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    "London Nights" : Rencontre avec le réalisateur !

    Quand de jeunes acteurs européens se donnent rendez-vous dans un squat londonien, ça donne "London Nights". Rencontre avec le réalisateur Alexis Dos Santos.

    Allociné : Vos films suivent un ordre chronologique puisque « Glue », votre premier long métrage parlait de l’adolescence et que « London Nights » traite de l’entrée dans l’âge adulte… Qu’est ce qui vous intéresse le plus dans ces deux sujets ?

    Alexis Dos Santos : Glue était un film sur l’adolescence avec des jeunes de 15 ans qui découvrent le désir et London Nights se situe juste après l’adolescence. Ce film parle du passage à l’âge adulte et du moment où vous quittez le cocon familial, votre ville et où vous tentez de vivre vos propres expériences, de parcourir le monde, et toutes ces petites choses que vous faites quand vous avez 20 ans et que vous êtes chanceux … J’ai séparé ces deux périodes dans mes films, mais c’est vrai qu’elles se suivent. Ce sont ces deux périodes qui vous permettent de devenir l’adulte que vous serez plus tard.

    Mais ce qui m’intéresse le plus ce sont les histoires personnelles de chaque protagoniste de l’histoire. Je ne cherche pas à tracer le portrait d’une génération. Dans Glue, les jeunes découvraient leurs désirs et dans London Nights ils découvrent la vie.

    Allociné : « London Nights » est une sorte d’« Auberge espagnole » londonienne. Tous les habitants du squat sont de nationalités différentes, comme vos acteurs d’ailleurs. Déborah François est belge, Fernando Tielve espagnol, Michiel Huisman hollandais et vous-même êtes argentin… Comment s’est déroulé le tournage avec toutes ces nationalités différentes sur le plateau ?

    Alexis Dos Santos : Pour moi ce mélange c’est l’image même de Londres ! Je vis à Londres et mes amis sont tous de nationalités différentes. Sur le tournage on parlait six langues à la fois, c’était très drôle ! On parlait espagnol, français, anglais, suédois, grec et hébreu. Je n’ai pas trouvé ça difficile, au contraire c’était drôle !

    J’ai choisi de tourner mon film à Londres parce que j’ai vécu à Londres durant ces dix dernières années. Et quand j’ai commencé à écrire, je souhaitais le faire sur quelque chose que j’avais vu ou vécu dans cette ville. Et je ne crois pas que j’aurais pu écrire et tourner ce film ailleurs. C’est Londres qui m’a inspiré. Mais quand j’écris ce n’est pas d’un trait, c’est petit à petit. Pour London Nights, par exemple, ça a été un long travail d’écriture, et à vrai dire j’ai même oublié ce que je voulais écrire au tout début et pourquoi j’ai voulu faire ce film. C’est juste que je croyais vraiment au potentiel de ce film et que je voulais le faire coûte que coûte. Mais quand j’écris c’est très intuitif et si ce que j’écris me plaît je sais que tout se passera bien dans la suite de l’écriture et pendant la réalisation.

    Allociné : Comment s’est déroulé le casting, étant donné que tous les acteurs viennent de pays différents ?

    Alexis Dos Santos : Le casting a eu lieu à Londres, mais comme les acteurs sont jeunes et habitent dans différents pays ça a été un peu compliqué. D’autant plus que la plupart d’entre eux n’a pas d’agent. Donc on a commencé en demandant aux acteurs de nous envoyer des vidéos… Bon sauf pour Fernando (Tielve, l’acteur principal) puisqu’il ne sait pas se servir de son ordinateur… (rires).

    Il est donc venu à Londres pour passer le casting. Certains acteurs ont simplement envoyé une vidéo, d’autres sont venus. Mais du coup le casting a duré plusieurs mois, c’était long !

