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    Un acteur du Silence des agneaux traumatisé par son rôle ? "Je pensais avoir vu l'Humanité dans ce qu'elle avait de pire"
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    En préparant son rôle d'agent du "Silence des agneaux" auprès d'un véritable agent du FBI, Scott Glenn a profondément été perturbé par ce qu'il a vu et entendu. Au point d'en faire encore des cauchemars.

    Formé à l'Actors Studio, Scott Glenn est un fabuleux acteur qui n'a, depuis longtemps, plus rien à prouver. Dans une carrière s'étalant sur plus de soixante ans, parfois en dents de scie, il a joué dans des classiques absolus du cinéma, même s'il n'a, très injustement, jamais eu l'honneur de glaner ne serait-ce qu'une seule citation à l'Oscar.

    Il fut un génial Alan Shepard dans L'Etoffe des héros, à l'affiche de Urban Cowboy, Nashville ou Apocalypse Now, du western Silverado devenu un classique, chez John McTiernan dans A la poursuite d'Octobre rouge, indic véreux et trafiquant dans le Training Day d'Antoine Fuqua.

    Et, bien entendu, le formidable Jack Crawford du FBI dans Le Silence des agneaux de Jonathan Demme.

    Dans un passionnant et récent entretien accordé au site The Flashback Files qui passe au crible sa carrière, l'acteur raconte combien il a été marqué à vie par ce rôle et ce film.

    "Cela vous marque pour le reste de votre vie"

    "Le rôle le plus dur émotionnellement et psychologiquement que j'aie jamais joué fut, et de loin, celui du Silence des agneaux. Ce qui m'a un peu aveuglé. Ce n’était pas mon choix, c’était le choix de Jonathan Demme, qu’il repose en paix. C'était un brillant réalisateur, et un très bon ami de ma femme Carol et moi.

    Jonathan a voulu que je passe deux ou trois semaines avec l'agent John E. Douglas au sein du Behavioral Science Unit du FBI [NDR : l'unité des sciences du comportement, formée en réponse à l'augmentation des agressions sexuelles et des homicides dans les années 1970], pour découvrir et connaître cet univers. Les choses dont j'avais connaissance dans cette recherche pour m'immerger dans le rôle me font encore faire des cauchemars.

    J'ai fait partie du corps des Marines. J'ai grandi à Pittsburgh. Ce n'est pas comme si j'avais mené une vie protégée. Je pensais avoir vu l'Humanité dans ce qu'elle avait de pire. [Avant ça] Je n'en avais aucune idée.

    Lorsque vous écoutez un enregistrement réalisé par des gens qui violaient, torturaient et tuaient des petits enfants, même si vous restez assis pendant trente secondes, cela vous marque pour le reste de votre vie. Il y a des moments où ça me fait encore peur".

    "Je n'ai pas de réponse honnête à ça"

    "En repensant à votre rôle, pensez-vous que vous aviez vraiment besoin d'écouter tout ça ?" lui demande intelligemment le journaliste en relance. Scott Glenn répond : "Je n'ai pas de réponse honnête à ça. Je ne sais vraiment pas. Ce que je sais, c'est que ces expériences donnent à votre performance un sentiment d'autorité sous-jacent. Sans que vous le vouliez.

    Par exemple, dans ces scènes que je fais avec Jodie, quand je lui parle de ce type qu'elle va chercher, je n'essaye pas d'aller dans ces endroits sombres, mais je suis presque sûr qu'ils sont là de toute façon".

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