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    Décès de Luc Barnier, monteur d'Assayas, Dany Boon, Jacquot...

    On vient d'apprendre le décès, le 16 septembre, à l'âge de 58 ans, de Luc Barnier, un des monteurs les plus prolifiques du cinéma français. Collaborateur d'Olivier Assayas, il avait monté une centaine de films, dont "Bienvenue chez chez les chtis" ou "Les adieux à la reine".

    Le rythme nerveux si caractéristique du cinéma d'Olivier Assayas lui devait forcément beaucoup : Luc Barnier, un des monteurs les plus prolifiques du cinéma français, vient de s'éteindre à l'âge de 58 ans, des suites d'un cancer, a-t-on appris sur le site de Télérama. Indéfectible compagnon de route d'Assayas depuis le court métrage "Laissé inachevé à Tokyo" en 1982, il avait travaillé sur tous ses longs métrages, jusqu'au dernier, Après Mai (qu'on découvrira le 14 novembre après sa présentation à Venise). En 2011, le brillant montage du film-fleuve Carlos lui avait valu un European Film Award, ainsi qu'une deuxième nomination au César (la première fut pour Place Vendôme).

    Tout au long d'une impressionnante filmographie qui compte une centaine de titres, on croise nombre de grands cinéastes français, tels Benoît Jacquot (une dizaine de films dont "Villa Amalia", "Les Adieux à la reine"...), Anne Fontaine ("Nettoyage à sec", "Coco avant Chanel"...) ou encore Barbet Schroeder ("Inju, la bête dans l'ombre"). Mais le nom de Luc Barnier figure aussi au générique de plusieurs comédies à succès comme Pédale douce, Palais royal ! ou Bienvenue chez les Ch'tis. Co-réalisateur du documentaire Les Oiseaux de nuit en 1978, compagnon de la réalisatrice Liria Begeja ("Avril brisé"), il a été fait Chevalier dans l'Ordre National du mérite en 2011.

    Julien Dokhan

    La réaction d'Olivier Assayas

    "Quand Luc a monté mon premier long-métrage, « Désordre » en 1986, il y avait déjà quatre ans que nous avions débuté notre collaboration avec mon court-métrage « Laissé inachevé à Tokyo ». Toute l’évolution de mon travail est déterminée par notre dialogue jamais interrompu, notre dernière conversation faisait suite à sa lecture du scénario de mon prochain film qu’il devait monter, comme tous les autres. Sans Luc je ne serai plus tout à fait la même personne, le même cinéaste, même s’il sera là, et tout ce qu’il m’a appris, chaque fois que je choisirai une prise, chaque fois que je couperai un plan ; et son absence restera intolérable."

    La réaction de Benoit Jacquot

    "Luc Barnier était le monteur de mes films, depuis 1998 (L’Ecole de la Chair), jusqu’au dernier (Les Adieux à la Reine). On peut difficilement imaginer, quand on ne l’a pas vécu, la nature du lien entre un cinéaste et celui ou celle qui monte ses films. C’est beaucoup plus que de la connivence ou de la complicité. On partage ses yeux et ses oreilles pendant des mois, pour faire respirer, vivre le film tourné, comme un golem. Luc me fait penser à ces anatomistes de la Renaissance, dont l’art cherchait l’âme dans les corps qu’ils ouvraient. L’art de Luc, je l’ai connu avant de le connaître, lui, en personne, par les premiers films d’Olivier Assayas. J’étais très sensible à une justesse de ses coupes (comme des voix sont « justes ») exceptionnelle dans le cinéma français : interruptions, relances, ce qui fait respirer un film. Quand je l’ai rencontré, je me suis souvenu de ce grand jeune homme sombre et pourtant joyeux, que je voyais déjà dans les années 80, aux studios de Billancourt où la plupart des films étaient montés. Un de ses traits qui frappait le plus, était son extraordinaire dextérité pour passer d’un film à l’autre, aussi différents soient-ils. Et jusqu’à maintenant, il n’était pas rare de commencer ou finir un montage alors que Dany Boon ou Anne Fontaine ou Olivier Assayas finissaient ou commençaient les leurs, avec lui aussi. Son secret était, je crois, que ces mondes, il ne les opposait pas. Les uns et les autres étaient pour lui le cinéma en acte, de la beauté surgissant parfois, inattendue. Son père, qu’il adorait, avait été l’imprimeur de certains surréalistes, et peut-être tenait-il de lui cette idée un peu sauvage, et très raffinée, qu’il se faisait du cinéma. Sa disparition m’afflige, mais je suis heureux aussi, et fier, de l’avoir connu."

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