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    Justin Timberlake au cinéma, ça vaut quoi ?

    Comme beaucoup de chanteurs avant lui, Justin Timberlake est passé des salles de concert aux plateaux de cinéma, qu'il fréquente de plus en plus aujourd'hui. A l'occasion de la sortie de "Bad Teacher", l'heure est donc venue de se poser la question : Justin au cinéma, ça vaut quoi en fait ?

    Passer au cinéma quand on est chanteur, c'est aussi ouvrir la porte à la moquerie, au scepticisme et à la perplexité, tout en prenant le risque de délivrer une performance mémorable dans le mauvais sens du terme, à l'image de Mariah Carey, dont le Glitter n'avait de brillant que le titre (son contenu en tout cas), ou de Cali et sa prestation dans Magique, qui relevait davantage du tour de Garcimore. Découvert, musicalement parlant, grâce au boy's band N'Sync (qui n'est pas la version masculine et américaine de nos L5), Justin Timberlake était donc le candidat idéal aux railleries en tous genres, malgré les louanges suscitées par une carrière solo, débutée en 2002, et qui lui a notamment valu le surnom de "Michael Jackson blanc" (dans le genre pléonasme...). Entre ces deux expériences musicales, il avait toutefois fait ses débuts au cinéma. Et aujourd'hui, la sortie en salles de Bad Teacher, en plus de prouver qu'il est bien plus présent dans les salles obscures que celles de concert, offre l'occasion de se demander si, en matière de cinéma, Justin Timberlake est plus proche de Britney Spears et Christina Aguilera, ou de Ryan Gosling, pour ne citer que ses camarades du Mickey Mouse Club de Disney Channel, où il a fait ses débuts à l'âge de 12 ans. Eléments de réponse, après la bande-annonce de Bad Teacher.

    Faux départ

    C'est donc en 2000 que Justin Timberlake fait ses premiers pas au cinéma, et il vaut mieux espérer pour lui qu'il ne nourrissait pas trop de rêves de grandeur dans la mesure où, pour lui, "entrée dans le 7ème Art" rime avec "faux départ" : chaperonné par la chaîne de ses débuts, Disney Channel, il obtient en effet un rôle secondaire dans le téléfilm L'Enfer de la Mode (également connu sous le titre Mannequin d'un jour) [photo ci-dessus], dont le pitch (une lycéenne ordinaire et une célèbre mannequin, qui se ressemblent comme deux gouttes d'eau, se rencontrent et décident d'échanger leurs places respectives) se passe gentiment de commentaires. Et s'il change de registre la même année, grâce au thriller Longshot, Justin Timberlake ne marque pas beaucoup plus les esprits. Mais la tonalité sombre du film préfigure la suite de sa carrière, au cours de laquelle il sera amené à recroiser Dwayne Johnson et sa chère et tendre de l'époque : Britney Spears. Les retrouvailles avec cette dernière ont d'ailleurs lieu très vite, puisque Justin compose certaines des chansons de Crossroads (2002), baptême du feu de la chanteuse sur grand écran. Dans un sens on se dit qu'il a bien fait de se contenter de ce poste, puisque la musique n'est vraiment pas ce que l'on retient du long métrage de Tamra Davis, qui montre qu'en changeant quelques lettres à "Crossroads", on obtient "Casserole". Comme quoi c'est fou ce que le titre d'un film peut révéler sur son contenu...

    Acting with the Stars

    Faire un bilan de la carrière cinématographique de Justin Timberlake entre 2000 et 2002 semble donc bien compliqué, et aussi utile que de lui reparler de L'Enfer de la Mode ou Crossroads alors qu'il fait la promo d'un film comme The Social Network. Sans doute déçu par ces débuts tout sauf tonitruants (l'option "les propositions n'ont pas vraiment afflué après ça, et quelque part ça se comprend" marche aussi), l'acteur-chanteur profite de son ascension musicale en solo pour laisser les plateaux derrière lui pendant 4 ans. 2006 est donc l'année de son grand retour, mais là encore, les choses sont plus chaotiques que prévu : malgré le rôle principal qu'il y tient, ou les présences de Morgan Freeman (à gauche sur la photo ci-dessus) et Kevin Spacey à ses côtés, le thriller Edison (photo ci-dessus) suscite, au mieux, l'indifférence, et au pire des critiques comparant le film de David Burke à "une parodie des frères Zucker" (Télérama), ou parlant de "personnages caricaturaux, à la psychologie primaire et plutôt mal interprétés" (Brazil) Pour le décollage réussi, on repassera donc, et on se tournera vers Southland Tales, mais avec quelques pincettes : précédé d'un buzz assourissant sur la Croisette (certains parlaient même du "Pulp Fiction des années 2000" avant d'en voir une image), le deuxième film de Richard Kelly s'est finalement avéré être le pétard mouillé du 59ème Festival de Cannes, certains spectateurs allant même jusqu'à jouer à celui qui resterait le plus longtemps dans la salle. Trop complexe et jamais sorti en salles, le (trop) long métrage possède pourtant quelques qualités, dont fait partie Justin Timberlake : le visage lézardé par une balafre à faire palir Tony Montana de jalousie, il campe un vétéran d'Afghanistan aussi allumé qu'inquiétant face à Dwayne Johnson, Sarah Michelle Gellar et Seann William Scott, et en profite même pour pousser la chansonnette, comme vous pouvez le voir ci-dessous.

