Mon compte
    Pas de pitié pour les perdants !
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Courses à mort, sports violents, combats d'arènes, télé réalité qui dégénère...Dans ces jeux de l'extrême, qu'ils soient antiques ou futuristes, une seule règle : un vainqueur..et pas de pitié pour les perdants !

    La chasse à l'homme : "La chasse du comte Zaroff", "Battle Royale", "Le Prix du danger"...

    Parmi les sports du futur figurent en bonne place les jeux de télé-réalité, basés sur le principe cruel de la chasse à l'homme. Dans les oeuvres de fictions, ce n'est, loin de là, pas un thème nouveau. Pionnier en la matière puisque réalisé en 1932 par le tandem Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel, le film culte La Chasse du comte Zaroff mettait déjà en scène un homme aussi raffiné que sadique, épris d'une mortelle passion pour la chasse. Las de la chasse conventionnelle, ce dernier est à la recherche de nouveaux frissons, jusqu'à transformer les naufragés recueillis sur son île perdue en gibier. Un thème brillamment exploré 55 ans plus tard par John McTiernan avec le film de SF Predator, où une créature Alien transforme la jungle en gigantesque terrain de chasse contre le commando du Major Alan "Dutch" Schaeffer.

    Toutefois, la science-fiction permet d'ajouter deux éléments essentiels au thème de la chasse à l'homme, que sont la présence d'un public et l'intervention des médias. La courte nouvelle The Prize of Peril (1958), écrite par William Sheckley, est ainsi un pamphlet social où l'avenir des jeux télévisés est décrit sous son plus mauvais jour. L'histoire évoque les sept dernières heures d'un épisode du jeu télévisé "Le prix du danger", auquel participe un homme volontairement traqué par des chasseurs. Le terrain de jeu est le pays tout entier, tandis que le public est invité à participer en assistant le concurrent, ou au contraire en le dénonçant. Un sujet qui a semble-t-il fasciné Yves Boisset, au point de l'adapter au cinéma en 1982 avec Gérard Lanvin dans le rôle titre. De gibier, ce dernier devient le chasseur, par refus des tricheries de la chaîne de TV qui tient à tout prix à le faire survivre.

    Ci-dessous, un extrait du Prix du danger :

    Peu avant la sortie du film d'Yves Boisset, Stephen King publia Running Man, variation du thème développé dans The Prize of Peril. Porté au cinéma en 1987 par Paul Michael Glaser avec Arnold Schwarzenegger dans le rôle titre, le film reprenait plusieures idées de l'oeuvre de Boisset, au point qu'un long procès opposa les producteurs français -qui gagnèrent- à l'équipe américaine.

    Autre adaptation, toujours chez le même auteur William Shackley : La Dixième victime; d'après son oeuvre publiée en 1965. Dans la nouvelle, les gouvernements décident de maîtriser les pulsions meurtrières de leurs concitoyens afin d'éviter de nouveaux conflits. Pour cela, une "grande chasse" est organisée, à laquelle chacun peut participer. Les règles sont simples : chaque participant doit survivre à 10 chasses, en étant alternativement le chasseur et la proie, les rares personnes qui y parviennent devenant riches et célèbres. Caroline (interprétée par la sculpturale Ursula Andress) une américaine, en est à sa 10e et dernière participation. Pour triompher de cette ultime épreuve, elle doit tuer sa proie, un italien nommé Marcello (incarné à l'écran par Marcello Mastroianni) qui a 6 victoires à son actif. Désireuse de maximiser ses gains, Caroline passe un contrat avec une compagnie de thé pour que la mise à mort se fasse dans un lieu romain prestigieux, au beau milieu du tournage d'un spot publicitaire...

    Comment ne pas terminer en mentionnant Battle Royale (2000), le chef-d'oeuvre du regretté Kinji Fukasaku ? Adapté d'un roman de Koshun Takami sorti un an plus tôt, le film met en scène des collégiens de 3e d'une école choisie au hasard, se voyant distribuer -de manière totalement inégale- des armes de tous genres. Lâchés sur une île vidée de tous ses habitants, placés sous la supervision d'un ancien maître d'école (Takeshi Kitano) et de l'armée, les élèves n'ont qu'un objectif : s'entretuer pendant trois jours, jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un seul survivant. Faute de quoi les colliers dont sont munis les joueurs explosent...Terrifiant, le film a pour toile de fond un Japon alternatif qui redoutent sa jeunesse, jugée violente et désobéissante.

     

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Commentaires
    Back to Top