Mon compte
    Cannes 2014: Andrey Zviaguintsev, "Je veux vivre dans mon pays et continuer à y faire du cinéma"

    Le réalisateur et l'équipe de "Leviathan", dernier film en compétition officielle à Cannes, se sont présentés en conférence de presse après un accueil critique plutôt positif. Bien évidemment, de nombreuses questions ont concerné le pouvoir russe...

    Pyramide Distribution

    Toutes les news de Cannes 2014

    Cette tragique histoire aurait pu se dérouler n'importe où...

    Andrey Zviaguintsev, le réalisateur de Leviathan : Au commencement était le verbe... En 2008, lors d'une conversation avec une interprète pendant le tournage d'un cout-métrage, on m'a raconté l'histoire de cet homme habitant dans le Colorado qui s'est révolté contre le pouvoir qui voulait l'exproprier et le déposséder de tout. Avec un bulldozer, il a détruit des bâtiments publics avant de se suicider. Cette tragique histoire aurait pu se dérouler n'importe où. Mais dans mon esprit c'était très proche de la Russie. Nous avons donc transposé le sujet. Puis nous avons réalisé sa proximité avec le Léviathan qui se situe dans le "Livre de Job". Pour ce film, cela a d'abord été l'histoire de cet homme et ensuite le titre.

    Je suis très heureux d'apprendre que les journalistes ont ri à de nombreuses reprises lors de la projection.

    Andrey Zviaguintsev : Les Grecs versaient de l'eau dans leur vin pour l'adoucir. D'une certaine manière, le tragique doit aussi être adouci pour devenir plus puissant. Mêler tragique et comique n'était pas une décision consciente pour ce film, c'est simplement ainsi que cela se passe dans la vie. Je suis très heureux d'apprendre que les journalistes ont ri à de nombreuses reprises lors de la projection. Cela me fait vraiment plaisir.

    Le Ministre de la Culture russe a un travail, un objectif politique. Nous ne nous occupons que d'art. Nous avons d'autres objectifs.

    Andrey Zviaguintsev : Après voir vu le film, le Ministre de la Culture nous a dit : "en Russie on ne boit pas comme ça !" Il existe un "sport" chez nous qui consiste à prendre un demi litre de vodka, à l'agiter pour le boire d'un coup. Plus sérieusement, je ne voudrais pas donner l'impression que "la Russie c'est la vodka". Au Japon, on boit tout autant. Mais comment Nikolai (ndlr : le personnage principal) peut-il échapper à l'horreur qui l'assaille à la fin du film ? Le Ministre a dit que le film était réussi mais qu'il ne lui plaisait pas. On le comprend. Il a un travail, un objectif politique. Nous ne nous occupons que d'art. Nous avons d'autres objectifs.

    Andrey Zviaguintsev : En ce qui concerne la liberté, dans tous les pays du monde, le même problème se pose. Partout les Hommes doivent se poser cette question. Il faut parler de ce problème de la façon la plus ouverte possible, ou ne pas en parler du tout.

    Pyramide Distribution
    Nous attendons de voir comment le film va être reçu en septembre en Russie. C'est un défi.

    Alexander Rodnianski, le producteur du film : Ce film a été soutenu par le Ministère de la Culture en Russie. Nous avons obtenu par ailleurs des subventions. Et nous avons ainsi pu raconter cette histoire de manière convaincante. Nous attendons de voir comment le film va être reçu en septembre en Russie. C'est un défi. Il peut faire pleurer et rire les Russes.

    Je veux vivre dans mon pays et continuer à y faire du cinéma.

    Andrey Zviaguintsev : Notre but n'était pas la confrontation avec le pouvoir. D'autant que, encore une fois, le film a été soutenu par le Ministère. L'art doit apporter la lumière et rendre l'espoir à l'Homme. Mais il y a aussi des gens qui voient les choses différemment. Et je suis ravi qu'un film comme le mien soit soutenu par l'Etat. Et j'ai grand espoir qu'il y ait une comprehension entre nous et que toutes sortes de fleurs puissent pousser dans le monde. Je veux vivre dans mon pays et continuer à y faire du cinéma.

    J'espère que des films comme Leviathan rendent le monde meilleur et notre pays aussi.

    Vladimir Vdovichenkov, un des interpètes principaux du film : Je suis devenu celèbre en Russie pour mes nombreux rôles de bandits, le plus souvent soutenus par le pouvoir. Un homlme qui se consacre à l'Art a toujours du travail. Les frontières n'ont pas d'importance dans ce domaine. J'espère que des films comme Leviathan rendent le monde meilleur et notre pays aussi.

    Le film est fait. Il a été présenté au Ministère, pour le moment tout va bien. Le film est là. C'est la réalité.

    Andrey Zviaguintsev : Penser à l'avenir et avoir peur... Il faut voir plutôt les choses au fur et à mesure. Le film est fait. Il a été présenté au Ministère, pour le moment tout va bien. Le film est là. C'est la réalité. Nous avons des nouveaux projets et nous espérons qu'ils se concrétiseront. Je ne vois d'ailleurs pas ce qui peut l'empêcher. J'ai parlé au Ministère il y a 2 jours, je lui ai parlé de ces 2 projets. Il m'a alors dit : "Apportez les scénarios et nous les lirons".

    Pyramide Distribution
    Je savais que ce n'était pas facile ce travailler avec Andrey Zviaguintsev, parce que pour lui le cinéma est plus important que la vie.

    Aleksei Serebryakov, l'interprète de Nikolai : C'est grâce aux efforts de mon épouse que j'ai tourné le film. Elle m'a convaincu. Je savais que ce n'était pas facile ce travailler avec Andrey Zviaguintsev, parce que pour lui le cinéma est plus important que la vie. Pour moi, la vie est plus importante que le cinéma. Nous avons donc de gros désaccords (rires). Et c'est sans doute pour cette raison que je n'ai pas rencontré le Ministre de la Culture... Je suis enchanté d'avoir fait ce film avec ce fanatique de cinéma. Andrey est aussi un homme à l'écoute de tout ce qui se vit, il sent finement les gens et peut vraiment les aider. Sur le tournage, tout ce que j'ai proposé a été accepté. Le travail n'était pas simple. Nous avons fini le tournage il y a plus de 6 mois et nous, les acteurs, ne l'avons pas encore vu. Aujoudhui est donc une journée très importante pour nous, bien que ce soit la fin du festival.

    Chaque mot a été pesé. Ce sont des paroles vivantes. Cet argot était nécessaire.

    Andrey Zviaguintsev : Le texte de loi proposant l'interdiction des mots grossiers dans les dialogues de films entre en vigueur le 1er juillet. Mais nous devrions avoir le droit de proposer le film tel quel, puisqu'il a été présenté aux autorités avant le 1er juillet. Je ne pense pas que nous abusons réellement de grossièretés. Chaque mot a été pesé. Ce sont des paroles vivantes. Cet argot était nécessaire. Ces mesures d'interdiction me paraissent peu adaptées.

    Un extrait de "Leviathan" :

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top