentueux, que sont Léonie Dahan-Lamort, Nelligan et Baptiste Masseline. Frappante est, par exemple, la scène où Ada, une fille de 14 ans, reçoit une demande de nude de la part d’un jeune homme proche de la majorité alors qu’elle est en pyjama à motif têtes de chats en train de se brosser les dents avec sa brosse lumineuse pour enfants. Glaçante est également la scène où Victor et son meilleur ami discutent dans le jacuzzi lors de la soirée étudiante qui pose question.
Si tout un tas de thématiques ne sont, dans Nudes, évoquées que de manière succincte et secondaire (éducation sexuelle et au consentement, homophobie, mépris de classe, pédocriminalité, rapport de confiance vis-à-vis de la police et de la justice, réappropriation féministe de l’espace public), saluons, malgré tout, cette mise en lumière qui rappelle que toutes ces affaires de violences sexuelles ne sont jamais que cela mais sont, en réalité, traversées et motivées par de multiples influences à l’échelle personnelle ou de la société qui sont donc à prendre en compte.
Nudes est une mini-série inédite à découvrir en ligne à partir de ce jeudi 1er février sur Amazon Prime Vidéo.
