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    Interview : Odile Vuillemin en mode "Profilage"

    A l'occasion de la fin de la saison 3 de "Profilage" sur TF1, AlloCine a rencontré l'interprète de la lunaire Chloé Saint-Laurent...

    AlloCine : On a découvert au début de la saison 3 une Chloé retranchée au bord de la mer après la mort de Pérac. Devant l'insistance du commandant Rocher, venu la voir pour lui demander de l’aider à retrouver un tueur, elle revient. Qu’est-ce qui a décidé Chloé à reprendre du service, parce qu’en fin de compte, il y aura toujours des meurtres ? Quelle pulsion pousse Chloé à travailler de nouveau avec la police à cet instant précis, pour cette affaire ?

    Odile Vuillemin : Au moment où Rocher débarque, Chloé ne sait pas très bien si elle est prête, elle a encore très peur. Sa première réaction est en effet de l’éconduire , en lui disant notamment qu’il y a effectivement d’autres psycho-criminologues. C’est encore trop douloureux, cela lui rappelle le commandant Pérac. Dans cet épisode en particulier, il y a un moment où elle casse un verre et là, elle se dit que cela ne peut pas continuer ainsi, qu'il faut faire quelque chose. En mémoire de Pérac, elle se dit qu'elle doit les aider. Elle revient parce qu’ils en ont vraiment besoin. Mais elle pense aussi ne revenir que pour cette affaire. A la DPJ, elle revoit tout le monde et c'est une sorte de deuxième déclic : elle se rend compte qu'il s'agit de sa seconde famille et qu'il va falloir affronter la mort de Pérac, qu'elle a en réalité fui sa période de deuil. Lorsque Chloé se retrouve sous l’eau, elle a très envie de mourir, les images de Pérac lui reviennent  Elle est face à un choix entre la vie et la mort, et elle choisit la vie. A partir de là, tout bascule.

    En fait, il s'agit presque d'une renaissance pour elle ?

    Complètement. Effectivement, pour moi, en étant retirée de tout, elle était un peu morte sans vraiment l’acter. Avec sa noyade "manquée", elle choisit la vie, mais elle la choisit vraiment. Elle fait le deuil, elle va voir la tombe de Pérac et elle repart.

    Comment qualifieriez-vous la relation entre Chloé et son nouveau collègue, le commandant Rocher ?

    Elle est un peu houleuse au début parce qu'il symbolise la mort de Pérac. Elle le lui reproche. Mais très vite, ils deviennent assez complices. Il ne s'agit pas de la même complicité qu’avec Pérac, il n’y a pas d’effusion d’amitié, ça reste toujours extrêmement pudique. Ils sont hyper respectueux l’un envers l’autre, sans jamais vraiment se l’avouer. Ils s’aident, mais très discrètement.

    En quoi la relation entre Chloé et Rocher diffère-t-elle de celle avec Pérac justement ?

    Avec Perac, la dynamique était plus "chien / chat". C’était très drôle mais plus frontal aussi. Au début, il ne la supportait pas donc il lui rentrait dedans direct, et elle répondait… Ils ont toujours eu ce rapport complice et "chien / chat".

    En quoi la relation entre Chloé, Fred, Hyppolite et Lamarck a-t-elle évolué ? Est-ce que côtoyer l’équipe a permis à Chloé de devenir plus "normale" ou à l’inverse, est-ce l’équipe qui est devenue plus "bizarre" en acceptant le côté décalé de Chloé ?

    Tout le monde a déteint sur l’autre, c’est plus drôle comme ça ! En fait l’équipe a fini par accepter le côté complètement décalé de Chloé, et voilà. Elle est asociale, autiste, renfermée mais elle s’ouvre un peu plus sur les autres parce qu’elle a compris qu'ils étaient sa famille. Tout le monde s’est un peu aidé. Je ne sais pas s'ils sont devenus plus bizarres, en tout cas, ils sont moins étonnés par l’étrangeté de Chloé. Peut-être que du coup, ça leur devient un peu plus familier, et que cela déteint un peu sur eux.

