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    Tim Burton dévoile son "Alice au pays des merveilles"

    C'est dans le cadre du Comic-Con de San Diego que le génie visuel Tim Burton a dévoilé sa vision de "Alice au pays des merveilles", à voir en 3D en mars 2010. Morceaux choisis...

    Plus d'infos sur ce film

    Qu'avez-vous ressenti de particulier avec ce livre ?

    Tim Burton : Ce n'est pas seulement avec le livre. C'était grandir avec ce genre d'images, de musiques et de chansons. C'était quelque chose à propos de l'imaginaire que [Lewis Carroll] avait créé qui, à travers de nombreuses générations, perdure encore dans l'esprit des gens. Je pense que ce genre de chose qui a cette force reste en vous et est aussi importante pour votre subconscient, votre pensée et votre esprit créatif. J'ai essayé de refaire cela mais d'une façon différente, car je n'ai jamais vraiment aimé les versions précédentes. L'intention était de prendre cet imaginaire et de le transposer au mieux en film.

    Quelles sont vos relations avec "Alice au pays des merveilles" ?

    Tim Burton : Elles viennent surtout du fait d'avoir vu d'autres versions cinématographiques pour lesquelles je n'ai ressenti aucune affinité. C'était toujours l'histoire d'une fille qui se baladait, passant d'un personnage fou à un autre. Je n'avais jamais pu tisser un vrai lien émotionnel, et c'était donc un vrai défi d'essayer de donner un nouveau cadre et cette base émotionnelle que je n'avais jamais pu ressentir dans les versions précédentes. Chaque personnage est étrange, mais j'ai essayé de donner à chacun une étrangeté propre, pour mieux les différencier. Je pense que tous ces personnages et cette imagerie présentent un cas d'étrangeté psychologique à travers laquelle tout le monde passe un jour, mais le vrai défi était d'essayer d'en ressortir une histoire plutôt qu'une simple suite d'évènements.

    Que signifiait Alice dans votre enfance ?

    Tim Burton : Je pense que c'est un conte de fées universel. Ce genre d'histoires, comme Le Magicien d'Oz ou Alice au pays des merveilles, qui est un parcours intérieur. Les personnages représentent certaines choses de la psyché humaine. C'est ce que fait chaque enfant. Vous essayez de faire sortir vos propres problèmes durant ce parcours, même quand vous êtes adulte. C'est pour ça que certains vont faire une thérapie et que d'autres en font des films. Il y a différentes façons de faire ressortir tout ça.

    Comment avez-vous réussi à amener Johnny Depp au Comic-Con ? Et que pensez vous de la manifestation de cette année ?

    Tim Burton : Il juste était dans le quartier. Nous l'avons vu trainer à l'extérieur habillé en Jack Sparrow... Non, mais c'est très aimable de sa part de venir promouvoir le film. La dernière fois que je suis venu au Comic-Con remonte à l'époque où j'étais encore étudiant, mais il y avait peu de monde et quelques problème pour projeter les images. C'est complètement différent aujourd'hui. La seule chose véritable reste l'amour et la passion qu'ont les gens pour ce genre de choses, et il en découle toujours une bonne ambiance. C'est amusant de voir aussi des personnes déguisées. Halloween est ma période favorite dans l'année et c'est bien de pouvoir voir ici de beaux costumes et tant d'autres choses. Il y a un bon esprit derrière tout ça.

    Y a-t-il une évolution à travers vos films ?

    Tim Burton : Non, je ne sais pas. Ça fait une longue période. C'est plus facile de regarder les choses rétrospectivement et de voir où vous en étiez psychologiquement. Car vous êtes toujours coincé entre le présent et le reste et je pense qu'il faut prendre un temps pour avoir un point de vue idéal sur tout ça. J'évite de trop y penser – toujours essayer d'aller de l'avant.

    Nous avons entendu que Johnny Depp avait été comparé au Chapelier fou...

    Tim Burton : C'est un personnage très iconique. Un mélange entre l'animation de synthèse et la prise de vue réelle. Je pense que Johnny essaye de trouver un passé à ce personnage – quelque chose que vous pourriez penser complètement antagonique au Chapelier fou.