    Sans aller jusqu'à nous faire dire qu'un acteur est né, Southland Tales change l'image de Justin Timberlake auprès d'une bonne partie du public, certains n'hésitant pas à dire que c'est à partir de ce film qu'ils ont commencé à le prendre au sérieux. 2007 se présente donc comme l'année du "quitte ou double", et c'est avec un (nouveau) rôle de bad boy qu'il l'inaugure, dans l'Alpha Dog de Nick Cassavetes : tiré d'un fait divers survenu à la fin des années 90, le thriller ne passionne pas les foules malgré les stars de son casting (Bruce Willis et Sharon Stone notamment), mais certains de ses membres en profitent pour se faire remarquer, à l'image d'Anton Yelchin, Emile Hirsch ou... Justin Timberlake, dont la performance a fait l'unanimité outre-Atlantique, tandis que 20 Minutes l'a ici clairement décrit comme "la révélation de ce polar maniéré". Et rebelote quelques mois plus tard (fin mai, pour être précis) : si Black Snake Moan est très loin du carton, les comédiens, eux, sont salués. Et, même moins en vue que Samuel L. Jackson et Christina Ricci, Justin Timberlake parvient à se hisser à leur niveau, et confirme son aptitude à jouer les personnages tourmentés (ici un G.I. traumatisé), et ne pas se laisser impressionner par les stars qui l'entourent : de Dwayne Johnson à Bruce Willis, en passant par Sharon Stone, le néo-acteur a convaincu, dans la peau de personnages qui n'étaient pas à la portée du premier venu.

    Justin donne de la voix

    Au moment où Black Snake Moan sort sur nos écrans, deux constats s'imposent : 1°) Justin Timberlake peut effectivement être considéré comme un acteur, plus que comme un chanteur passé sur grand écran entre deux albums, et 2°) il faudrait quand même qu'il fasse attention à ne pas s'enfermer dans le même type de rôle. Une remarque qui ne tient cependant pas longtemps, jusqu'à la sortie de Shrek le troisième (le 13 juin 2007) en fait : peut-être pistonné par sa future ex, Cameron Diaz, Justin y prête en effet sa voix à Artie, jeune victime de son école appelé à devenir un roi légendaire (voir photo ci-dessus). Si l'exercice est tout nouveau pour lui, ce défi vocal paraît néanmoins accessible et peut lui permettre de franchir un palier. Dans un sens, c'est le cas, puisqu'avec près de 800 millions de dollars de recettes dans le monde, le film de Chris Miller s'impose comme le plus gros succès public de son acteur. Le problème, c'est que cet épisode est unanimement considéré comme le plus faible de la saga, et que la cote ciné de Justin n'en sort pas spécialement grandie. Sa courte participation au quatrième (et dernier) volet, en 2010, n'y changera pas grand chose, même si le film a un peu rattrapé le coup, tandis que sa participation à Yogi l'ours (2011), en tant que doubleur de Booboo, fait partie de ces choses qu'il vaut mieux oublier, en même temps que le long métrage. Si côté drame, Justin Timberlake a donc pu être à la fête, c'est nettement moins ça au niveau de l'animation.