    Vanessa Valence, Philippe Bas, Jean-Michel Martial, Odile Vuillemin & Raphaël Ferret

    ©TF1

    Selon vous, laquelle des deux parties a connu la plus forte évolution ?

    Chloé ! Elle s’est ouverte un peu au monde. Elle tombe même amoureuse, ce qui est l'exploit du siècle. [Rires] Ils [ndlr: Fred, Hyppolite et Lamarck] lui communiquent plus de douceur chez eux, et de son côté elle a appris à vivre en communauté. Elle n’est plus le petit oiseau fragile du début. Non, elle l’est toujours un peu, mais ça ne l’empêche plus de s’ouvrir. Elle a guéri quelques blessures, grâce notamment à l’équipe qui l’a soutenue, portée tout au long des trois saisons.

    En parlant de famille,  est-ce le fait d’avoir elle-même une famille éclatée à la suite du meurtre de sa mère par son père qui amène Chloé à recréer un environnement familial plus stable auprès de ses collègues ?

    Oui, de facto, ça devient sa famille… La sienne n’est quand même pas très fréquentable [Rires] C’est comme sur les tournages : on tourne un an avec toute une équipe et on devient plus ou moins proche. Ce sont des gens qu’on côtoie tout le temps, et dans la série, en plus, ils ont été vraiment là pour Chloé. Lamarck est son papa de cœur, c'est lui qui l’a fait venir au sein de son équipe. Puis, avec tous ces événements, après tout ce qu’elle a vécu, ils l’ont adopté, comme la petite sœur. La petite sœur surdouée dont il faut bien faire quelque chose...

    Ne serait-ce pas dangereux, voire malsain pour Chloé de s’impliquer autant émotionnellement dans cette seconde famille, étant donné le caractère dangereux du métier ? D’autant plus que l’équipe a déjà perdu Pérac et que cet évènement tragique a poussé Chloé à l’exil pendant une année ? Serait-elle capable de supporter la perte tragique d’un autre coéquipier ?

    Elle a désormais un petit peu plus d’armes à sa disposition, après ce qui s’est passé. Est-ce qu’elle supporterait ? Elle risque de faire une bonne dépression si ça arrive. Mais elle est un peu plus armée. Mais il est vrai que ça ferait beaucoup... Quant à sa relation avec les autres, s'il s'agit d'une famille, il y a encore un petit reste d’autisme chez Chloé, de mise à distance, même si elle est beaucoup plus ouverte qu’avant.

    Comment Chloé a-t-elle évolué pendant cette saison 3, et comment la voyez-vous évoluer par la suite, surtout avec tous les évènements qui lui sont arrivés pendant cette saison ?

    Comment elle a évolué ? Elle a beaucoup mûri, elle s’est un peu plus ouverte, ce qui lui a permis de rencontrer quelqu’un et de tomber amoureuse, même s'il ne s'agissant pas tout à fait de la bonne personne. Elle arrive mieux à s’autogérer, maintenant. Après, comment je la vois ? Dans une relation durable [Rires] Dans la saison 3, elle doit affronter des choses pas très joyeuses, donc ce serait sympa qu’il lui arrive des trucs sympas, drôles et décalés, ce qui irait bien avec son côté un peu plus fantaisiste et pétillant, mais je n’ai pas d’idées précises à ce sujet. Ce serait drôle de la voir avec un bébé ! Chloé avec un bébé, ça doit être quand même une sacrée épopée, et très très drôle ! Cela peut créer des situations rigolotes : Chloé qui débarque avec son bébé sur une scène de crime parce qu’elle n’a pas pu le faire garder... Il y a de quoi s’amuser en plus là-dessus !

