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    Les Étoiles Restantes : "C'est une génération à qui on a beaucoup dit que ça allait être compliqué" selon Loïc Paillard

    Le premier long métrage de Loïc Paillard, "Les Étoiles Restantes", est actuellement dans les salles. Rencontre avec le réalisateur, qui signe un feel good movie à la française.

    Filmarium production

    "Il y a quelque chose qu'on m'a pas dit, pourquoi je galère tout le temps ? C'est quoi ce bordel ?" Alexandre, 30 ans, est un peu paumé. Chômeur, largué, il doit en plus faire face à la maladie de son père, qui renonce à se soigner. Bref, rien ne va. Jusqu'à l'arrivée de Manon. Un brin fantaisiste, fondamentalement optimiste, la jeune fille va quelque peu bouleverser la vie mal rangée d'Alexandre. 

    Voilà, en quelques mots, le pitch du premier long métrage de Loïc Paillard, intitulé Les Étoiles Restantes.  Porté par Benoît Chauvin et Camille Claris, le film brosse le portrait d'une génération. Comédie douce-amère, Les Étoiles Restantes n'est pas toujours joyeux, pourtant, Loïc Paillard préfère se détourner du drame pour s'amuser avec des ressorts comiques et distiller, çà et là, juste ce qu'il faut de poésie pour nous embarquer dans son univers. Le public du Champs-Elysées Film Festival, qui lui a décerné son prix, ne s'y est pas trompé. Rencontre avec un jeune réalisateur à suivre.

    AlloCiné : Avant d’être réalisateur vous êtes chef opérateur. Quand l’idée de réaliser votre premier film est-elle devenue une évidence ?

    Loïc Paillard : Je crois que c’est le jour où j’ai vu Donoma. L’image et le son étaient vraiment sales, mais les comédiens étaient tellement bons que je suis complètement rentré dans le film. Je suis sorti du cinéma, et je me suis dit qu’un film, c’était avant tout des bons acteurs et un bon scénario. Une belle image, c’est bien, mais ça ne fait pas un film.

    Ce qui me semble primordial, c’est la confiance, pour essayer des choses quitte à prendre le risque de rater. A chaque scène, une fois qu’on avait ce qu’on voulait, on essayait d’autres choses, au cas où. Des fois c’était nul, et parfois, beaucoup mieux ! Seulement, si le comédien n’est pas en confiance, il n’osera pas se tromper.

    Pourtant je crois savoir que vous n’aimez pas beaucoup les comédiens. Qu’ils vous auraient même détournés de vos envies de mise en scène. Est-ce vrai ? 

    Vrai et faux. Quand j’ai commencé à m’intéresser au cinéma, je suis allé faire renfort machino sur le tournage d’un court métrage. Je rêvais d’être réalisateur, seulement les comédiens sur ce tournage étaient tellement prétentieux que je me suis rabattu sur le métier de chef opérateur parce qu’avec les techniciens, on se marrait beaucoup plus ! Je me suis dit que c’était parfait pour moi. Le chef opérateur a une part artistique importante dans un film sans devoir se coltiner des comédiens relous.

    Plus tard, arrivé à Paris, j’ai travaillé sur des courts et j’ai compris que j’étais très mal tombé la première fois. Les comédiens sont des gens presque normaux finalement !

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    A l’instar de Benoit Chauvin et Camille Claris. Comment se fait-il que personne avant vous ne leur ait offert un premier rôle ? Ou les avez-vous rencontrés ? 

    Je cherchais un comédien pour mon dernier court métrage Et on mangera des fleurs (pieds nus sur des orties). Un soir, je me retrouve à boire l’apéro chez le marchand de thé en bas de chez moi (c’est un marchand de thé très jovial). Benoît était là, on a fait connaissance et j’ai eu un coup de foudre. Il a cette faculté de vous dire un poème de Victor Hugo ou une fable de La Fontaine en ayant l’impression qu’il vous parle de sa journée de boulot ou du dernier film qu’il a vu.