    Encore une fois, dans de nombreuses versions, le personnage est présenté avec un seul et même ton, mais [Johnny] essayait lui de faire ressortir cette part d'humanité de l'étrangeté du personnage. A chaque fois que j'ai travaillé avec lui, il l'a toujours fait. Sans exception.

    Votre première expérience d'Alice au pays des merveilles, était-ce en livre ou au cinéma ?

    Tim Burton : Je n'ai jamais aimé l'image qui ressortait des films que j'avais vu. J'ai vu le dessin animé de Disney, sûrement ma première expérience. Il existe aussi une version qui date des années 1930 et d'autres à la télévision. Je n'ai jamais réussi à entrer dans leurs univers. Mon but était de faire quelque chose qui puisse enfin donner du sens aux personnages.

    Et avez-vous lu le livre, sinon ? Si oui, à quel âge ?

    Tim Burton : Oh oui, je devais avoir huit, dix ans, peut être plus. J'ai eu un rapport particulier avec. Je ne sais pas si vous connaissez l'illustrateur, Arthur Rackem, mais j'ai habité et travaillé dans la maison où il a vécu. En 1905, il avait réalisé des dessins fantastiques d'Alice au pays des merveilles, de Sleepy Hollow et d'autres choses dans lesquelles je me suis investi. Je sentais qu'il y avait ce lien étrange avec moi – dans les travaux, et dans la vie. Cela a dû toujours m'aider quelque part.

    Que pensez-vous de la multiplication des technologies sur le tournage ?

    Tim Burton : Comme vous pouvez le voir aujourd'hui, il y a des techniques tellement différentes. Il y a la motion capture, l'animation, la prise de vue réelle, une mixture des trois... Pour des raisons personnelles, je ne voulais pas faire de la motion capture. Je n'en suis pas tellement fan. Je me suis plutôt dirigé vers l'animation pure et ensuite vers la prise de vue réelle, mais en essayant de l'inscrire dans le monde créé. Toutes ces techniques existent déjà, mais c'est leur mélange qui fait la nouveauté cette fois. Nous travaillons encore dessus et il nous reste à voir ce qu'il en résulte. Quand nous avions les acteurs, nous ne voulions pas les recouvrir de capteurs verts et ne pas les laisser jouer. Ces moyens sont valables, certes. Ce n'est pas comme s'il y en avait un meilleur que les autres. Mais peu importe le projet tant que vous essayez de le réaliser avec ce que vous estimez nécessaire pour que ça marche.

    Est-ce une suite ou une "ré-imagination" ?

    Tim Burton : Ce n'est pas une suite, car il y a tellement d'histoires autour d'Alice au pays des merveilles. Nous voulions en récupérer des éléments afin de mettre en scène sa propre histoire. Notre travail s'est beaucoup basé sur le poème "Jabberwock" ("Jabberwocky" en anglais) provenant de l'un de ces récits. Ce n'est pas une grande partie de l'histoire, mais nous utilisons simplement des éléments de tous ces ouvrages pour leurs natures similaires, car ils ne suivent pas une structure linéaire spécifique.

    Avez-vous des idées pour un autre film original, comme ce fut le cas d'Edward aux mains d'argent ?

    Tim Burton : Oh oui. Elles sont toujours là. J'essaierais de les sortir un jour, oui. Mais il n'y a rien de précis pour l'instant.

    Vous aimez vous déguiser pour Halloween ?

    Tim Burton : Je suis même déjà habillé pour, on dirait... C'est le seul moment de l'année où vous pouvez ressentir cela, car vous pouvez en apprendre plus sur vous-même quand vous êtes déguisé parfois. Il y a quelque chose de caché, une sorte de liberté. C'est pourquoi c'est amusant de voir des personnes costumées ici car c'est un certain sens de la liberté artistique qui provient de cela. Je suis "pour" en tout cas. Et dès que c'est possible, pas seulement pour Halloween. C'est quelque chose de très personnel vous savez, la façon de s'habiller.

    Avez-vous laissez à vos acteurs une certaine liberté d'interprétation ?

