"On est juste au début d'une remise en cause d'un fonctionnement qui macère dans le déni depuis une éternité. Les actrices sont singulièrement fragilisées par l'abus.", répondait Isabelle Adjani au quotidien Libération en novembre 2017. Pour la comédienne, l’omerta règne aussi dans le cinéma français sur les questions de harcèlement sexuel.
Il faut reconnaitre qu’à l’exception de certaines enquêtes comme celle menée par Mediapart sur le réalisateur Luc Besson, le phénomène #MeToo ou #BalanceTonPorc n’a pas eu le même retentissement de ce côté de l’Atlantique qu’aux Etats-Unis où de nombreuses têtes sont tombées. Selon Isabelle Adjani, malgré une légère amélioration, des progrès restent à faire.
Harcèlement : Woody Allen déclare soutenir le mouvement #MeTooElle exprime d’ailleurs son incompréhension face à la réaction de Catherine Deneuve, qui s’est illustrée comme l’une des cent cosignataires féminines d’une tribune dans le quotidien Le Monde datée du 9 janvier 2018. Elle y côtoyait d’autres noms célèbres comme Elisabeth Lévy ou Brigitte Lahaie. Elles y défendaient "une liberté d'importuner" qui découlerait naturellement d’ "une liberté de dire non à une proposition sexuelle". Une attitude qu’Isabelle Adjani a tenu à condamner en entretien avec Les Inrockuptibles :
"Comment ces femmes ont-elles pu oublier la situation de ces autres femmes, et je ne parle pas que des actrices, loin de là, mais de toutes celles victimes d'abus sexuels, de violences conjugales, et qui commençaient à s'y retrouver pour aller se défendre. Comment peut-on prendre le risque d'anéantir ça? Et au nom de quoi? D'une histoire culturelle du libertinage… Comme si c'était ça qui était en jeu."
La déferlante #MeToo continue donc de diviser en France, y compris dans la profession à la source du phénomène.
