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    Les Enquêtes du Département V : Mikkel Norgaard nous parle de Profanation et Miséricorde
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    Actuellement en salles, Les Enquêtes du Département V : Profanation est un polar danois pas vraiment comme les autres. Pour en parler, AlloCiné a pu rencontrer Mikkel Norgaard, le réalisateur du film et de Miséricorde, le premier volet des Enquêtes.

    Présenté hors compétition lors du festival du film policier de Beaune 2015, Les Enquêtes du département V : Profanation est un film danois réalisé par Mikkel Norgaard. En salles depuis mercredi, Profanation est la seconde aventure de deux policiers qui décident de réouvrir de vieilles enquêtes classées. Le premier volet, Miséricorde, n'a pas bénéficié d'une sortie en salle mais est disponible sur les plateformes de VOD. AlloCiné a pu rencontrer Mikkel Norgaard, jeune réalisateur danois :

    Parlez-nous de la série de romans dont sont adaptés les films "Enquêtes du département V"…

    Les livres sont très populaires au Danemark, notamment depuis une dizaine d’années. Ils sont dans la traditionnelle veine "noire scandinave" (…) dans laquelle s’inscrivaient les livres Millénium. (…) Au cinéma, nous voulions aller vers cet héritage noir mais aussi lui donner une nouvelle couleur. Je voulais moins de réalisme et plus de fiction (…).

    Je crois que le tome 6 est sorti au Danemark. Nous avons les droits pour adapter quatre tomes, et c’est ce que nous comptons faire. Les deux premiers sont faits, et le troisième est en pré-production, et nous allons explorer une nouvelle direction. Quant au quatrième, nous ne savons pas encore.

    On y retrouvera les deux mêmes acteurs dans le rôle des enquêteurs ?

    Nikolaj Lie Kaas et Fares Fares sont la clé du projet. C’est leur présence qui m’a fait m’intéresser au projet. Je sais qu’on a fait des buddy movies avant moi ! (rires), mais je voulais qu’on apprenne à connaitre ces deux personnages qui ont à démêler ces affaires.

    Il y a une réelle alchimie à l’écran entre ces deux acteurs, est-ce quelque chose que vous avez travaillé ?

    Oui, lorsque je fais un casting c’est très important pour moi de trouver une bonne alchimie entre les acteurs et entre eux et moi. (...) J’ai passé six mois à chercher ces deux comédiens. Et quand on s’est retrouvés pour la première fois ensemble, nous avons appris à nous connaître. Nous avons beaucoup discuté, de la vie, des personnages, du film. Le premier film est la découverte d’une amitié. Et avec le second nous nous sommes appuyés sur les relations crées depuis Miséricorde (…).

    Wild Bunch Distribution

    Vos jeunes acteurs ont les scènes les plus dures (violences physiques et morales). Comment les avez-vous mis à l’aise ?

    J’ai beaucoup travaillé avec mon directeur de casting. Nous avons expliqué [à ces jeunes] que nous devions aller très loin pour rendre ces personnages crédibles. J’ai tourné la partie avec les jeunes en premier, dans un vieux château en Allemagne.(…) C’était important pour eux car c’était un peu leur petit film au sein du film. Ils étaient très concentrés (…). Au départ, nous leur avons payé un week-end pour qu’ils soient entre eux et passent du temps ensemble. Je ne pense pas que cette méthode soit nécessaire pour tous les films, mais pour celui-ci cela me semblait important.

    Le personnage féminin, Kimmie, passe par deux mondes : un milieu aisé qu’elle connaît à l’école, puis un déclin qui la conduit à devenir SDF. L’image est très différente selon le monde que vous présentez, comment avez-vous travaillé la photographie de chacun d’eux ?

    Lorsqu’on est à l’époque de l’école, j’ai filmé avec beaucoup de couleurs, de lumière. Je filmais très proches des jeunes, pour que le spectateur voit les choses de leur point de vue, soit avec eux et avec cette violence. Si l’on était plus loin, on jugerait cela mal, mais en étant avec eux, c’est bien. Enfn, on sait que ça n’est pas bien ce qu’ils font mais on se met à leur place. Et de leur point de vue, c’est bien.  Vous voulez faire partie du groupe.

    Et lorsque l’on retrouve Kimmie adulte, mentalement elle n’a presque pas évolué depuis vingt ans. Car ce qui lui est arrivée l’a faite se replier sur elle-même.(…) Et là on retrouve la réalisation classique que nous faisons au Danemark avec beaucoup de steadyshots, de gros plans, des couleurs très brunes, c’est la grande différence entre les deux époques dans le film.

    Ecrire un livre est une chose, réaliser un film en est une autre. Comment choisit-on les coupes à effectuer dans un livre ayant autant de fans ?

    Vous voulez ne pas décevoir ces fans. Donc dans les premiers mois vous vous demandez si vous pouvez couper tel ou tel passage et vous redoutez les réactions… Puis vous constatez que cette méthode ne portera jamais ses fruits. Et il faut alors se focaliser sur ce que vous vous aimez de ce livre. Puis vous adaptez cela et vous en faites votre film. Certains aimeront, d’autres non, mais vous n’y pourrez rien. Vous créez quelque chose d’autre. Si cela déplaît, vous pourrez répondre : "désolé, mais c’est ma version" (…).

    Wild Bunch Distribution

    Je trouve la violence de "Département V" représentée de façon brutale et réaliste. C’était un choix esthétique de votre part ?

    Oui. Je vais être honnête avec vous, je n’aime pas tant que ça la violence au cinéma. Dans Miséricorde, elle était assez subtile, mais dans Profanation, je savais que je devais être brutal car les personnages l’étaient. Le sexe l’était, la violence aussi, et ces personnages sont tous guidés par leurs passions.(…) C’est là que j’ai réalisé que je devais moi aussi être passionné. Je ne pouvais pas dire : "je vais devoir sortir pendant que vous tournez la scène". Non, je devais voir la violence à travers leurs yeux. La scène du ballon de basket est justifiée car elle montre pourquoi ces jeunes deviennent ce qu’ils deviennent, car tout part de cette scène.

    Que peut-on attendre du troisième livre pour les personnages des deux policiers ?

    Le troisième livre est vraiment excellent. La relation entre Carl et Assad devient encore plus forte, le problème de la foi se pose, et c’est très intéressant. Et il faut entendre "foi" dans le sens religieux mais aussi dans le sens de croyance et d’espoir. Nous explorerons leur approche différente de la vie.

    La bande-annonce des "Enquêtes du Départment V : Profanation", actuellement en salles :

    Propos recueillis par Corentin Palanchini à Beaune le 28 mars.

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