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    Alex Dimitriades (The Principal) : "Oui, c'était un risque de quitter Hartley à l'époque"

    "The Principal", la série australienne avec Alex Dimitriades, le fameux Nick Poulos d'"Hartley", est désormais disponible sur Netflix. Lors du Festival Séries Mania 2015, il était justement venu la présenter en avant-première mondiale. Rencontre !

    Gannon Television / Tony Mott / SBS

    Une bande d'ados rebelles, parfois violents, aux cheveux longs et gras, aux chemises grunges qui évoluaient dans un lycée moche et décrépi ? Ca vous rappelle forcément des souvenirs ! On était dans les années 90 et Hartley coeurs à vif offrait la vision de l'adolescence qu'on attendait sans le savoir mais aussi le portrait d'une société fracturée, cosmopolite et bien loin d'être lisse. A l'époque, le héros de la série s'appelait Nick Poulos et, malgré une seule saison passée dans l'enceinte du lycée Hartley, son visage a marqué toute une génération de spectateurs. Un rôle qui colle, sans surprise, à la peau de son interprète, Alex Dimitriades...

    => Tout le palmarès du Festival Séries Mania

    Mais, quoi qu'on puisse croire, Alex Dimitriades n'a pas disparu des radars. Si le cinéma lui a offert peu d'opportunités (exceptés des rôles dans De plein fouet ou encore Le Vaisseau de l'angoisse), la télé a continué de lui proposer une matière exigeante. Au travers des années, on a ainsi pu le voir dans Young Lions, FarscapeUnderbelly ou encore La Gifle.

    Il a également fait son grand retour dans The Principal, une étonnante minisérie australienne de quatre épisodes, présentée en avant-première mondiale lors du Festival Séries Mania 2015 et disponible sur Netflix, à partir du 1er janvier 2017. Une fiction sur un lycée difficile réservé aux garçons qui fait parfois écho à Hartley, à la différence que, cette fois, c'est lui le Principal ! Rencontre toute particulière avec cet australien d'origine grecque, DJ professionnel et acteur souriant...

    SBS

    Allociné : Avec "The Principal', vous retournez sur les bancs de l'école, mais cette fois dans la fonction de Principal. Qu'est-ce qui vous a vraiment décidé à rejoindre ce projet ?

    Alex Dimitriades : Il y avait vraiment des éléments très forts dans cette histoire. La série touche le genre criminel puisqu'un garçon est tué dès le début. Mais, elle aborde aussi d’autres thématiques fortes notamment par le biais des lycéens et des personnages qui les entourent. C’est une série forte, à plusieurs niveaux et qui va au-delà de certains clichés, notamment sur des minorités qui ne sont pas toujours visibles. Ça m’a plu et je trouve que c’est important. Pour moi mais aussi pour d’autres. J’imagine que cette série va engager la conversation, créer un débat. C’est toujours bien de mettre au défi les gens. Oui, pour moi c'est un challenge en tant qu'individu mais aussi en tant que nation, que société, en tant que communauté.

    En Australie et ailleurs, il y a trop de stéréotypes sur les minorités"C'est vrai qu'elle aborde des questions essentielles sur les sociétés cosmopolites dans lesquelles nous vivons. Exactement, [ce sont des questions qui touchent] le monde entier. Ces thèmes dont la série traite sont universels. Les garçons de cet âge ont toujours le don de s'attirer des problèmes. Ils ne savent pas qui ils sont, et, donc, ils sont en recherche d’identité. Ils n’ont pas forcément toujours eu de modèles positifs. Ce principal est là pour leur donner de l’espoir, pour tenter de leur donner confiance en eux et en leur communauté.

    Lorsque "The Principal" sera diffusée à l'international, elle permettra d'offrir un regard sur la société australienne. C'est aussi la fiction qui permet de comprendre comment un pays fonctionne, de voir toutes les communautés qui le composent et de comprendre les problèmes que ces dernières rencontrent...

    Oui, l’Australie est une société multiculturelle. Et il y a des clichés et des stéréotypes très fréquents sur les minorités. Certains sont tout de suite mis dans une certaine catégorie avant même d’avoir dit ou fait quoi que ce soit. Avant même qu'on ne les connaisse. Cette minisérie permet en quelque sorte de se débarrasser de certains clichés en plaçant l'histoire dans ce contexte-là. On découvre qui sont ces personnages, ce qu’ils expérimentent et on compatit avec leurs problèmes.

    Les téléspectateurs français ont vraiment compris Hartley"
    Gannon Television

    Il y a 20 ans, "Hartley" était également très en avance sur son temps. Elle traitait aussi de ces questions, du racisme, des différences et des manières de vivre ensemble. 

    Je suis content que les gens en France aient compris ça (rires). En Australie, la série était très populaire mais elle attirait un autre public qui n’avait jusqu’alors pas vraiment de teen show sur lesquels se projeter, à part Summer Bay et Les Voisins. Des conneries quoi (rires). Des soaps qui présentaient une sorte d'idéal mais pas la vraie vie. Parfois, Hartley était placée dans la même catégorie alors que, non, elle n’y appartenait pas. Elle avait plus de profondeur, plus de fond. Elle était plus audacieuse dans les personnages qu’elle présentait. Et les français ont vraiment saisi ça.

    Oui, cela n'avait rien à voir avec la vie qu'on nous présentait dans "Beverly Hills". "Hartley", c'était vraiment une série rebelle. 

    Complètement. Ça commençait dès la chanson qu'on entendait dans le générique. Avoir une chanson comme celle-ci pour une série adolescente qui passait en prime-time en 1994, c'était rare. Maintenant, c’est probablement normal mais, il y a 20 ans, c’était une autre histoire.

