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    True Detective : que vaut la saison 3 avec Mahershala Ali ?
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    La série "True Detective" revient enfin après 4 ans d'absence et une saison 2 qui avait divisé. Alors que la série arrive le 13 janvier sur HBO, que nous ont réservé David Milch, Graham Gordy et Nic Pizzolatto pour cette 3e aventure policière ?

    HBO

    De quoi ça parle ?

    Deux enfants disparaissent dans les Ozarks (Arkansas) en 1980. Deux détectives sont chargés de l'enquête. Dix ans plus tard, un nouvel élément apparaît qui vient redistribuer les cartes. En 2015, l'enquêteur principal est interviewé sur l'affaire d'Ozarks. Trois temporalités, trois façons d'éclairer un même mystère...

    À quoi ça ressemble ?

    C'est avec qui ?

    Créée par Nic Pizzolatto. Avec Mahershala Ali (Luke Cage, Moonlight, Green Book), Stephen Dorff (Somewhere, Public Enemies), Deborah Ayorinde, Mamie Gummer, Scoot McNairy.

    Elle est diffusée dès le dimanche 13 janvier sur HBO et dès le 14 janvier sur OCS City génération HBO en US+24 ; 8 épisodes de 55 minutes.

    Ça vaut le coup d'oeil ?

    Dire que la saison 3 de True Detective était attendue est un euphémisme. Il aura fallu quatre ans et du renfort à l'écriture pour que les huit épisodes soient bouclés. Du reste, la saison 2 avait déçue, récoltant 63% sur Rotten Tomatoes (contre 87% en saison 1) et 61 sur Metacritic (contre 87 également en saison 1). Cette déception passée et les problèmes d'écriture de la saison 3 réglés, 5 nouveaux épisodes étaient disponibles pour la presse, permettant de juger ce que vaut cette nouvelle itération de l'univers de Nic Pizzolatto ?

    Le premier choix de la saison 3 est de revenir aux bases de la série : deux détectives sur un cas d'apparence simple mais en fait compliqué, des échanges de points de vue des personnages sur la vie en général et l'enquête en particulier. A ce titre, les nouveaux héros sont aussi peu engageants que lors de la première saison avec Matthew McConaughey et Woody Harrelson. Roland (Stephen Dorff) peut se montrer violent et n'hésite pas s'il faut "secouer" un peu un témoin, et Wayne (Mahershala Ali) n'est pas contre la méthode, et on se rend compte que ces personnages ne sont pas vraiment des saints.

    L'autre bon point est de choisir une enquête qui commence banalement mais devient très vite tortueuse et, au fil des épisodes, un jeu de pistes dont les éléments vont être découverts au compte-goutte par les héros. L'idée est aussi de montrer la minutie nécessaire à la résolution juste d'une affaire aussi mystérieuse. L'enquête présente la disparition de deux enfants et cache quelque chose de plus étrange, comme révélé à la fin du premier épisode (que nous ne spoilerons pas ici). Par ailleurs, une partie de l'intrigue serait inspirée des West Memphis Three, les meurtriers de trois garçons lors d'un rituel satanique en 1993.

    Chaque épisode est construit sur une triple temporalité : en 1980, 1990 et 2015. La première est la date de l'enquête d'origine, la seconde de la réouverture de l'affaire suite à la découverte d'un élément nouveau et la dernière alors que Wayne est devenu un vieil homme perdant peu à peu la mémoire et dont on décèle rapidement qu'il a eu une vie douloureuse. Mahershala Ali apparaît donc vieilli et il faut souligner la qualité du maquillage, qui pourrait laisser penser à l'usage éventuel d'effets spéciaux sur le visage du comédien. Il semble pourtant qu'il n'en soit rien. La nouvelle saison propose toujours la triple temporalité (déjà présente en saison 1 mais oubliée en saison 2) et on ne s'y perd jamais.

    La raison tient à une écriture bien plus solide qu'à la saison dernière, dont l'intrigue inutilement complexe était parasitée par des personnages principaux sans reliefs. Cette année, Pizzolatto s'allie à David Milch (Deadwood) pour le brillant épisode 4 et à Graham Gordy (auteur de Quarry et natif de l'Arkansas) pour l'épisode 6 et signe le reste des épisodes seuls. Tout en retrouvant sa patte narrative, le créateur a limité la réalisation des épisodes à trois personnes (Jeremy SaulnierDaniel Sackheim et lui-même, pour l'épisode 4). Cela permet à la série d'avoir une meilleure continuité stylistique, là où les six metteurs en scène de la saison précédente avaient un peu perdu l'esthétique en chemin. Cette fois, l'ambiance poisseuse et les voix typiques du sud rural des États-Unis sont de retour et le spectateur replonge avec plaisir dans cet univers familier.

    Si l'on peut faire un reproche à cette saison 3, ce sont peut-être les révélations un peu tardives sur l'évolution de l'enquête, mais cela est compensé par les rapports complexes entre les deux policiers, explorés différemment sur chacune des trois temporalités. En bref, cette nouvelle aventure des True Detective devrait mettre d'accord les fans de la première saison, les déçus de la deuxième et les amateurs de polars solides et de personnages travaillés.

     

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