    Pour une série policière, est-ce que l’exploration de la vie privée de personnages est une plus-value ? Permet-elle de fidéliser, d’attirer les téléspectateurs en leur donnant l’occasion de se s’attacher aux personnages, voire de s’identifier à eux pour certains aspects de leur vie ? Ou au contraire, est-ce que cet aspect serait susceptible d’être un point négatif pour les téléspectateurs qui seraient davantage intéressés par le côté enquête criminelle ?

    Il faut regarder Les Experts dans ce cas là… Je parle en mon nom, après chacun a sa vision du truc, mais quand je regarde une série, je trouve la dimension feuilletonnante super agréable. Dans Profilage, c’est assez équilibré et les enquêtes sont résolues à chaque épisode. Mais quand je regarde une série, comme par exemple House, ce n'est pas que j’en ai rien à faire du malade, car si le cas n'est pas bien mené ça mine l'épisode, mais ce qui m’intéresse davantage, c’est de savoir ce qui se passe entre les personnages. Donc pour moi, explorer la vie des personnaes est une plus-value indispensable.

    Après trois ans dans la peau d’un personnage régulier d’une série télévisée, quel regard portez-vous sur cette aventure, sur la série ? Cela correspondait à l’idée que vous vous faisiez des séries ?

    Chloé est un personnage assez particulier, avec une sacrée une palette de jeu. Il y a un max de possibilités et elles sont exploitées. Du coup, c'est super agréable, d'autant qu'elle est en constante évolution. Un des dangers, sur une série, c’est de se perdre dans un personnage qui devient monotone, dont on a épuisé tous les recoins, toutes les facettes, tout ce qu’on peut explorer. En ce qui concerne Chloé, il y a une vraie évolution, ce danger n'existe donc pas. C’est ma première série, donc je ne savais pas du tout ce qu'il en était. Je n'avais pas fait d'apparition ou joué de personnage récurrent, Profilage est ma première expérience de série. Je suis partie comme ça, tête baissée. J’avais un peu peur d’être lassée au bout d’un moment et ce n’est pas arrivé… encore une fois parce que le personnage a vraiment beaucoup évolué.

    Qu’est-ce que ça a changé tant sur le plan de vie de femme que de vie d’actrice ?

    Personnellement, cela affecte toujours, parce que jouer un personnage principal dans une série est un sacré rythme. C’est un rythme particulier, les tournage.s C’est toute l’année, non-stop. Cela fait trois ans que je n’arrête pas, donc j’ai aussi un peu grandi à travers ça aussi, personnellement. En tant qu’actrice j’ai énormément appris. La seule frustration, peut-être, qui peut émerger de temps en temps, vient du fait qu'il est aussi intéressant d’aller chercher d’autres personnages, parfois.

    Comment vivez-vous le fait d’être une héroïne d’une série ?

    Oh super mal ! Non, je déconne ! [Rires] Je le vis bien. On fait aussi ce métier pour ça. Il est vrai que c’est parfois beaucoup de pression, surtout sur un personnage décalé comme Chloé, qui est l’objet de toutes les fougues. Mais je ne suis pas non plus au stade d’être "hyper connue" mais... Comme n’importe quelle personne qui devient un petit peu médiatisée, c’est assez déstabilisant, la première fois. Une nuée de fans dans la rue, c’est un peu déroutant.

    Odile Vuillemin

    ©Fanny Blin

    On vous a déjà reconnue dans la rue ?

    Oui, hier d’ailleurs, une quinzaine de 15 personnes m’ont sautée dessus, m’ont filmée ! [Rires] Ce n’est pas désagréable, ils ne sont pas méchants. Après, il y a eu quelques problèmes ici et là, sur Facebook peut-être, mais pour l’instant, c’est plutôt que du bon.

    Ne craignez-vous pas d’être étiquetée uniquement comme l’actrice ayant joué le personnage de Chloé dans "Profilage", que le public finisse par vous réduire à ce personnage ?