    Déborah François est venue passer le casting. J’avais vu le film L' Enfant que j’ai beaucoup aimé, mais je ne savais pas si elle correspondait au personnage que j’avais écrit, ce n’était pas une évidence… Mais pendant l’audition elle a été extraordinaire ! J’ai adoré sa prestation donc on a fait des essais avec Michiel Huisman et Fernando Tielve et j’ai vu qu’il y avait quelque chose qui fonctionnait vraiment bien entre Michiel et Déborah, comme une sorte d’alchimie. Et comme Déborah a aimé le scénario et le personnage de Vera, elle a eu le rôle !

    Allociné : Vous avez vécu à Londres dans un squat, ce film est-il autobiographique ?

    Alexis Dos Santos : Non ce n’est pas autobiographique. C’est une fiction, même s’il m’est arrivé certaines choses qui arrivent à Axl Fernando Tielve) dans le film. C’est proche de mon histoire, mais ça reste de la fiction.

    Allociné : Dans « London Nights » il y a deux histoires en parallèle, celle de Deborah François et celle de Fernando Tielve. Les deux personnages vivent au même endroit mais ne se croisent jamais, excepté à la fin du film. C’est comme s’il y avait deux films en un. L’écriture n’a pas été plus difficile de ce fait ?

    Alexis Dos Santos : C’est vrai que c’est une structure étrange ! J’ai essayé de trouver d’autres films construits sur ce schéma afin de prendre exemple sur eux et voir comment construire un seul et même film avec deux histoires en parallèle, mais je n’ai rien trouvé qui ressemblait à ce que je voulais faire. J’ai vu des films avec plusieurs histoires différentes dont les protagonistes se croisent, mais je n’ai pas trouvé de films avec seulement deux histoires approfondies et dont les acteurs se retrouvent à la fin. Ceci dit, je suis certain que ça existe, c’est juste que je n’en ai pas trouvé ! (rires)

    Et puis j’ai souhaité utiliser ce schéma parce qu’on peut écrire une histoire intense et une autre un peu plus légère… C’est vraiment comme écrire deux films. Mais le plus important pour moi dans ce film était que les deux histoires agissent comme un miroir l’une sur l’autre. Et j’ai choisi de faire passer des objets d’une histoire à une autre. La veste, les photos, le lit (le matelas)… Toutes ces petits choses, ces détails qui au final ont leur importance.

    Allociné : Justement parlons du lit… En quoi le lit est plus important que les autres éléments à vos yeux ? (Le titre original du film est « Unmade Beds »)

    Alexis Dos Santos : Parce que tout se passe dans les lits ! Tout ce qui est agréable se passe dans un lit (rires)

    Allociné : Dans « London Nights » la musique a un rôle très important. Comment avez-vous choisi les morceaux ?

    Alexis Dos Santos : En fait, j’ai choisi la plupart des chansons avant de tourner le film. J’avais déjà une idée bien précise de ce que je voulais. Il y avait des chansons que je connaissais depuis longtemps et que je voulais absolument mettre dans mon film, et puis j’en ai trouvé d’autres spécialement pour le film une fois que j’avais tourné les scènes. La musique est une part très importante de mon film, elle joue un vrai rôle. J’ai travaillé avec un groupe avant la mise en scène, mais on ne sait jamais véritablement à l’avance ce qu’une musique va donner sur telle ou telle scène et si c’est fidèle à ce que vous imaginiez. Il faut d’ailleurs souvent essayer plusieurs morceaux de musique sur une même scène pour arriver à choisir celle qui convient le mieux, et ça se passe souvent au moment du montage. Donc j’avais déjà un panel de musiques et de chansons que je voulais utiliser, mais il a fallu voir par la suite où les placer exactement.

    Il y avait également un groupe qui jouait de la musique live, et là j’ai pu faire le choix des musiques pendant le tournage. J’ai beaucoup aimé travailler avec le groupe ! Et puis en plus d’être acteur, Michiel Huisman (le petit ami de Déborah François dans le film) est également musicien et il a d’ailleurs écrit lui-même la chanson « Hello » qu’il chante dans le film.

    Propos recueillis en décembre 2009, aux Arcs, par Laëtitia Forhan

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