Mon compte
    Intouchables, raciste ? Fight Club, fasciste ? les grandes batailles de la critique

    "Intouchables", un film "raciste" ? "Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain", "populiste" ? Les Critiques sont-ils des "assassins" ? Petit tour d'horizon des plus grandes querelles autour de la critique de cinéma, de la Nouvelle Vague à aujourd'hui.

    Collection Christophe L.
    "Ce que Kusturica a mis en musique et en images, c'est le discours même que tiennent les assassins" (Alain Finkielkraut)

    1995. Suite au succès critique du film Underground, version polémique de l'histoire de l'ex-Yougoslavie réalisée par Emir Kusturica, le philosophe et essayiste français Alain Finkielkraut publie dans le journal Le Monde une tribune intitulée "L’imposture Kusturica", dans lequel il affirme :

    "Ce que Kusturica a mis en musique et en images, c'est le discours même que tiennent les assassins pour convaincre et pour se convaincre qu'ils sont en état de légitime défense car ils ont affaire à un ennemi tout-puissant. [...] Il a porté aux nues la version rock, postmoderne, décoiffante, branchée, américanisée, et tournée à Belgrade, de la propagande serbe la plus radoteuse et la plus mensongère. Le diable lui-même n'aurait pu concevoir un aussi cruel outrage à la Bosnie ni un épilogue aussi grotesque à la frivolité et à l'incompétence occidentales."

    Dans Le Point, Bernard Henri-Levy soutient Finkielkraut, tout en admettant ne pas avoir vu le film. Puis, c’est au tour de Kusturica de répondre au Monde :

    "Je ne comprends toujours pas que Le Monde ait publié le texte d'un individu qui n'avait pas vu mon film, sans que personne ait cru bon de le signaler. S'il y a eu une volonté délibérée de me détruire par l'insinuation, l'amalgame et le colportage des rumeurs qui courent à mon sujet, je me propose d'aider vos lecteurs à forger un document beaucoup plus efficace, et surtout fondé sur une connaissance du ” terrain ”, telle que seul un cinéaste qui a vécu l'essentiel de sa vie dans un régime communiste où délation et manipulation étaient devenues un art en soi peut l'acquérir."

    Finkielkraut est alors contraint d’admettre sur les pages de Libération qu’il n’avait pas non plus regardé le film, fait qu’il s’efforçait de minimiser : "Il n'était pas nécessaire, autrefois, d'avoir vu "Le Don paisible" ou "Le Triomphe de la volonté" pour savoir qu'on n'avait pas affaire à des œuvres respectivement antisoviétiques et antinazies." Il sera tout de même allé voir le film, qu’il qualifie ensuite de "propagande onirique", pour conclure que Kusturica "convertit la boue en or et un chapelet de manipulation grossière en gerbe de paradoxes éblouissants". Le cinéaste ne présente pas de réponse.

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Commentaires
    Back to Top