    Au début, j'en avais peur, oui, maintenant, plus tellement. En fait je me rends compte que ce n’est pas du tout le cas: le personnage est suffisamment atypique pour ne pas provoquer cela et en même temps, c’est un joli personnage, je ne vais donc pas pleurer si on m’identifiait à Chloé. Après, il faut pouvoir évoluer et aller vers d’autres choses plus tard etc. Être prise pour Chloé, ce n’est pas non plus une grosse insulte [Rires]

    Vous avez su donner une identité à Chloé par son côté décalé, via son attitude et ses tenues vestimentaires, pendant trois saisons. Pensez-vous que les scénaristes ont fini par écrire votre personnage en s’inspirant de vous ?

    Je ne sais pas. Moi je ne le vois pas forcément dans les scénarios. Après, je suis tellement immergée dedans que je n’ai peut-être pas le recul suffisant. Les scénaristes nous disent régulièrement qu’on les inspire. Après, vu ce qui lui arrive, il n’y a pas trop de résonnance chez moi. Il ne m’est pas tout à fait arrivée les mêmes… Ce n’est pas le même genre de galères que j’aies. Mais je ne sais pas, il faudrait que je leur demande. Je pense que ça doit déteindre un peu, enfin, c’est-à-dire qu’elles équilibrent en tout cas… Contrairement à ce qui s’est passé sur la première saison, où elles écrivaient en s’imaginant un personnage, là, elles écrivent avec leurs comédiens en tête quoi, donc ça doit forcément jouer. Après, en fonction de ce qu’on est capable de jouer ou pas, de là où elles ont envie de nous voir aussi, donc voilà, oui, il y a une forme d’inspiration. Probablement, je suppose, je ne suis pas scénariste, mais c’est probablement leur fantasme à elle, là où elles ont envie de… Comme si moi je voyais quelqu’un « je te verrai bien là dedans, machin… », donc là, c’est plus facile pour elles, comme elles inventent les histoires, "Tiens on va lui coller ça ça ça", enfin je pense qu’il y a des fantasmes là-dessus, après j’en sais pas plus.

    Partagez-vous des points communs avec votre personnage ?

    Oui. Je suis assez maladroite aussi. [Rires] Je suis décalée, mais alors pas du tout de la même façon. Le côté atypique je crois qu’on l’a, mais ça s’exprime pas, ça s’exprime pas tout à fait pareil, et la maladresse, oui, ça, je… Oui, c’est un peu moins… Et j’ai fait des études de psycho aussi, mais moins qu’elle.

    Ce rôle vous a-t-il poussé à vous intéresser davantage à l’univers des séries télévisées ?

    En fait pour préparer le rôle j’en ai regardées plusieurs: on m’avait parlé de La Fureur dans le sang, il y avait Esprits criminels... Le réalisateur m’avait aussi demandé de voir The Closer, des séries que je ne connaissais pas à l’époque. En tournage je ne regarde rien. Je n’ai pas le temps. Les journées commencent à six heures et se terminent à minuit. Je ne suis pas de 6h à minuit sur le plateau, bien entendu, mais entre le réveil, le tournage et l'étude du texte le soir à la maison... Ma grande vie sociale, c’est d’aller chez Picard, quoi [Rires]

    Qu’est-ce qui fait la particularité de "Profilage" ?

    Il faudrait être super prétentieux, mais l'héroïne est vraiment atypique par rapport à ce qu’on voit en général, en tout cas dans les séries françaises. Il y a un traitement de l’image qui est assez différent, et que je ne retrouve pas non plus ailleurs, en tout cas dans les autres séries policières. Il y a pas mal de comédie et on explore aussi la vie privée des personnages, et je trouve ça super agréable.

    Propos recueillis par Victoria Truong à Paris le 28 mars 2012

    Crédits Photo : ©Fanny Blin/TF1/Beaubourg Audiovisuel

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    TF1 diffuse les derniers épisodes de la saison 3 de Profilage ce jeudi 19 avril à partir de 20h50.

    Ci-dessous la bande-annonce de la saison 3 :

    Profilage

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