    Oui, c'était un risque de quitter Hartley"

    Et aujourd'hui, il est presque tout aussi normal de voir un personnage principal mourir dès la première saison, comme l'a fait par exemple "Game of Thrones". Mais, à l'époque, c'était rare. Vous vous rendez compte à quel point la mort de Nick a été un choc pour le public ? On n'a toujours pas oublié !

    Désolé la France ! (rires) Mais je suis toujours là, j’aime être ici (rires). Je ne sais pas quoi dire car, pour moi, il était temps de changer, d’avancer, de saisir de nouvelles chances dans ma vie plutôt que de jouer un personnage d'adolescent pour l'éternité. Il fallait que je fasse des choses différentes sinon j'aurai stagné.

    Souvenez-vous, le générique...

    C'était un risque de faire ce choix ?

    Totalement. Mais, je n'ai pas envisagé les risques, j'ai juste suivi ce que me disait mon coeur. A l'intérieur de moi, j'entendais : "Il faut que tu fasses plus". Je voulais faire des choses différentes, avoir de nouveaux challenges. Pour la plupart de mes camarades d'Hartley, il s'agissait là de leur première expérience mais moi, j'avais déjà fait le film The Heartbreak Kid deux ans auparavant, des tournées, des avant-premières, de la promotion... Et je jouais déjà Nick, je faisais le même personnage puisque la série était dans la continuation du film. Donc, bon, c'était bien assez (rires). Il fallait que je sorte de là.

    Des années plus tard, vous avez tenté votre chance aux Etats-Unis. Est-ce que cette expérience vous a apporté quelque chose, est-ce que vous deviez le faire ?

    Les deux. Je devais le faire et ça m'a effectivement apporté quelque chose de nouveau. Je suppose que ça m'a fait sortir de ma zone de confort. Et aux Etats-Unis, j'ai trouvé l'anonymat (rires). Tout à coup, je pouvais marcher dans la rue sans être reconnu (rires). C'était il y a plus de 10 ans, j'étais aussi plus jeune. J'ai passé de bons moments. J'étais aussi là-bas pour faire avancer ma carrière, pour m'ouvrir de nouvelles options sur le marché américain et ne pas juste me cantonner à l'Australie. Cela m'a offert des horizons plus internationaux. Ce qui avait déjà commencé avec De plein fouet. Nous étions allés au Festival de Cannes puis j'ai emménagé aux Etats-Unis. J'y retourne d'ailleurs la semaine prochaine, simplement pour rencontrer des directeurs de casting (cette interview a été réalisée en avril 2015).

    Gannon Television
    Où est ton portable, Costa !"Le fait que Salvatore Coco, qui jouait Costa dans "Hartley" joue aussi dans "The Principal" - le rôle du boucher du coin - c'est un hasard ou c'est bel et bien fait exprès ?C'était intentionnel. Ils étaient très conscients de ce que cela signifiait que de me mettre dans la position du Principal d'un lycée, là même où j'ai commencé ma carrière à jouer les élèves. C'est une manière de repenser la relation que Nick avait avec Costa dans Harley car dans The Principal, Matt et Frank, le boucher, étaient ensemble à l'école. C'est une jolie touche de nostalgie. Mais seulement pour les gens qui regardaient Hartley, les autres n'y verront rien. Mais, les fans d'Hartley crieront de joie (rires). "Où est ton portable mec ?"

    Et à l'époque, c'était encore les bons gros portables !

    Je crois qu'il avait déjà un téléphone à clapet (rires). C'est marrant... Parce qu'à l'époque, c'était révolutionnaire ! Un lycéen avec un portable ? "Quoi ??? N'importe quoi !" Maintenant ? C'est tout à fait normal ! Des gamins de 10 ans en ont, même des plus jeunes...

    "The Principal" se déroule dans un lycée de garçons mais c'est aussi une série écrite par deux femmes. Est-ce que cela se sent selon vous ?

    Hommes ou femmes, certains auteurs arrivent à écrire pour une multitude de personnages différents, ils touchent juste à chaque fois. Par exemple, Christos Tsiolkas qui a écrit The Slap et Loaded, dont le film De plein fouet est l'adaptation, est parvenu à écrire et cerner parfaitement une jeune fille de 17 ans. Il a réussi à percer tout le monde. Tout le monde ! C'est incroyable comme il a vu juste. C'est ça être un auteur de talent.

    Quand Alex Dimitriades donne la gifle qui change tout

    ATTENTION SPOILERS !!!

    Dans "The Principal", il y a un mystère entourant Matt. Mais il y a aussi d'autres évènements qui marquent les esprits. Il se passe d'ailleurs quelque chose de très surprenant à la fin du second épisode... Alors qu'on pensait spoiler: qu'il allait probablement entamer une histoire avec la policière, voilà que Matt rejoint un homme dans les toilettes du restaurant ! C’était aussi une surprise pour vous ?

    C’était le premier jour de tournage (rires). Quelle manière de commencer, n’est-ce pas (rires) !

    Sur ce sujet, "The Principal" va de nouveau à l'encontre des clichés qu'on a l'habitude de rencontrer sur l'homosexualité. A aucun moment on ne se pose la question de savoir si Matt est hétéréo ou pas, comme si cela était évident qu'il ne pouvait être qu'hétéro. C'est très bien mené...

    La question de la masculinité ou la question de ce que cela signifie d’être un homme en Australie est un autre sujet qu’aborde la série. On explore aussi la raison et les peurs pour lesquelles il cache, en quelque sorte, son homosexualité. Certains garçons au lycée ont peur d’être eux-mêmes et pensent qu’ils doivent rentrer dans un certain moule sinon ils seront blessés. Cela soulève aussi le problème du harcèlement dans notre société, tout spécialement à l’adolescence...

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