Mon compte
    Mr Robot sur France 2 : faut-il regarder la saison 3 ?

    Alors que France 2 cherche à reproduire une forme de sidération en diffusant dix épisodes en deux soirs (mais tard), on fait le point sur la saison trois de Mr Robot, après une deuxième décevante.

    Michael Parmelee/USA Network

    La plus grande en saison 1, paria en seconde. Voilà la trajectoire de Mr Robot, qui ressemble à celle de beaucoup de séries, peinant à confirmer un premier succès fulgurant. Une existence compliquée à gérer pour Sam Esmail, son créateur et showrunner qui jouait un peu quitte ou double avec la troisième : confirmer le coup de mou en panne d’inspiration générale ; reprendre du poil de la bête et réconcilier public comme critique avec la série. La réponse se situe entre les deux.

    La révolution pour les nuls

    Il y a quelque chose d’irritant à voir la série creuser sa lecture un peu naïve des mouvements anarcho-alter-mondialistes d’un côté et les conspirations du grand capital de l’autre. Plus humble quand il s’agissait de traiter d’un petit groupe d’idéalistes, capable de renverser un goliath économique ; beaucoup moins subtil quand toutes les conspirations de boudoir prennent des allures de théâtres grotesques. C’est une chose de pointer le danger des mouvements économiques organisés par d’immenses conglomérats capable de paralyser un pays, c’en est une autre de les grimer en boogeyman de la finance jouant une partie de Risk grandeur nature.

    Quand elle s’intéresse aux gens ou à la situation d’une ville sous tension et couvre-feu, Sam Esmail se montre plus inspiré. Quand la série se délivre de son sujet et s’autorise quelques errances ou ponctuations, elle s’aère, respire, retrouve ce qui en faisait son intérêt premier : l’individu dans une société violente, qui pousse à la dépersonnalisation. Si la série célèbre les anonymes, c’est plus convaincant quand il s’agit d’un groupe de révolutionnaires 2.0 dans une vieille salle d’arcade que des costards cravates qui refont le monde un cigare à la main en parlant par métaphores.

    Michael Parmelee/USA Network

    Ange ou démon

    Après le tour de passe-passe de la saison deux qui a fait grincer quelques dents, Sam Esmail devait renouer le public avec Elliot (Rami Malek). Si la fiabilité de sa narration est mise en défaut depuis la première saison, les fausses pistes qui s’étalent sur plusieurs épisodes avant de feindre la surprise sur le mode « on vous a bien eu » avait de quoi crisper quelques mâchoires. Cette saison replace Elliot au centre de l’échiquier et fait de l’antagonisme avec Mr Robot un réel enjeu dramatique. C’est là que la série exploite le mieux ses forces, dans cette façon de faire d’un combat de personnalités, une lutte d’idéaux.

    La série gagne à jouer sur l’ambivalence du personnage, à faire de ses discussions intérieures les éléments moteurs du récit. Les plus belles scènes reposent généralement sur leurs échanges. Leurs conflits posent de bien meilleures réflexions sur l’état du monde, l’origine de ses maux et les solutions pour y mettre un terme ou les atténuer. Malheureusement, Elliot comme Mr Robot sont désormais les rouages d’un mécanisme qui les dépasse et la série ne peut se défaire des lourds événements passés.

    Michael Parmelee/USA Network

    Une série plus si grande

    Si la deuxième saison affichait le spleen des lendemains de fête, la troisième tente néanmoins de remettre la série sur ses rails. Elle y parvient par intermittence, des moments qui viennent rappeler pourquoi on a autant aimé Mr Robot. C’est donc de façon un peu résigné et passif que l’on observe d’obscures jeux de pouvoir, que Sam Esmail tentent d’alléger en empruntant le style des frères Coen (pour un résultat mitigé). Et bien plus enthousiaste quand il s’agit de s’attarder sur ces quelques personnages endommagés, aux allures de grands sacrifiés. Elliot bien sûr mais également Darlene, Angela et l’agent du FBI Dominique DiPierro (formidable Grace Gummer) ajoutent de l’émotion à un ensemble un peu froid et désincarné.

    Sam Esmail était face à un immense défi et il s’en sort peut-être de la meilleure des façons. Mr Robot ne sera probablement jamais aussi grande que sa première saison. Le mal est fait et il faut bien faire avec. Mais avec ces dix épisodes, elle retrouve de sa superbe et donne aux spectateurs de quoi être excité à nouveau. La quatrième et prochaine saison sera la dernière, de quoi se mettre dans les meilleures dispositions pour conclure la série.

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top