    Tim Burton : Oui, chacun apporte toujours quelque chose de plus au film. S'il y a un passage du livre de Carroll qui n'est pas dans le scénario que les acteurs ont envie d'ajouter, cela donne toujours un bon résultat... Vous obtenez d'eux souvent quelque chose de meilleur, car c'est un bon moyen de s'exprimer. Je pense que c'est toujours très utile. Les studios Disney sont venus me voir pour qu'Alice soit en 3-D et j'ai senti que le mélange de tous ces éléments que nous avions fonctionnerait. Je l'ai déjà dit, mais nous voulions essayer de faire une bonne version cinématographique.

    Avez-vous tourné directement en 3-D ou plus tard ?

    Tim Burton : Nous n'avons pas tourné directement avec une caméra 3-D. C'est un mélange d'un peu de tout. Il y a deux raisons à cela. La première est que nous n'avions pas 5 à 6 ans pour réaliser le film. Et avec les techniques que nous utilisions, l'animation pure, la prise de vue réelle mais retouchée, plus d'autres éléments rajoutés, cela nous a donné plus de liberté de création dans le temps qui nous avait été impartit. Certaines personnes seront plus habiles que moi pour faire la différence entre ce qui est vrai ou pas, mais sur le moment, cela me semblait la bonne technologie et la bonne approche pour réaliser tout ça.

    Pour continuer sur la 3-D, comment pensez que cela a influencé le récit ?

    Tim Burton : Il y a une époque où vous mettiez des lunettes 3-D, et vous ressortiez du cinéma avec une migraine épouvantable. Ce n'est plus le cas désormais. C'est devenu une expérience plutôt agréable. Je ne viens pas pour vous vendre le système, mais ça améliore votre perception et vous permet de rentrer encore plus dans le film. Avec Alice, qui grandit et rétrécit et tous les endroits bizarres qu'elle visite, le cinéma relief vous aide vraiment dans cette expérience. Evidemment, ce genre de film ne doit pas fonctionner uniquement en 3-D et il doit en rester un bon film que l'on ait envie de voir aussi en 2-D. Ce ne sont pas simplement des petits effets en plus mais une expérience qui vous paraîtra encore plus intense. Je me souviens lorsque nous avions passé L'Etrange Noël de M. Jack en 3-D, je sentais que c'était la vision que le film aurait toujours dut avoir, comme si vous pouviez toucher les marionnettes. Vous ressentiez les choses comme si vous étiez sur le plateau de tournage. Je pense que ça améliore l'expérience et vous rapproche souvent beaucoup plus de ce que le réalisateur a en tête, dès le départ.

    La relation entre Alice et le Chapelier fou est-elle amoureuse ?

    Tim Burton : Je ne dirais rien là-dessus. Allons, c'est une jeune fille ! Elle est âgée, mais pas assez dans ce sens.

    Démentez-vous la rumeur selon laquelle vous réaliseriez "Dark Shadows" ?

    Tim Burton : Démentir la rumeur ? Non, car c'est ce qui est prévu. Si jamais j'arrive à terminer Alice un jour. C'est bien le problème. Il est difficile de réfléchir au futur pour l'instant, car il reste encore beaucoup à faire, mais c'est ce qui est prévu.

    Pourquoi Mia [Wasikowska] et Helena [Bonham-Carter] ?

    Tim Burton : Pour Alice, nous voulions quelqu'un qui dégage du sérieux. La plupart des Alices sont des filles précoces qui aimaient juste se balader. Nous voulions quelqu'un qui avait un univers, quelque chose qui vous montre qu'elle comprend tout ce qui l'entoure. C'est l'un de ses talents et cela nous a beaucoup plu chez Mia. Ni flamboyant, ni trop démonstratif, mais simplement quelqu'un qui développe un véritable univers intérieur. C'est pour cela que je l'ai choisie. Pour Helena... Je ne sais pas... Elle a une grosse tête. Elle me semblait alors correspondre à la Reine rouge. Elle était surtout disponible.

    Propos recueillis par Emmanuel Itier à San Diego en juillet 2009 - Traduction : Alexis Hyaumet

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