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    Cannes 2014: Sergei Loznitsa "cherche à éveiller les consciences" avec Maidan

    Deux ans après avoir présenté "Dans la Brume" en compétition officielle, Sergei Loznitsa est de retour à Cannes pour y présenter, hors compétition, "Maïdan" un documentaire qui revient sur les événements récents en Ukraine. Rencontre.

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    Votre film se compose uniquement de longs plans fixes, centrés sur ces mouvements de rue autour de la place Maïdan. Il n'y a aucun témoignage. Pourquoi avoir choisi de donner la parole aux images plutôt qu’aux gens ?

    Sergei Loznitsa : Je ne voulais pas connaître l’opinion des gens. Mon objectif, c’était vraiment de montrer à quoi ressemble Kiev aujourd’hui. Mais je ne voulais pas prendre le risque d’influencer ceux qui ne savent pas grand-chose des évènements qui animent la capitale et qui se déroulent autour de cette place. Les images sont fortes et parlent d'elles-mêmes...

    Il y a encore de l'espoir

    La musique tient une place importante dans votre film. Est-ce une façon, pour ce peuple, de garder espoir ? 

    La musique fait vraiment partie de la culture populaire en Ukraine. Nous chantons souvent et en diverses occasions. D'autre part, le coeur de Maïdan, c'est donc cette place, sur laquelle il y avait beaucoup de chants, de danses... Les gens venaient même pour y lire des poèmes. L’énergie des ukrainiens est plus forte que jamais. Il y a encore de l'espoir, de l'optimisme. D'ailleurs, l’hymne ukrainien commence par « L’Ukraine n’est pas encore morte ».

    A qui s’adresse ce documentaire : aux ukrainiens, pour qu’ils continuent de garder espoir ou au reste du monde, qui suit ce conflit de loin ? 

    Ce film est destiné à tout le monde, sans aucune distinction. Je cherche simplement à questionner, interpeller, éveiller les consciences. D'une certaine façon, Maïdan est à l'intention de ceux qui s'intéressent à l'organisation de la société humaine. D'ailleurs, je vous recommande l'ouvrage de l'anthropologue et philosophe René Girard, intitulé La Violence et le sacré et dans lequel il s'interroge sur le fruit de la violence au sein d'un groupe justement. Tous les Maïdan du monde sont écrits dans ce livre là.

    A la fin du film, vous et votre caméra vous retrouvez au milieu des émeutes. Et malgré tout vous restez statique...

    En fait, à ce moment-là, ce n'est pas moi derrière la caméra mais mon cadreur Serhiy Stefan Stetsenko. Lorsqu'on avait envisagé d'installer la caméra au milieu de ces scènes de violence, nous étions d'accord pour qu'il se retire au cas où la situation évoluerait mal. Mais la caméra est restée un long moment au milieu de ces actes de violence et pourtant, elle ne tremble qu'une seule fois. Sur le moment, il s'est vraiment concentré sur son cadre et sur l'histoire à raconter.

    Ce qui compte, c'est qu'il y ait un Président élu par le  peuple

    Le nouveau Président ukrainien doit être élu ce dimanche. Quel avenir voyez-vous pour votre pays ? 

    L'essentiel, dans un premier temps, c'est qu'il y ait des élections. Peu importe qui sera élu. Ce qui compte c’est que cet homme soit choisi par le peuple. Mais si ce Président ignore l’opinion de sa nation, il va vite se rendre compte de quoi sont capables les ukrainiens. Et très rapidement, on risque de le voir suivre le même chemin que Viktor Ianoukovytch…

    La bande-annonce de Maïdan, dans nos salles demain

     

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