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    "Catwoman" : rencontre avec Lambert Wilson

    A l'occasion de son passage à Deauville pour "Catwoman", AlloCiné a rencontré l'acteur français Lambert Wilson. Sharon Stone, Halle Berry, le cinéma américain : il s'exprime sans langue de bois.

    Dans le Catwoman de son compatriote Pitof, le Français Lambert Wilson donne libre cours à sa fantaisie en tyrannique et cynique dirigeant d'une société de produits cosmétiques. A l'occasion de la présentation du film à Deauville, AlloCiné a rencontré l'acteur, toujours très élégant. Il évoque sans langue de bois, et non sans humour, sa rencontre avec Sharon Stone et Halle Berry, son rapport avec le cinéma américain et ses désirs d'acteur.

    Sharon Stone d'un côté, Halle Berry de l'autre. Il y a de quoi devenir fou au milieu de ces deux icônes...

    Lambert Wilson : C'est vraiment impressionnant de travailler avec elles. Elle sont vraiment de deux générations d'actrices très différentes, il y a opposition de deux écoles. Sharon est l'archétype de l'actrice des années 80/90, dans l'extrême sophistication, assumant jusqu'au bout le jeu de la séduction, ménageant ses effets. Halle, de son côté, fait plus partie de ces acteurs du 21e siècle, qui ne se la jouent pas. On est là pour bosser. C'est dur ce qu'on leur demande de faire, être belles seize heures par jour, toujours fraîches, sportives. Donc il n'y a pas la place pour se la péter ! Les comédiens de cette génération sont beaucoup plus détendus, j'ai bien remarqué cela avec Carrie-Anne Moss ou Keanu Reeves, par exemple. De toutes façons, si ils se la jouent, ils ne peuvent pas survivre dans ce métier, en tout cas tel qu'il est devenu aujourd'hui. En même temps, j'ai récemment travaillé avec Penélope Cruz, qui est pour moi une jeune actrice, un peu de la génération d'Halle Berry. Je m'attendais donc à ce qu'elle soit très accessible. Eh bien là, c'était beaucoup plus formel. J'avais l'impression d'avoir affaire à... je ne sais pas... une royauté ! (rires)

    Comment s'est passé votre premier contact avec Sharon et Halle ?

    J'ai rencontré Halle en premier, j'avais l'impression de retrouver une copine de lycée. C'était très détendu, elle est très accessible. Bon, après il y a Sharon. Alors là, c'est autre chose, son arrivée a été un peu retardée. Tout le monde se tend un peu quand même ! (rires) Elle arrive de manière assez théâtrale, très femme fatale, star des années 40... Mais c'est aussi un peu en rapport avec le rôle qu'elle joue dans le film et dont elle s'imprégnait. Je l'ai rencontrée en tête à tête par hasard, dans l'ascenseur de notre hôtel, et elle m'a sauté au cou, a tout de suite brisé la glace. C'était plus simple que je ne l'imaginais au départ, car c'est une actrice de grand standing qui paraît inaccessible. Ce qui m'a surpris aussi, c'est qu'à la première londonienne de Catwoman, elle signait des tonnes d'autographes de manière quasi-individuelle. Bon, elle avait six gardes du corps, mais quand même... (rires)

    Le cinéma américain a toujours êté un rêve pour vous ?

    C'est quelque chose de très enfantin chez moi. J'ai voulu devenir bilingue parce que j'aimais le cinéma américain. Quand j'ai découvert le cinéma américain à quatorze ans et que je devais prendre le train pour voir ma sélection de films, c'étaient toujours des films américains. Le premier film dont je me souvienne, c'était L'Aventure du Poséidon. Je voulais devenir un acteur américain, alors je suis allé étudier en Angleterre pour jouer et avoir une formation. Après, j'ai fait un truc, par manque de réflexion, qui m'a un peu sonné, un film que je n'aurais pas dû faire, Sahara avec Brooke Shields. C'était tellement... inepte, ça m'a fait un tel choc, qu'avec mon agent français on s'est dit qu'il fallait peut-être que je revienne en France pour faire des trucs un peu plus sérieux. Donc, j'ai fait une parenthèse par rapport à cette envie adolescente, même si je travaillais épisodiquement avec les Etats-Unis. Et puis il y a eu Matrix reloaded, qui m'a reconnecté à ce vieux rêve, alors que je ne m'y attendais pas du tout.

    Matrix reloaded a été une aventure de folie. Ces grosses productions hollywoodiennes, c'est comme aller une fois par an à la fête foraine, pour se rendre malade dans les manèges les plus insensés. On en ressort un peu avec la nausée, on se dit qu'on ne peut pas survivre tout le temps à l'intérieur de ça, c'est pas possible ! C'est pour ça que j'admire un type comme Tom Cruise. Mais je ne voudrais jamais vivre une vie comme la sienne, même dans le pire cauchemar ! Alors que quand, comme moi, on ne fait que s'approcher de cette grosse machine, de ce DisneyWorld puissance 40, de temps en temps, avec des petits rôles, eh bien c'est enrichissant. J'ai toujours eu la chance de faire des petits rôles très variés là-bas, comme pour Prisonniers du temps par exemple, qui était quand même une grosse daube, mais qui me permettait de jouer un rôle de brute qu'on ne m'aurait pas proposé en France à l'époque, par exemple.

    Comment voyez-vous la suite de votre carrière ?

    N'ayant pas du tout envie de poursuivre dans cette image du méchant froid et calculateur, ma carrière hollywoodienne va peut-être s'arrêter là. J'attends la petit étincelle qui m'amènera peut-être vers un film indépendant, je ne sais pas... Aux Etats-Unis, j'espère vite avoir des opportunités, y travailler permet d'être connu au niveau international. Et puis c'est un pays on l'on fait beaucoup de rencontres. Les frères Andy et Larry Wachowski, par exemple, c'est une rencontre incroyable, ce sont des génies que je place, comme auteurs, au même niveau qu'Alain Resnais ! En France, je suis heureux, je me sens privilégié, car on me propose des rôles très variés, que ce soit au théâtre ou au cinéma. On arrête de me proposer uniquement les rôles du type sophistiqué. Dans Palais royal, le prochain film de Valérie Lemercier, par exemple, j'incarne un Prince, mais un Prince glandeur, qui fume des pétards ! J'aimerais qu'on me propose une telle diversité dans les rôles aux Etats-Unis.

    Propos recueillis par Clément Cuyer

    Chatez avec Pitof le 9 septembre à partir de 19h00, avec SFR et AlloCiné - Cliquez ici !

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