    Camille, je l’ai vu dans Macadam Baby de Patrick Bossard. J’ai adoré sa voix, et son jeu évidemment. Ce qui est drôle, c’est qu’à la base, je pensais à une autre comédienne pour le rôle de Manon et Camille devait passer le casting de la vendeuse de nuages. Seulement la veille, la comédienne qui devait jouer Manon passait le casting et nous ne nous sommes pas compris sur le personnage. J’ai donc proposé à Camille de faire un essai pour Manon en plus de la vendeuse de nuages, et j’ai bien fait ! Elle a joué une scène, il y a eu un long silence après. C’était évident que Manon c’était elle.

    Vous qui craigniez les acteurs justement, comment avez-vous travaillé avec eux ? Que signifie diriger un acteur ?

    Heureusement, ça fait un moment que je les crains plus. Je dirais même qu’ils sont ce que je préfère dans le cinéma ! Diriger pour moi ça veut dire faire en sorte que tout le monde regarde dans la même direction, mais que chacun y aille à sa façon, parce que c’est pour cette raison qu’ils ont été choisis. Enfin c’est comme ça que je choisis mes acteurs, pour ce qu’ils sont dans la vraie vie, et donc ce qu’ils apportent aux personnages.

    Je crois savoir que votre film est en partie inspiré de votre vie. Cherchiez-vous un alter ego en la personne de Benoit ?

    Avec un peu de recul, complètement ! Benoît c’est un peu mon moi romancé. (Ne lui dites pas ça, il va plus en pouvoir !). Il a un côté littéraire que j’aime beaucoup, on dirait qu’il est tout droit sorti d’un roman. Mais sous ses airs de petit ange, c’est un vrai punk !

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    Votre héros est au chômage, son père est en fin de vie, sa femme l’a quitté… Vous aviez la possibilité d’en faire un drame plombant ou un feel good movie. Qu’est-ce qui a conduit votre choix vers la deuxième option ?

    Ce film représente ma façon de voir la vie. Je suis très optimiste, et même si la vie nous réserve parfois des sales coups, c’est qu’il y a quelque chose derrière, qu’il nous fallait vivre ça pour avancer. C’était donc important pour moi de ne pas rester que dans le drame.

    C’est une génération à qui on a beaucoup dit que ça allait être compliqué

    On dit beaucoup de votre film qu’il est générationnel. Alors que dit-il de notre génération ?

    Il dit que c’est une génération à qui on a beaucoup dit que ça allait être compliqué. De trouver du travail, de trouver une stabilité, de rester en couple… Puis il dit que quitte à galérer, autant prendre le temps de choisir une vie qui va nous épanouir le plus possible.

    C’est amusant, dans votre film, les hommes boitent, tandis que les femmes servent de béquilles. Elles réparent les gens, elles vendent des nuages… C’est ainsi que vous voyez les femmes de notre génération ? D’où vous vient cet imaginaire poétique que vous prêtez à la gent féminine ?

    Je ne sais pas si je décris la femme de ma génération. Je décris celle que je ne trouve pas... J’ai grandi avec un modèle féminin puissant, ma mère. Elle m’a élevé pratiquement toute seule, et je l’ai vu se battre pour qu’on ne manque de rien, malgré les coups durs.

    Alors je pense que je décris un peu cette femme-là, la femme puissante qui comblera tout. J’aime bien penser "celle qui me fera oublier le cinéma" alors que c’est tout ce que je sais faire. Voilà, je glisse ça comme ça, s’il y en a une qui se reconnaît, contactez-moi en MP [Rires].

    Le colocataire d’Alexandre, Loris, travaille sur une "Méthode universelle pour réussir sa vie" : auriez-vous quelques conseils à nous prodiguer ?

    La première étape c’est d’aller voir Les Étoiles Restantes ! [Rires]. Plus sérieusement, la méthode, c’est qu’il n’y en a pas et que c’est justement ça qui est formidable ! "La vie se vit", c’est presque Sartre qui a écrit ça ! En beaucoup plus compliqué et en pas tout à fait ça.

    La bande-annonce des Etoiles Restantes 

     

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