    Mode comique on

    Un an après le doublage, Justin Timberlake s'essaye à un autre genre, la comédie, grâce à Love Gourou. En slip ou survêtement (parfois les deux - voir photo ci-dessus), et paré d'une moustache digne d'un acteur porno des années 70, il y donne la réplique à Mike Myers et Jessica Alba, et fait preuve d'un sens insoupçonné de l'auto-dérision, qui a même surpris une partie de l'équipe du film. Une qualité qui a peut-être pu l'aider à digérer l'échec retentissant de ce dernier, grand vainqueur des Razzie Awards en 2009, avec 3 récompenses bien méritées quand on voit à quel point le long métrage de Marco Schnabel s'est (très justement) fait descendre en flammes par la critique. Après une telle expérience, Justin Timberlake aurait pu être tenté de tirer un trait sur la comédie, pour retourner à ce qu'il savait faire de mieux (le drame, pour ceux qui n'auraient pas suivi), mais non, dans la mesure où 2 des 6 films qu'il tourne ensuite appartiennent au genre comique (Bad Teacher et Sexe entre amis), en plus de ses apparitions dans le Saturday Night Live, ou des clips de Lonely Island (groupe parodique d'Andy Samberg), tels que celui-ci (explicit lyrics inside, comme on dit).

    Mais revenons-en au cinéma et à la comédie, genre dans lequel Justin Timberlake se fait de plus en plus présent tout en se mettant en danger, avec un goût prononcé pour l'auto-dérision et les expérimentations vestimentaires : après le combo moustache-survêt' de Love Gourou, Bad Teacher lui donne aujourd'hui quelques scènes pour donner dans le pull Jacquard par moments, pour jouer un personnage niaisouille et gentiment coincé. Soit tout l'inverse du Dylan de Sexe entre amis, qui passe la plupart de son temps en tenue d'Adam, et va même jusqu'à chanter en plein acte, pour le plus grand bonheur malheur de Mila Kunis, sa partenaire dans le film, l'acteur prouvant au passage qu'il a finalement plus d'une corde à son arc, et qu'il n'a pas peur de jouer avec son image de séducteur et son physique, son meilleur atout au début de sa carrière

    Quand le cinéma demande Justin en ami...

    En 2009, Justin Timberlake s'est donc essayé à différents genres, avec des fortunes diverses, comme on a pu le voir précédemment. Et si l'inédit The Open Road a peu de chances de figurer dans les tops de sa carrière, le chanteur devenu acteur n'en est pas moins une personnalité sur laquelle les studios sont éventuellement prêts à miser, comme en témoigne sa présence dans la liste des prétendants pour le rôle-titre de Green Lantern, qui reviendra finalement à Ryan Reynolds. Mais qu'importe, puisque David Fincher le choisit pour intégrer son Social Network, ce qui n'a pas manqué de générer quelques hausses de sourcils montrant qu'il n'était pas encore crédible aux yeux de tous, le sujet (la naissance de Facebook) n'aidant pas vraiment. Sur le papier du moins. Car à l'écran, le résultat ne met pas longtemps à convaincre quasiment tout le monde. Et, passé l'ironie de le voir interpréter Sean Parker, créateur de Napster qui s'est sans doute mis une bonne partie de l'industrie musicale à dos, Justin Timberlake se révèle être à l'image du film et de ses partenaires : brillant, et ce dès sa première apparition, que vous pouvez (re)voir ci-dessous.

    A ce niveau-là, une nomination à l'Oscar n'aurait choqué personne. Celle-ci a beau ne pas avoir pointé le bout de son nez (pas plus que pour Andrew Garfield d'ailleurs), Justin Timberlake n'en a pas moins remporté sa bataille contre les préjugés qui ont pu accompagner ses débuts sur grand écran. Car en l'espace de 11 ans et pas loin de 20 films, celui-ci a su faire abstraction de ses débuts chaotiques pour ne pas choisir la solution de facilité, et passer du statut de chanteur passé devant la caméra à celui d'acteur, dont Bad Teacher prouve aujourd'hui l'étendue de la palette de jeu. Justin Timberlake au cinéma, ça vaut donc plus qu'on ne pourrait le croire au premier abord, et il ne lui reste plus qu'à confirmer tout ça : grâce à Sexe entre amis déjà (le 7 septembre chez nous), puis In Time, thriller de SF signé Andrew Niccol, spécialiste de l'anticipation qui a déjà offert à Ethan Hawke (Bienvenue à Gattaca) et Nicolas Cage (Lord of War) l'un de leurs plus grands rôles respectifs. De bon augure pour Justin ? Le pitch est en tout cas prometteur, et si le film ne sort que fin novembre en France, la bande-annonce est déjà disponible, histoire de vous donner une idée du futur de l'acteur (dans tous les sens du terme).

    Maximilien Pierrette

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